Trois mois de grève : SOS, sauvez l’année scolaire 2013-2014 !

Après trois mois de grève, le gouvernement et les acteurs sociaux n’ont pu trouver un accord. La grève se poursuit avec l’école paralysée dans le secteur public. Le spectre de l’année blanche est là. Et tout réaménagement du calendrier scolaire ne sera pas sans préjudice sur les apprenants. 

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Pourtant, c’est l’ultime solution à laquelle il faudra recourir le plus tôt possible pour sauver ce  qui peut encore l’être. Ici, les regards sont plus tournés vers les enseignants que vers le gouvernement. 07 janvier -07 avril. Cela fait, depuis soixante-douze heures, trois mois que le Bénin vit la crise sociale. Une crise marquée par des grèves perlées dans certains secteurs de l’administration publique et dans le secteur éducatif. Les portes de l’école sont fermées du Primaire au Supérieur en passant par le Secondaire général. Seulement, dans les universités publiques,  ce mardi l’Intersyndicale des enseignants a levé sa motion de grève illimitée. La fronde est menée par les principales organisations syndicales du pays que sont la Cstb, la Csa-Bénin, la Cgtb, la Cosi-Bénin, la Cespib, la Fésyntra-Finances et le Front d’action des syndicats des trois ordres de l’enseignement. Les travailleurs défendent une plateforme de plusieurs revendications, avec à l’origine la répression sanglante de la marche pacifique des centrales syndicales du 27 décembre 2013.

Globalement satisfaits

Les syndicats grévistes réclament entre autres la préservation des libertés publiques et syndicales (la liberté de marche), le limogeage du préfet de l’Atlantique-Littoral, Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou, l’annulation du concours frauduleux  de recrutement au profit du ministère de l’Economie et des Finances, le relèvement du Smig à soixante mille  (60.000) CFA, la rétrocession des défalcations opérées sur salaires pour fait de grève en 2012 et 2014 et l’élargissement aux enseignants de la mesure de relèvement de 1,5 du point indiciaire de tous les agents de l’Etat. Après quelques semaines de dilatoire et de défiance, le gouvernement est revenu à de meilleurs sentiments. Même s’ils n’ont pas donné aux syndicats la tête d’Azandé et Agossadou (l’une des principales revendications), Boni Yayi et les siens ont satisfait la majorité des revendications. Le concours frauduleux a été annulé, les défalcations rétrocédées, le Smig relevé à 40 000 (pas encore en vigueur), l’arrêté préfectoral portant interdiction des marches levé. En dehors des cas Azandé et Agossa, a priori perdus d’avance, le seul point véritablement non satisfait concerne le relèvement de 1,5 du point indiciaire. Les deux parties restent campées sur leur position. Le gouvernement voit cela comme une nouvelle revendication, à étudier minutieusement avant toute prise de décision. Les syndicats veulent que le gouvernement s’engage, même si cela implique la mise en application de la mesure sur plusieurs années. Sur ces nombreuses revendications, dont la majorité satisfaite, une seule explique aujourd’hui la poursuite de la grève.

Les enfants sont à la maison !

Le mois dernier, le patronat, avec à sa tête Sébastien Ajavon, a demandé aux syndicats grévistes de suspendre leur motion en accordant au gouvernement un moratoire. Le 06 avril, le président de la Conférence épiscopale du Bénin, Mgr Antoine Ganyé leur a demandé pardon. Entre ces deux événements, une partie du bureau du Front d’actions des syndicats des trois ordres de l’enseignement a suspendu la motion dudit Front, appelant à la reprise des cours. Mal en a pris à Lucien Glèlè Langanfin, l’un des porte-parole  du Front. Son appel a été boycotté. Ceux de Mgr Ganyé et Sebastien Ajavon n’ont visiblement pas été entendus. Les portes de l’école sont toujours fermées.

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On n’osera pas dire que les syndicats grévistes sont de mauvaise foi. Ils ont pleinement le droit de lutter jusqu’au bout pour la satisfaction de leurs revendications légitimes. Mais trois mois de grève sans discontinuer, dans un secteur aussi sensible que l’éducation ne va pas rester sans traces. Et il est temps de mettre fin à cette grève au nom de l’intérêt de l’éducation béninoise et du droit des enfants à l’éducation. Tout ce que l’on demande aux enseignants, c’est ce geste patriotique. Accepter de sacrifier leurs intérêts pour le bonheur de leurs enfants oisifs,  inquiets et déboussolés. D’ailleurs les vrais problèmes de l’école béninoise sont ailleurs. Ils ne résident pas dans les seules revendications d’ordre corporatistes des enseignants. Avec le manque inquiétant de professeurs certifiés et qualifiés de français, de mathématiques, il y a des combats encore plus justes à mener.  

Double préjudice

Depuis trois mois, nous avons au Bénin une école à double vitesse. Les établissements publics sont fermés et ceux du privé ouverts. Dossou, élève en classe de 3ème dans un collège public de Cotonou reste à la maison du mardi au jeudi. Ses camarades et lui sont chassés des classes quand s’y rendent les lundis et vendredis. Pendant ce temps, Hodonou, son congénère d’un collège privé suit normalement les cours, fait ses devoirs, révise et se prépare pour son examen. Le risque d’une année blanche est là. Mais avant qu’on en arrive là, l’une des parties mettra sans doute de l’eau dans son vin. La grève va prendre fin. Le calendrier scolaire sera réaménagé. L’année scolaire prorogée. Avec tout le dommage que cela crée aux parents d’élèves et aux élèves du privé. Bien qu’ayant normalement suivi les cours, ces derniers devront continuer à apprendre pendant environ deux mois supplémentaires. Ne parlons pas des élèves du public qui vont subir les cours à un rythme très accéléré. Tout cela pour quelle qualité de formation ? Dans les conditions normales, des élèves de second cycle écrivent « tuyer » au lieu de « tuer » et disent « Nous sommes marchés », au lieu de « nous avons marché ». Imaginez ce que cela deviendra avec une année scolaire perturbée par trois mois de grève. SOS, sauvez l’année scolaire 2013-2014 !

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