Zik et sagesse : «Suru», Sagbohan appelle à la longanimité et au courage dans l’adversité

Avec son grand retour sur scène ce vendredi 02 mai 2014, alors qu’il se remet à peine du tragique évènement qu’il a vécu,  le talentueux, polyvalent Sagbohan Danialou alias «l’homme-orchestre»  atteste et renforce la leçon de vie stoïcienne qu’il avait donnée, déjà un lustre, dans son morceau «Suru», «longanimité».

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S’il y a des qualités ou aptitudes que les Béninois doivent avoir face aux difficultés, aux injustices qu’ils connaissent quotidiennement et qui se sont exacerbées ces temps-ci avec un pouvoir qui les mène en bateau depuis plus de 08 ans,  ce sont bien, la  «longanimité» et le «courage». Cela, le baobab de la musique béninoise, Sagbohan Danialou le chante si bien. Non seulement il le chante, il l’illustre de fort belle manière en revenant sur scène après le malheureux évènement du 12 décembre 2013, qui a provoqué son hospitalisation, celle de son chargée de communication et la tragique disparition de son fils Djibril pressenti pour lui succéder.

Du «Stoïcisme» chez Sagbohan

Comme Athènes, le Bénin a  aussi ses philosophes. A l’image du philosophe Grecque Zénon qui a enseigné le stoïcisme, une doctrine qui prône la maîtrise de soi face aux épreuves de la vie et l’entraide entre humains, Sagbohan Danialou, l’un des artistes porte-flambeaux de la musique  béninoise convie à la longanimité avec son art. «Ami, mon très cher ami ! Te voici frappé par un drame. Néanmoins, ne te laisse point abattre. Toute chose arrive dans ce bas-monde ». C’est ainsi, dans un ton affecté et consolateur,  qu’usant  de son talent, celui qu’on appelle affectueusement «le Hâgbè national» s’adresse à son auditeur, l’humain, Béninois, Africain et d’ailleurs malheureux ou susceptibles de connaître –on ne le souhaite jamais- des moments d’angoisse. «Il est mieux d’observer attentivement, que de mordre» disait en parabole, la couleuvre – un des rares serpents inoffensifs pour l’homme- reprise par Sagbohan qui argumente sa philosophie de la longanimité.  L’homme, persiste et signe Sagbohan, doit transcender la douleur. Quelle soit physique  ou morale. Car répète-il, «Toute chose se produit ici-bas». Ce qui soulagerait en toute situation affligeante, chante l’artiste n’est pas matériel. Pour lui,  c’est le soutien moral des proches, surtout le réalisme, qui amène à se convaincre de ce que, seule la longanimité -«Suru» en langue locale- permet d’arriver à bout des mauves passes, de traverser les moments difficiles de la vie.

Le consolateur

L’artiste-philosophe, qui nous revient sur scène appelle à la consolation.  «Cher ami affligé, je n’ai point d’or, de billets de banque ou autre présents à t’offrir. Mais, je compatis à ta douleur» dit-il. Il n’y a point de radinerie en ces paroles de l’artiste comme l’aurait pu commenter des attachées à la coutume qui veut qu’on apporte une montagne de présents à l’affligé. Il s’agit de comprendre qu’il ne faut pas prétexter d’un manque de moyens matériels ou financiers pour se soustraire au devoir de témoigner sa compassion à un semblable éprouvé. Sagbohan l’illustre aussi bien par ce concert qu’il donne en guise de remerciement à tous les Béninois, Africains et autres qui lui ont témoigné leur compassion de diverses manières pendant la malheureuse épreuve qui l’a secoué.  Quoiqu’il arrive, conseille le sage artiste, «pas question de se donner la mort, de se laisser abattre indéfiniment». Lui-même le dit, son concert n’est pas pour  faire couler des larmes, mais plutôt pour mettre entre parenthèses le malheureux passé et regarder l’avenir avec sourire et optimisme.

L’optimiste

Le stoïcisme de Sagbohan est couplé d’optimisme. «En toute chose, il faut se fier au destin, à son Dieu, et au bout du rouleau, à la sortie des ténèbres,  il fera beau, bon à vivre ». A cet effet, dans «Suru», il invite les proches à ne point abandonner les personnes en difficulté. «Femme ! N’abandonne pas ton mari parce qu’il a perdu son job.» Ferme et fidèle à sa croyance comme le charismatique «Job» dont parle les Saintes écritures, Sagbohan informe, «le mal arrive à ceux que Dieu aiment.» Comme quoi l’artiste est dans le secret du créateur. Pour s’en convaincre, rendez-vous à Togbin Hâgbè-houta ce vendredi à 16 H précise pour le concert du retour sur scène de l’homme-orchestre à qui «Zik et Sagesse» souhaite bon retour.

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