Affaire suspension d’une émission pro-Gbagbo : la grosse boulette du ministre Djènontin

« Il vaut mieux se taire et se faire passer pour un c…Plutôt que de l’ouvrir pour confirmer qu’on l’est vraiment». Suite à un courrier du ministre ivoirien de la communication à son homologue béninois, au sujet d’une émission diffusée sur les antennes de la chaine Canal3  la Haac a pris la décision de suspendre l’émission querellée.

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Notre ministre de la Communication a cru bien faire en intervenant dans ce dossier pour justifier la décision des autorités béninoises. Ce faisant, il a aggravé son cas par une défense aussi maladroite que ridicule :

 «…Il ne s’agit pas d’une injonction de la part du gouvernement ivoirien aux autorités béninoises ». C’est exact. En effet la lettre du ministre ivoirien de la communication datée du 14 Mai mentionne à juste titre en objet : Vives protestations contre la chaine de télévision privée béninoise canal 3 monde.

En clair, le ministre béninois de la communication a répondu à la protestation de son homologue ivoirien par une décision de suspension pure et simple. Chacun appréciera la dis-proportionnalité entre la plainte et la riposte.

Par ailleurs, et poursuivant sa pseudo plaidoirie sur un ton professoral, le ministre a rappelé aux journalistes béninois quelques fondamentaux du journalisme dont lui, a le secret :

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« …Nous leur avons toujours dit que les informations qu’ils ont entre les mains ne sont que de la matière première qu’il faut travailler avant de les diffuser » Au pays des aveugles, des borgnes se croient tellement éclairés au point de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas. Un quidam est propulsé ministre de la santé, et il se croit autorisé à donner des leçons de médecine aux chirurgiens et autres professeurs agrégés en la matière. De même, et pour servir les intérêts de la mafia politico financière, un repris de justice peut du jour au lendemain devenir Garde des sceaux et dispenser des cours de Droit aux magistrats, avocats etc. etc.

Mais au-delà de la sortie hasardeuse et empreinte d’amateurisme du ministre Djenontin, c’est la décision de suspension prise par la Haac qui pose problème et invite à la réflexion. En effet, le ministre ivoirien de la communication persiste et signe quant aux motivations de sa démarche. Il s’agit d’une protestation contre le non respect des règles sur l’équilibre de l’information. Il n’est pas question dans ce courrier de demander la suspension d’une émission de télévision. Dès lors, pourquoi la Haac a-t-elle voulu être plus royaliste que le roi en prenant une décision aussi grave et qui n’avait pas lieu d’être ?

La suspension d’un programme de télévision, suite aux protestations du gouvernement d’un pays étranger constitue un précédent grave dans la gestion de la liberté de la presse. La Haac devra en effet se tenir prête à sévir en supprimant des émissions, chaque fois qu’un pays voisin mécontent le lui demandera.

La décision du président Nata est, non pas une erreur mais une faute politique fort regrettable qui aurait pu être évitée. Une simple mise en garde à la chaine Canal 3, ou l’invitation des autorités ivoiriennes à faire valoir leur droit de réponse aurait suffi à clore le dossier.  La Haac aurait j’en suis sûr pensé à cette solution si au sein de ses conseillers, il y avait des journalistes, pétris des valeurs de cette profession, et assez courageux pour défendre leurs confrères. On est loin du compte.

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