Bénin : un système sécuritaire en panne

L’assassinat crapuleux d’un jeune policier relance le débat ces derniers jours sur la sécurité. Le Chef de l’Etat, comme  à l’accoutumée, s’est contenté d’une rencontre ubuesque à la Marina pour évacuer un sujet très sensible, qui risque de devenir dans les années à venir, un sujet de grand intérêt comme l’emploi et la lutte contre la pauvreté.

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L’image du jeune gardien de paix Roland Kpadonou, gisant dans un bain de sang, non loin du passage supérieur de Ganhi fait la une de l’actualité. Samedi, il avait été abattu par des malfrats qui revenaient d’un braquage. Il a suffi de cela pour que tout le monde comprenne qu’on est en insécurité.  D’aucuns s’en prennent au ministre de l’intérieur, d’autres aux policiers qui pleurent en moins d’un mois deux de leurs camarades tombés sous les balles des malfrats. Et pourtant, le Bénin était en insécurité depuis des années. Il suffit de suivre l’actualité sécuritaire pour s’en convaincre. Il ne se passe presque plus de semaine où des malfrats ne frappent  à Cotonou, Porto Novo ou à l’intérieur du pays. Parfois c’est des coupeurs de route qui font la loi. En un mot, le Béninois n’est plus  quiet  chez lui. Le Chef de l’Etat, comme à son habitude, convoque une grande réunion à la Marina. Tous les flics y sont conviés, du policier le moins gradé au Directeur général. «Depuis quand les problèmes sécuritaires se gèrent à la télévision et devant une si grande foule ?, se désole un spécialiste en retraite. Au cours de cette rencontre, le gouvernement affiche son amateurisme par rapport aux questions de sécurité. On a pu entendre le ministre de l’intérieur affirmer que le Bénin ne peut plus à lui tout seul régler les problèmes de l’insécurité. En écoutant, le Chef de l’Etat, on comprend que le gouvernement est entrain de faire une confusion grave entre insécurité et terrorisme. Bref, la rencontre n’a rien apporté sauf le fait de ressasser quelques problèmes récurrents de la corporation comme les manques d’équipements et de motivation des agents. Mais ce n’est là que la partie visible de l’iceberg. Plusieurs autres raisons concourent à cette insécurité.

Reformer la police

Mis de côté les bavardages politiques à la Marina, le Bénin ne pourra vraiment lutter contre l’insécurité s’il ne dispose pas d’une police digne du nom avec des agents dignes et fiers d’appartenir à ce corps. Aujourd’hui, hélas, ceux qui deviennent policiers ne sont pas forcément ceux qui en ont la vocation. Il s’agit pour la plupart de jeunes désespérés qui  cherchent juste un gagne pain et qui croient qu’ils peuvent se réaliser en faisant ce job. Aucune enquête de moralité n’est d’ailleurs faite sur eux avant leur recrutement. Le petit voyou du quartier, l’escroc, l’oisif aux multiples vices, tous sont recrutés. On ne devrait pas donc s’étonner de les voir intimider, rançonner et persécuter les paisibles populations. Eux, ils sont à la quête de l’argent et ils savent que c’est en sifflant, en arrêtant motos et voitures. Comme aussi on ne devrait pas être surpris de voir certains parmi eux se lancer dans des réseaux mafieux où ils louent leurs armes à des braqueurs. A cela devrait s’ajouter les problèmes de primes, de moyens logistiques, et aussi de déploiement

Les frontières, les renseignements…

Le défi sécuritaire demande de grands investissements. Depuis des années, la plupart des braqueurs viennent du Nigéria. Que faisons-nous pour contrôler sinon empêcher leurs arrivées sur le territoire Béninois. Au lieu d’investir pour le recrutement de policiers et l’équipement de la police, pourquoi ne pas travailler pour renforcer la sécurité et le contrôle au niveau des frontières ? Au nom de la libre circulation des personnes et des biens, doit-on laisser le potentiel braqueur venir commettre son forfait ici ? Autant de préoccupations auxquelles on doit trouver de réponses. La sécurité, c’est aussi les renseignements. Que fait la police pour être informée des projets de braquages et de vols avant que les acteurs ne mettent leur plan en jeu ? Ce travail en amont doit être fait si l’on veut vraiment lutter contre l’insécurité.

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