Brésil 2014 : la face cachée de la planète football

Ca y est. Le soleil se lève sur le football mondial. Du 12 juin au 15 juillet 2014, le Brésil sera le cœur vivant de la planète terre. Un cœur qui battra au rythme des exploits des 32 meilleures équipes nationales appelées à la fête. Sont attendus des buts, encore des buts. Au soir du 15 juillet, au coup de sifflet final, le trophée de la compétition consacrera la meilleure équipe de football du monde.

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La Coupe du monde de football est à l’image de Janus, ce dieu latin représenté avec deux visages. L’un se révèle à tous. C’est, symboliquement, le ballon rond. Il mobilise tous les regards. Il fait courir tous les joueurs. Le ballon rond est le plus petit commun multiple de la planète football. L’autre visage reste caché. C’est l’énorme logistique organisationnelle qui sous-tend cette célébration à caractère planétaire. Ce sont les enjeux politiques, diplomatiques, financiers et marchands. Ils colorent fortement l’événement. Ils peuvent même le sortir de sa trajectoire. Ce sont, enfin, les gros moyens techniques et technologiques déployés. Ils donnent à la fête des coloris empruntés. Un peu comme la nuit rend gris tous les chats. Trois types de forces vont ainsi démultiplier leurs effets et placer Brésil 2014 à la confluence de leur complicité.

La première force, c’est l’organisation. Elle part du pays organisateur. Le Brésil a ainsi l’obligation de tenir tout prêt, à bonne date, sous la dictée d’un cahier des charges, selon un chronogramme impératif. Des stades et des hôtels sont à construire. Des infrastructures diverses, toute une logistique, allant des loisirs à la sécurité, sont à tirer du néant et à rendre opérationnelles. L’organisation, en amont, c’est le long processus de sélection des 32 équipes. Tout cela représente un potentiel de travail insoupçonné. Tout cela appelle des compétences et des expertises pointues. Les maîtres-mots sont rigueur, méthode, discipline. De ce fait, le succès de Brésil 2014 ne sera rien d’autre que l’aboutissement d’un formidable faisceau d’idées et d’actions planifiées, l’accomplissement d’un bel élan organisationnel.

La deuxième force, c’est la médiatisation. Des milliards d’hommes et de femmes suivront l’événement aux quatre coins de la planète, depuis leur téléviseur. Ils ne sauront rien de l’artillerie lourde de communication déployée à l’occasion. Idem de l’imposante batterie d’ordinateurs hyper puissants, ordonnant et coordonnant l’impressionnant ballet des satellites au-dessus de nos têtes. A peine soupçonneront-ils que le mariage du son et de l’image est une longue et complexe histoire. Une histoire écrite en continu et vécue au quotidien. Une histoire portée par un réseau exceptionnellement dense d’engins de communication interconnectés qui maille la terre toute entière, tel un poisson pris dans une nasse…La guerre des grandes chaînes de télévision aura lieu. Elle se fera à l’ombre de la grande fête du football. Sous la puissance de feu des bataillons entiers de journalistes, de reporters, de techniciens. Avec, à la clé, des milliards d’euros ou de dollars. C’est, en effet, une affaire de gros sous. Enfin, science, recherche, technique et technologie s’inviteront à la fête. Avec des produits innovants, appelant des applications révolutionnaires.

La troisième force, c’est la mondialisation. Elle a déjà réussi à unifier la planète terre en un vaste marché sans frontières. Ce qui autorise la circulation vertigineuse des flux de capitaux, l’uniformisation des goûts, la massification des besoins, la standardisation des habitudes de consommation et des modèles culturels. La diversité disparaît au profit de l’uniformité. Le singulier se noie dans le général.  Les identités des peuples sont gommées. Tout se réduit à la triste platitude d’un monde incolore, inodore et sans saveur. Un temps fort dans la vie des nations, comme l’espace d’une coupe du monde, se transformera en une foire aux prêts à penser, aux prêts à porter, aux prêts à consommer. Le marché, activé par une publicité agressive, voire sauvage, dicte les goûts, impose les modes, met tout le monde en uniforme et au pas. Bonjour les mimétismes et les singeries, expressions, pour nombre de peuples, d’assèchement spirituel, de désacralisation ou de banalisation du sacré, de mort culturelle. Chacun s’assoit et le profit marchand le pousse. Que reste-t-il encore d’un football ainsi pris en otage, d’un football prisonnier d’intérêts qui ne disent pas leur nom ? Ce football ne verra jamais le visage de ses ravisseurs. Mais à quoi bon ? Ils sont sans visage.

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