Michel Adjaka à propos de la loi interdisant la grève aux magistrats : «C’est un coup de force contre la démocratie béninoise»

Invité,  ce dimanche 15 juin 2014, de l’émission dominicale ‘’Zone Franche’’ de la télévision privée Canal 3, le président de l’Unamab, Michel Adjaka, a réagi par rapport au projet de loi relative  au retrait du droit de grève aux magistrats introduit à l’Assemblée nationale par des députés et pense que c’est une proposition attentatoire à la démocratie béninoise.

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Depuis un certain moment, la maison justice est au Bénin paralysée du fait de grèves répétées. Pour mettre fin à ces mouvements de grève devenus récurrents, deux députés- Rachidi Gbadamassi et André Okounlola- ont introduit à l’Assemblée nationale, un projet de loi visant à retirer l’exercice de grève aux magistrats. Actuellement dans le circuit au Palais des gouverneurs, cette proposition de loi fâche les hommes en toge. Cela, pour diverses raisons. Lesquelles raisons, le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), Michel Adjaka, invité de l’émission ’Zone Franche’’ de la télévision privée Canal 3, de ce dimanche, est venu exposer tout en montrant les conséquences qui seront, à en croire Michel Adjaka, irrémédiablement fracassantes.

Proposition de loi attentatoire aux libertés

Le premier grief que les magistrats ont contre la proposition de loi introduite par les députés de la mouvance présidentielle est d’abord son caractère anticonstitutionnel. Selon le président Michel Adjaka, qui refuse toute complicité entre le pouvoir judiciaire et l’Exécutif, cette proposition est contraire à la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Notamment en son article 31. Cet article reconnaît en effet, aux travailleurs le droit de grève. Un «droit déifié que le législateur ne peut que respecter», a indiqué Michel Adjaka avant d’ajouter que «même s’il n’y avait pas les grèves, les juridictions ne fonctionneraient pas correctement». Cela, a expliqué le président de l’Unamab, «faute de nomination». Michel Adjaka n’en veut que pour preuve, le manque de magistrats au niveau de certaines juridictions et cabinets. Notamment le 4ème cabinet du tribunal de première instance de Cotonou jusque-là sans juge d’instruction.

Aussi, Michel Adjaka pense-t-il que la proposition de loi est liberticide. Elle vise à retirer selon Michel Adjaka l’exercice de grève aux travailleurs en général, et en particulier aux magistrats qui, une fois la loi votée, seconderont les douaniers qui se sont vus déjà arracher ce droit. Dans son intervention le syndicaliste a affirmé qu’après les magistrats, d’autres corps notamment les médecins, les enseignants et autres, se verront à leur tour arracher leur droit constitutionnel de grève. Toutes choses qui ont fait dire à l’invité de ce dimanche que  cette loi constitue une atteinte aux libertés démocratiques et syndicales chèrement acquises par les travailleurs et donc est «un coup de force contre la démocratie béninoise».

Sauver la démocratie béninoise

Avec cette proposition de loi, Michel Adjaka est convaincu de ce que la démocratie béninoise est en danger et qu’il faille la sauver. Et c’est pourquoi, le président de l’Unamab a, après avoir montré qu’ils-les magistrats ont d’autres moyens pour contrer cette volonté d’embrigadement des libertés du pouvoir, invité les députés à ne pas adopter le projet de loi en cours. Cependant, il a encouragé les élus du peuple à donner leur quitus quant à la proposition de réforme du Conseil Supérieur de la magistrature (Csm) qui dans sa configuration actuelle est envahi par l’Exécutif. Et c’est cette invasion qui est, selon Adjaka, le plus souvent à l’origine des mouvements de débrayage dans le secteur. «Cette réforme permettra de réduit de 50% les grèves », pense même l’invité des confrères de Canal 3. Donner son autonomie au Csm et à la justice, et faire désormais les nominations par appel à candidature sont les autres propositions faites par le magistrat pour sauver la justice de l’emprise du politique et la rende complètement indépendante.

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Rappelons que les magistrats sont en grève pour revendiquer la correction des nominations dans les juridictions, la sécurité pour les magistrats et bénéficier des fonds générés par leurs prestations conformément au décret du 06 avril 2004.

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