Bénin : mission difficile pour une Haac très politique

Depuis  lundi dernier, la 5è mandature de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication s’est installée. Son visage est désormais politique avec la désignation à  sa tête d’Adam Boni Tessi, connu jusque là comme député Fcbe de la 6è  législature. Cette nomination ne saurait être anodine. Cette Haac semble avoir visiblement  un mandat plus politique que professionnel.

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Lorsqu’ils passent en revue les neuf membres de la nouvelle Haac, bon nombre de confrères ne semblent pas connaître grand-chose d’eux en dehors des trois qui sont désignés par les journalistes eux-mêmes. Si Pascal Zantou passe comme un ancien journaliste qui mérite sa désignation, sa côte de popularité est un peu en baisse dans une presse où les gens de sa génération se raréfient. Lambert Dogo, communicateur ayant des accointances dans le monde des radios rurales n’est pas pour autant connu. Idem pour .., une illustre inconnue désignée par le bureau de l’Assemblée nationale. Trois de ces six membres désignés par les institutions sortent un peu de l’anonymat. Il s’agit de Félix Adimi, l’ancien ministre et l’ancien maire de Savè rendu populaire par ses malversations à la tête de cette mairie. Il s’agit aussi de Gracia Noutais Holo, une avocate effacée qui doit beaucoup sa popularité à son nom de dame qu’à ses talents d’avocate. Epouse du Président de la Cour constitutionnelle Théodore Holo, sa nomination semble bien  répondre d’une logique politicienne et à une volonté de manœuvres politiques que tout autre. La dame  n’ayant pas, par le passé, eu des accointances avec les milieux médiatiques. Sa nomination à la Haac semble être beaucoup plus faite pour renforcer les amitiés avec un couple dont le mari a de lourdes responsabilités dans le cours des évènements nécessaires pour l’alternance en 2006. Le dernier est Adam Boni Tessi, député Fcbe de Nikki, un des plus fanatiques mais peu disert de la mouvance parlementaire actuelle. En somme, cette Haac  se fait plus remarquée par la notoriété des hommes politiques qui la composent que par des professionnels chevronnés et bien connus du microcosme médiatique béninois.

Echec en vue

Avec une telle Haac infestée par des hommes politiques, il ne faut pas espérer grand-chose de cette mandature et de la capacité pour elle de surmonter les défis qui se posent à la presse nationale. Le premier défi est de donner une nouvelle vie à la liberté de presse au Bénin qui a été ensevelie avec l’ancienne mandature.  Il lui faudra mieux protéger les journalistes en luttant pour qu’ils soient moins inquiétés dans l’exercice de leur profession. Ceci suppose que l’on ne devrait plus avoir de journalistes emprisonnés, de journaux définitivement fermés et d’usages abusifs des audiences publiques. On se rappelle que c’est sous cette Haac que de journaux ont été fermés et des journalistes empêchés définitivement d’exercer leur métier.  Pourra-t-elle réussir à mieux protéger la liberté de presse que le bureau de Théophile Nata pourtant composé de plusieurs journalistes chevronnés? L’autre défi sera de lutter pour que l’accès équitable aux médias de service soit respecté. Depuis 2006, les Béninois ne se rappellent pas avoir un seul débat contradictoire sur l’Ortb. L’Un s’est plaint à plusieurs reprises de cette situation mais elle n’a jamais été écoutée. Pour revendiquer ce droit constitutionnel d’accès équitable aux médias de service public, l’Un  a même porté plainte contre l’Ortb. La Haac actuelle avec des membres  peut-il relever ces défis avec des membres qui sont hélas presque tous des hommes politiques ?

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