C’est au sein de l’Assemblée que le président Boni Yayi est allé percher le nouveau président de la Haac. Un député très discret, qui n’a pas pion sur rue et n’a pas d’atomes crochus avec les acteurs du monde médiatique béninois.
Mais si pour beaucoup, ce choix est mauvais, Yayi, lui, s’en réjouit à merveille et pense avoir trouvé la bonne personne pour une mission politique bien particulière. Son choix avait paru saugrenu, inattendu. Comme à l’accoutumée, on a péroré pour dire que Yayi avait fait un mauvais choix. Celui de choisir un homme qui ne sait pas grand-chose sur les médias béninois et est totalement ignorant des méandres de ce monde si complexe. Qu’il était allé chercher dans un trou un député effacé, juste au nom de sa fraternité Bariba qu’il galvaude tant. Un homme qu’il pourra manipuler comme bon lui semble pour bâillonner les rares journalistes des médias privés qui résistent encore aux appâts et menaces du pouvoir. Tout ça avait été dit. Personne n’avait pu voir la mission politique dont il est investi. Quelques jours après sa nomination, les langues se délient et on aperçoit mieux les contours de cette mission que Yayi a su bien cacher sous cette nomination de l’ancien maire de Nikki à la tête de cette institution. Adam Boni Tessi n’aurait pas été désigné et nommé président de la Haac par le Chef de l’Etat s’il n’était pas de Nikki. Et pour cause, cette ville occupe désormais une place stratégique dans le nouveau schéma politique de Yayi
Nikki, le berceau d’une nouvelle dynamique
Dans l’entourage du député promu, le chantier politique à lui confié par le Chef de l’Etat est bien précis et connu de quelqes initiés du premier cercle du pouvoir. Selon eux, le député et ancien maire de la ville, qui a ses entrées au palais royal est l’œil du Chef de l’Etat dans le processus de désignation du nouveau souverain de Nikki qui remplacera le défunt roi Séro Kora III décédé le 12 Avril dernier. On se rappelle que le Chef de l’Etat s’était rendu précipitamment au palais royal pour présenter ses condoléances à la famille royale lorsque le roi s’est éteint. Au delà de la compassion que peut susciter la mort d’un tel personnage, Yayi était en train de jouer une carte politique. Le souhait du Chef de l’Etat c’est que le nouveau roi soit un homme acquis à sa cause, un roi qu’il maîtrise et à qui il pourra demander des « choses ». Dans sa nouvelle stratégie de reconquête du nord pour un dessein inavoué, le roi de Nikki tient une place prépondérante. En effet, il est le roi des rois, celui qui coiffe toutes les têtes couronnées de l’ère linguistique Baatonou et Bo et par ricochet, il est un personnage charismatique dans les communautés du septentrion. Il veut donc passer par celui là pour mieux contrôler et emberlificoter les autres rois dont le soutien lui est indispensable pour lancer une hypothétique campagne pour le soutien populaire à un éventuel troisième mandat auquel il n’a renoncé que du bout des lèvres. On se rappelle qu’il y a quelques mois, des canards de la place, renforcés par un article de « La Lettre du Continent » avaient annoncé que certains collaborateurs directs du Chef de l’Etat se sont rendus auprès de certains rois du nord pour leur demander d’aider le Chef de l’Etat à avoir un troisième mandat. Mais que ces rois s’étaient montrés très réticents au projet. Depuis, Yayi aurait des dents pourries contres ces souverains qu’il cherche à remplacer tous par d’autres plus maîtrisables. Et dans ce contexte, le nouveau roi de Nikki pourrait bien être la locomotive. Et Adam Boni Tessi,l’illustre inconnu parachuté dans le monde médiatique, son mentor et son porte parole auprès du locataire de la Marina. Hier où il a été reçu par le Chef de l’Etat, on l’a vu presque à genoux pour remercier son « bienfaiteur ».Comme quoi, Yayi ne fait rien au hasard et n’a pas sûrement dit son dernier mot. Ce choix pour la Haac d’un « parachuté » n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, qui montre bien à quel degré ses petits calculs politiques peuvent le pousser.
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