Bénin : jour décisif pour la proposition de loi portant retrait du droit de grève aux magistrats

Dans le débat qui a court sur la proposition de loi portant retrait du droit de grève aux magistrats béninois, deux actions importantes retiendront l’attention de l’opinion publique ce jour. Il s’agit d’une gigantesque marche des syndicats sur le Parlement et une réunion de la Commission des lois. Et ce, sans oublier que la session ordinaire en cours prend fin ce jour.

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Ce jeudi 10 juillet 2014 est un jour décisif dans l’actualité relative au projet de retrait du droit de grève aux magistrats béninois. Les principaux acteurs concernés par la proposition de loi portant retrait du droit de grève aux magistrats seront en action ce jour. Il s’agit des magistrats et des députés. Ses deux camps seront sur le champ du combat, pour les premiers sur l’esplanade de l’Assemblée nationale et le second à l’intérieur de l’Assemblée nationale. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) est foncièrement opposée à cette proposition de loi qu’elle qualifie de liberticide et de nature à porter atteinte à l’indépendance de la Justice. En effet, la proposition de loi qui porte modification du statut de la magistrature, envisage le retrait de plusieurs droits aux magistrats, dont le droit de grève et celui de se constituer en association. Selon Michel Adjaka, président de l’Unamab, via, ce projet de modification du statut de la magistrature « l’Assemblée Nationale envisage de priver les magistrats de cinq (05) libertés garanties par la constitution du 11 décembre 1990, les conventions et accords internationaux ». Ce sont, a-t-il cité sur sa page facebook, «(1) le droit de grève,(2) le droit de se concerter,(3) le droit de faire des délibérations politiques,(4) le droit d’être éligible aux fonctions politiques et (5) la liberté d’association » Par le biais de son président, Michel Adjaka, le syndicat des magistrats béninois a multiplié les actions de pression et de lobbying pour faire échec à l’initiative des députés Rachidi Gbadamassi, André Okunlola et la plupart de leurs pairs de la majorité présidentielle. C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’Unamab, épaulée par les plus grandes organisations syndicales, marche ce jour sur l’Assemblée nationale. L’Unamab, les centrales et confédérations syndicales y compris l’Unstb réputée proche du pouvoir, la Fésyntra-Finances, le Cosynap, le Synagojub, le Syntrajab et le Syntra-justice « marcheront sur l’Assemblée Nationale pour amener les Honorables députés à respecter les libertés acquises de haute lutte». Aux dernières nouvelles, cette marche aura bel et bien lieu ce jour. On apprend d’ailleurs que du côté du Parlement, des dispositions sécuritaires ont été prises pour éviter tout débordement (lire article ci-dessous).

Tractations politiques

Pendant que les travailleurs seront en train de battre le macadam jusqu’à l’esplanade de l’Assemblée pour dire « non » à l’affaiblissement du pouvoir judiciaire, des tractations iront bon train dans les couloirs du Parlement. Après une séance de travail très houleuse lundi dernier, les députés membres de la Commission des lois se retrouvent ce jeudi pour l’étude de la proposition de loi controversée. La présidente de ladite Commission est en déplacement hors du territoire national. Convoqués alors expressément par le vice-président de ladite commission, Sacca Lafia, les députés n’ont pu entamer l’étude de la proposition de lois. Membres de la mouvance, le vice-président était déterminé à vider le dossier. Mais il a été bloqué par les députés de l’opposition. Les discussions sont restées à l’étape préliminaire. La Commission des lois se réunit donc à nouveau ce jour. Et on apprend que les députés partisans de la proposition de loi sont déterminés à  finir avec l’étape de l’étude en commission pour que la proposition de loi soit introduite en plénière pour le vote. Les opposants au texte préparent eux la contre-attaque. Les tractations s’annoncent âpres, étant donné que la première session ordinaire prend fin aussi ce jour. Passé donc ce jour, il faudra attendre une autre session pour remettre la question à l’ordre du jour. Entre la pression des syndicats et les tractations dans les couloirs et bureaux de l’Assemblée nationale, ce jeudi apparaît comme un jour décisif pour la magistrature béninoise, notamment l’actualité relative à cette proposition de loi portant retrait du droit de grève aux magistrats

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