Recherche d’un 3è mandat pour Yayi : Fatouma Amadou Djibril annonce les couleurs

Invitée sur l’émission « Zone Franche » de Canal3 hier, le  ministre de l’agriculture Fatouma Amadou Djibril a mis les pieds dans les plats.  En dehors de ses déclarations à peine crédibles sur la campagne cotonnière, elle s’est aventurée sur un terrain assez glissant en affirmant qu’un 3è mandat était possible pour Boni Yayi si le peuple le voulait. Cette déclaration vient confirmer les soupçons et les machinations politiques qui ont cours ces derniers jours dans le septentrion.

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C’est à peine croyable pour certains. Mais pour beaucoup, cette déclaration de la ministre de l’agriculture de l’élevage et de la pêche Fatouma Amadou Djibril n’a rien d’étrange bien qu’inquiétante. Elle entre dans le registre habituel de certains ministres du gouvernement Yayi qui, pour plaire à leur patron, disent sans vergogne, ce qui lui plaira. En effet, invitée hier matin sur l’émission « zone franche », elle a lâché ceci : « Yayi Boni est un homme de parole qui a promis ne pas faire un 3è mandat, mais si le peuple le sollicite pour un 3è mandat, la volonté du peuple sera respectée ».  Lapsus linguae ? Non. La très « bavarde » ministre de l’agriculture est allée plus loin en citant l’exemple de l’ancien président américain Francklin Delano Roosevelt qui a fait un 3è mandat.

3ème mandat de Yayi : intégralité de la déclaration de la ministre Amadou Djibril sur Canal 3 

On peut comprendre donc qu’elle ne s’est pas trompée de discours mais ne faisait que livrer un message visiblement mûri dans les arcanes du pouvoir avec un argumentaire hélas peu convaincant.  D’ailleurs ce discours ne s’éloigne pas trop de celui de certains de ses collègues. Tout récemment à Bembèrèkè, au cours d’un meeting politique en réplique au candidat Robert Gbian très entreprenant dans le septentrion, le ministre de la communication Komi Koutché a affirmé que « Yayi n’a pas encore de dauphin et qu’on ne choisit pas le dauphin d’un roi du vivant de celui-ci ». Il avait été encensé par le député – actuellement en disgrâce – Rachidi Gbadamassi qui claironnait partout qu’en 2016, c’est le K.O de 2011 qui se répètera.  Parlant toujours du départ de Yayi du pouvoir en 2016, le ministre des Travaux Publics Aké Natondé, alors député, avait dit sur le même plateau de Canal3 que tant que Yayi n’a pas dit qu’il est fatigué de diriger le pays, il n’est pas question de parler de sa succession. Il n’y a donc pas de doute, Fatouma Amadou Djibril a juste porté la voix féminine à la machination politique en préparation.

Comme sous Eyadéma

Si à maintes reprises, plusieurs ministres du gouvernement ont tenu des propos du genre sans être sermonnées ou remis à l’ordre par le Chef de l’Etat c’est qu’il consent à cela. Il n’y a donc pas de doute sur cette volonté du Chef de l’Etat de tenter un coup de force pour rester au pouvoir au-delà de 12016 même si ses lèvres se plaisent à dire partout le contraire. La technique ici est d’inspiration togolaise. On se rappelle que sous l’ancien président togolais Gnassingbé Eyadema, ce fut le même scénario avec le recours fréquent au « peuple ». A chaque fois qu’il s’approchait de la fin d’un  mandat, Gnassingbé Eyadema faisait toujours une déclaration fortement médiatisée et annonçait qu’il est fatigué du pouvoir et qu’à la fin de ce mandat, il irait se reposer à Kara, son village et fief du nord du Togo. Mais chose curieuse, ces déclarations étaient suivies des marches, surtout des femmes qui marchaient dans tout Lomé pour demander le maintien au pouvoir de « papa Eyadema », le sauveur et le père de la nation.  Quelques jours après, le général réapparaît sur le petit écran et affirme avec un grand dédain qu’il a dit lui-même qu’il ne voulait plus rester au pouvoir mais le « peuple » a refusé et que lui n’est qu’un serviteur de ce peuple dont il ne peut rien contre la volonté. A chaque fois, il réussissait ainsi à se maintenir au pouvoir en faisant marcher le « peuple ». Le Chef de l’Etat ayant passé près d’une décennie de sa vie en tant que Président de la Boad à Lomé, il est possible qu’il ait été contaminé par ce syndrome de pouvoir à vie. Ici aussi, les marches se préparent et le ministre Djibril l’a d’ailleurs annoncé sans autre forme de procès. Ce scénario de film de série B a déjà été annoncé il y a quelques mois  par un confrère de   la place et par l’Honorable Candide Azannai qui a même chanté en Mina le refrain en vogue à l’époque au Togo. Seulement, le contexte  socio-politique des deux pays n’est pas le  même .Et nous sommes au Bénin pas  au Togo. Fatouma Amadou Djibril ministre de L’Agriculture par procuration  se trompe de pays et d’époque. Ici au Bénin, la bataille est toujours difficile pour tout autocrate qui a des velléités de s’éterniser au pouvoir.  

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