Résurrection de l’affaire «assassinat du juge Coovi» : Rachidi Gbadamassi, à malin, malin et demi

Depuis le 14 Novembre 2013 où la Cour d’appel de Parakou a rendu un « non lieu » en sa faveur dans le dossier de  l’assassinat du juge Coovi, Rachidi Gbadamassi se la coulait douce. Fier d’avoir été lavé de tout soupçon, il se fait initiateur d’une proposition de loi qui interdit le droit de grève aux magistrats. Mais mal lui  en a pris ! Depuis, l’affaire est ressuscitée. Le député replonge dans ses déboires judiciaires. L’homme qui fait peur semble avoir peur.

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Il doit beaucoup regretter d’être l’acteur principal de ce projet politique. Prendre sur lui la responsabilité, avec un quarteron de collègues députés, d’initier une proposition de loi qui prive les magistrats de leur droit de vote, de la liberté d’association  et de leur possibilité de mener une carrière politique. A peine la proposition de loi a-t-elle fait son apparition au parlement que les déboires judicaires du député de Parakou ont repris. Hasard du calendrier judiciaire ? Pour les députés signataires de cette proposition, il n’y a pas de doute que cette affaire pour laquelle il y une décision de non lieu rendue en appel est ressuscitée par la justice en représailles à cette initiative parlementaire. Faux ! rétorquent des magistrats précisant à l’endroit des sceptiques que le calendrier judiciaire a été arrêté bien avant que les députés ne prennent cette initiative.  Dans l’un ou l’autre des cas, le député  n’a plus la conscience tranquille. D’ailleurs son immunité de parlementaire ne lui garantit plus rien depuis  que le magistrat Akibou Ibrahim, membre de la Cour constitutionnelle a aussi comparu au cours des assises qui se tiennent actuellement à la Cour d’appel de Parakou dans le cadre de ce même dossier. En effet, le code de procédure pénale  actuel en ses articles 615, 616, 617… permet que les membres des institutions de la république puissent répondre à la  convocation d’une juridiction , si le président de l’institution lui donne l’autorisation. Mieux, on a vu le  procès prendre une autre tournure avec la déposition de la restauratrice Sahadou Issifou qui affirme avoir entendu le député dire au téléphone dans la nuit du crime « prenez des pierres pour lui broyer les testicules ». Déposition grave qui appelle qu’on écoute au moins l’auteur d’une telle déclaration même s’il n’est pas impliqué dans ce crime crapuleux comme il s’en défend.

Curieuse protection du pouvoir

Les présumés coupables, les complices et les témoins passent un à un à la barre à Parakou pour dire leur part de vérité. Mais on attend toujours Rachidi Gbadamassi, l’homme sur qui pèsent tous les soupçons. Fort de son statut de député de la majorité parlementaire, il semble bien qu’il bénéficie du soutien du pouvoir. A la différence d’un ou deux, c’est presque les mêmes avocats qui ont soutenu le Chef de l’Etat dans les dossiers scabreux de tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat qui assistent à nouveau Gbadamassi et ses co-accusés dans  cette affaire. Ensuite, il y  a cette demande de comparution envoyée par le procureur général près la Cour d’appel de Parakou qui a envoyé au président de l’Assemblée Nationale via le ministre de la justice, une  demande d’autorisation pour permettre à l’honorable de comparaître. Mais selon des sources concordantes, cette demande n’a jamais été envoyée à l’Assemblée Nationale. Le ministre de la justice, Valentin Agossou Djènontin n’a toujours pas transmis cette demande au président de l’Assemblée, bloquant ainsi la procédure de sa comparution.  Doit-on croire, par cet acte, qu’il y a une volonté du pouvoir de bloquer l’évolution du dossier ?

L’arroseur arrosé!

Il a suffi qu’il soit initiateur d’une telle loi pour que le député Rachidi Gbadamassi soit à nouveau dans le collimateur de la justice. Ironie du sort, c’est celui qui a voulu initier une proposition de loi pour priver les magistrats de leur droit de grève, de leur liberté d’association et de faire carrière dans la politique qui sont des droits constitutionnels qui est aujourd’hui mis en difficulté par ces magistrats. On aurait dû croire à la thèse de certains députés qui disent que les magistrats sont dans une logique de vengeance si les assises n’avaient pas été prévues bien avant l’introduction de la proposition de loi liberticide à l’Assemblée nationale. Mais la vraie menace contre le député pourrait venir de son propre camp politique. Selon des indiscrétions, ses difficultés actuelles feraient plaisir à plus d’un dans la majorité présidentielle. En effet, son hégémonie politique dans la 8è circonscription électorale ne manque pas de faire des jaloux. Sa pratique politique fait de chantages et de virées vers des hommes pas en odeur de sainteté avec le pouvoir comme l’homme d’affaires Patrice Talon suscite parfois la  méfiance du Chef de l’Etat à son endroit. Tout serait fait pour mieux le fragiliser dans cette majorité. L’objectif politique ici est de ne pas le mettre en tête de liste Fcbe lors des prochaines élections législatives. Dans les antichambres du pouvoir, on pense déjà à d’autres qui pourront prendre la tête de liste pour les  prochaines élections législatives. La stratégie d’affaiblissement du député est en marche. Et la résurrection du dossier de l’assassinat du juge Coovi tombe bien pour les acteurs de cette stratégie. En temps utile, on pourra dire au député, « avec tous ces problèmes, tu ne pourras plus être tête de liste ou même, tu ne pourras plus être candidat ». Malgré cela, on donne subrepticement l’impression au député qu’on le soutient mordicus. On lui envoie des avocats pour sa défense, on tente même de bloquer la demande d’autorisation à comparaître à lui adressée.  Un jeu habile de tous les  pouvoirs pour affaiblir des alliés trop encombrants. Tant que l’épée de Damoclès de cette affaire d’assassinat planera sur la tête de Gbadamassi, on respirera mieux dans la mouvance. A malin, malin et demi!

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