Communément appelés zémidjan, les conducteurs de taxi-moto s’accordent difficilement avec leurs clients en cette période de pluie, sur les frais de transports particulièrement élevés, qui profitent à d’autres personnes insoupçonnées à découvrir dans ce reportage.
« Si t’es pas d’accord, va voir ailleurs », « tu n’es pas obligé d’emprunter ma moto », « c’est à tel montant où rien ». Ce sont là, des morceaux choisis de propos de zémidjans à des clients qui ont témoigné avoir, par ces temps de pluie à Cotonou, subi des affronts de ceux-ci parce que voulant réduire les montants. Faux témoignages ou réalité. Landry Amèdjro, conducteur de taxi-moto, éclaire : «Faire notre métier par ces temps de pluie, n’est pas la joie. Dans cette galère, il y a des clients qui veulent nous imposer le prix qu’ils envisagent payer. C’est-à-dire ce qu’ils avaient l’habitude de payer. C’est ce qui nous énerve et nous amène à les insulter ou à les chasser ». Le client n’est donc plus roi comme on le dit. Le paramètre de la pluie a changé la donne des tarifs. Landry poursuit ses explications « c’est normal qu’on fasse de la surenchère. Quand on prend un client qui habite une rue dégradée, celui-ci ne descend pas quand il faut passer dans les trous inondés, ou quand il faut passer dans la boue. Cela demande plus d’effort à l’engin et au conducteur. Mais les gens ne voient pas ça. Ils pensent seulement au prix. Ils doivent savoir que quand le rythme change, la cadence doit également changer ». Et pourtant, les clients ne sont pas si insensibles aux difficultés qu’éprouvent les zémidjan dans l’exercice de leur métier en période de pluie. « Je lui ai payé 600F Cfa au lieu de 400F comme d’habitude » confie une dame venue du marécageux quartier Agla pylône. Cette différence de prix dit-elle est méritée même si «c’est ma bourse qui en souffre ».
Ceux qui vivent un calvaire
Ce que bon nombre de clients reprochent aux zémidjans, c’est ce qu’ils appellent « l’exagération » dans la fixation du prix qui passe parfois du simple au double à l’image de ce que témoigne Landry qui apprend « pour un trajet de 100F autrefois, maintenant j’exige 200F ». Mais cette hausse de prix selon les conducteurs ne leur profite pas. «Quand on fait des recettes ,c’est dans la réparation et l’achat de pièces de rechange que nous engloutissons tout » se plaint, Taofic Arêko, conducteur de taxi-moto depuis plus de 20 ans. Sous l’effet de l’eau, explique-t-il, « les chaînes, dents-chaînes se détériorent, les bougies se noient et le sable bouche des circuits de nos engins ». Problèmes que certifie le mécanicien d’engin à deux roues, Mathieu Sèzounwidji. «Il est vrai qu’en période de pluie, les motos tombent vite régulièrement en panne. Ce sont souvent des problèmes de dents-chaînes, de bougies, ou d’eau qui pénètre dans le carburateur ». Et cela, révèle le mécano occupé à réparer des motos dans son atelier, « nous profite et profite aux nigérians vendeurs de pièces détachées». Le malheur des uns fait le bonheur des autres donc. Apparemment ils ne sont pas les seuls. Selon le vieux conducteur Taofic « ils sont obligés de faire recours aux vendeurs ambulants de faux médicaments » car « courbatures, fièvres, maux de têtes et autres maladies » s’abattent sur eux après l’épreuve de la conduite en période de pluie. Aussi disent-ils, la perte de temps avec les contournements, occasionne la perte de carburant et cela implique des dépenses supplémentaires. Toute chose qui amène Landry à lancer « est-ce que nous profitons réellement de cette période de pluie ? Je ne crois pas ». Son souhait, c’est que les autorités travaillent à moderniser les villes avec la réalisation d’infrastructures routières.
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