Troisième marche des magistrats sur l’Assemblée nationale : l’Unamab dénonce un mépris du bureau de l’institution

(Les députés Idji, Fikara, Houndété , Ahossi présents aux côtés des magistrats) Une troisième marche a été organisée hier à travers les grandes artères de la ville de Porto-Novo, par les hommes en toge,  appuyés par les forces sociales et divers syndicats des travailleurs. Ils ont finalement échoué comme d’habitude sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale où attendaient déjà une horde de policiers et gendarmes.

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La troisième marche des magistrats,  s’est déroulée dans la matinée d’hier  jeudi dans l’indifférence générale du bureau de l’Assemblée Nationale . Contrairement aux autres fois,  le directeur de cabinet du  président de l’Assemblée nationale, n’a même pas daigné se représenter pour recevoir le message des manifestants. C’est une manière pour le bureau de l’institution parlementaire de  camper sur sa position comme l’avait prédit son président Mathurin Nago et se conformant à la dernière déclaration du 2è vice-président de l’Assemblée Nationale, Boniface Yèhouétomè. Puisque, ce dernier dans sa déclaration de la semaine dernière, et au nom du bureau de l’institution proposait aux magistrats, en lieu et place d’une marche, une demande d’audience. En réponse , le président de l’Unamab, Michel Adjaka qualifie de « mépris du bureau de l’Assemblée nationale », il ajoute que lors de l’Ag de l’Unamab, le vote du bureau exécutif  n’est pas favorable à une demande d’audience. Aussi, précise t-il que « un député de la mouvance présidentielle a compris et a utilisé les dispositions de l’article 120 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale pour dire que, quand c’est un sujet majeur, on peut initier une enquête pour écouter les protagonistes. Si le président Nago veut nous écouter, il peut donner suite à cette demande à lui adresser par l’un de ses collègues, le 21 juillet 2014. Procéder autrement, c’est chercher à nous infantiliser, chercher à nous montrer que nous ne savons pas emprunter les voies les plus appropriées ». Au terme de son intervention, le président Michel Adjaka déclare que «  pour une prochaine marche, nous allons évaluer le dispositif que nous avons mis en place depuis trois semaines, communiquer pour plus de mobilisation, parce que la route sera longue et va nous conduire inexorablement vers 2016 ». Divers représentants de syndicats se sont succédé au pupitre pour apporter leur soutien aux magistrats. Il s’agit de la Fesyntra-Finances, de la Cstb, de la Cosi, des forces patriotiques de gauche, de l’Alternance Citoyenne, du syndicat des Tp du représentant des commissaires-priseurs, du représentant du bureau du barreau béninois et autres.

Le soutien de certains députés

Quelques députés et personnalités politiques ont pris également la parole pour dénoncer ce comportement du bureau de l’Assemblée nationale. C’est le cas du président Antoine Kolawolé Idji « le peuple béninois doit pouvoir se mobiliser pour se battre aux côtés des magistrats peut-être que ceux qui veulent étouffer l’indépendance de la justice, au vote de lois liberticides, ont peur de l’indépendance de la justice, ils ont peur des magistrats, parce que ce qu’ils font, si les magistrats sont indépendants, cela peut les conduire très loin…nous ne sommes pas les autorités de l’Assemblée nationale, nous ne sommes pas ici pour prendre la motion ;nous sommes ici pour les saluer et leur formuler notre solidarité ». Il sera appuyé dans ses propos par son collègue Léon Basile Ahossi « je crois que j’aurais beaucoup regretté si je n’étais pas venu  à ce rendez-vous. Si nous laissons le système Yayi renverser la justice, c’est tout le pays qui  tomberait dans l’eau. C’est pourquoi nous avons le devoir de venir ici le soutenir. Il y a certains qui reprochent aux députés de venir ici soutenir les magistrats. Je dis non, parce que la pression de la rue compte.   Barrez la route, la dictature est en train de ramper à travers le pays. Nous avons le droit de l’arrêter parce qu’il y a des gens qui ont donné leur vie pour qu’on aille à la conférence nationale ». Le  maire Clément Gnonlonfoun de Dangbo présent, n’est pas resté en marge des messages de soutien délivrés.

Michel Adjaka : « la route sera longue et va nous conduire inexorablement vers 2016 »

«  Chers camarades, je dois vous remercier parce que, lorsque l’Unamab a sonné la mobilisation, vous avez répondu massivement par votre présence parce que la cause est juste.

Chers amis de la presse, tous mes remerciements et toute ma profonde gratitude parce que aussi, nous, pouvoir judiciaire, troisième pilier de l’Etat de droit, lorsque nous avons été attaqués par les deux premiers pouvoirs à savoir l’exécutif et le législatif, vous avez répondu souvent présents pour nous soutenir au front. Une fois encore, merci.

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Chers amis manifestants, le peuple souverain, vous êtes en train de porter haut le flambeau de notre démocratie à travers le pouvoir judiciaire. Je vous remercie aussi.

Que dire aussi du bureau de l’Assemblée nationale. Nous sommes venus ici le 10 juillet 2014. On nous a dit, parce que le président Nago est parti au Canada, nous n’allons pas pouvoir délivrer notre message. Nous sommes revenus le 17 juillet 2014, on nous a dit, parce que le président de l’Assemblée nationale est en mission chez lui, nous n’allons pas délivrer notre message. Nous sommes revenus une troisième fois aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale a réuni son bureau pour nous dire qu’il ne va pas nous entendre, qu’il ne va pas nous écouter. L’un dans l’autre, ça s’appelle du mépris. L’Assemblée nationale à travers son bureau affiche du mépris vis-à-vis du peuple que nous sommes. En son temps, vous saurez en tenir compte, je sais compter sur vous.

Le président de l’Assemblée nationale nous a proposé la formule d’audience. A l’Assemblée Générale du 04 juillet 2014, un collègue en service ici est venu défendre cette cause là et un vote a été émis. Le vote est défavorable à une audience du bureau exécutif de l’Unamab à l’endroit du bureau de l’Assemblée Nationale. Puisque, vous savez que dans ce bureau, il n’y en a qui ont déclaré publiquement qu’ils ont honte des magistrats et on vous invite pour discuter de quoi ? Vous savez aussi que, au même moment où l’Assemblée Nationale et son bureau donnent l’impression de faire montre d’une certaine ouverture, la loi liberticide que nous déplorons, contre laquelle nous marchons depuis trois semaines, a été enrôlée en plénière et c’est au même moment qu’on nous demande de venir ici discuter. Un député de la mouvance présidentielle a compris et a utilisé les dispositions de l’article 120 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour dire que, quand c’est un sujet majeur, on peut initier une enquête pour écouter les protagonistes. Si le président Nago veut nous écouter, il peut donner suite à cette demande à lui adressée par l’un de ses collègues, le 21 juillet 2014. Procéder autrement, c’est chercher à nous infantiliser, chercher à nous montrer que nous ne savons pas emprunter les voies les plus appropriées. Le droit de marcher, le droit de manifester est un droit constitutionnel. La demande d’audience formulée par le bureau de l’Assemblée nationale ne se trouve nulle part, ce n’est pas une voie légale. Je demande à ce bureau d’exploiter les voies légales prévues par les textes de la République pour régler le problème qui est actuellement sur  le tapis.

Par rapport à la marche, nous avons marché trois fois, nous allons évaluer le dispositif que nous avons mis en place depuis trois semaines, communiquer pour plus de mobilisation, parce que la route sera longue et va nous conduire inexorablement vers 2016. Au lieu de simplement s’accrocher au droit de grève, il est temps maintenant que nous puissions nous intéresser aux propos de madame le ministre de l’agriculture. C’est là l’enjeu fondamental, c’est là la finalité du droit de grève aux magistrats. Donc, en son temps, vous serez informés, nous allons sonner à nouveau la mobilisation pour revenir parce que certains députés estiment que si nous continuons à venir sur l’esplanade de l’Assemblée nationale, ils ne pourront pas délibérer en toute objectivité. Donnons-leur le temps de délibérer et nous aviserons en son temps . Je vous remercie ».

Propos recueillis par Ismail Kèko 

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