Manifestations culturelles au Bénin : ces distributions grossières d’argent qui appellent à fouiner

On connaît, au Bénin, cette tradition culturelle qui amène des personnes -notamment celles ayant pignon sur rue- prenant part à une manifestation culturelle de réjouissance à gratifier l’animateur, un Dj ou un artiste musicien, comédien ou autre, de billets  de banque. Dans les départements de l’Ouémé et du Plateau où les cérémonies de funérailles dites « Ago » sont particulièrement organisées avec de grands tableaux de réjouissances, on  connaît des formes des plus impressionnantes de cette pratique de gratification d’argent aux artistes.

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Que le défunt ait trépassé d’un mal de tête faute de quoi se payer le médicament à lui prescrire, peu importe. Des rites et des pratiques n’en discutons pas. Sauf que dans l’ombre de cette pratique, se développe à Cotonou, une rude concurrence qui mérite qu’on s’y  penche. Dans cette ville appelée Cotonou où vivent des milliers de Béninois qui dorment le ventre creux, politiciens, hommes d’affaires et autres se mesurent  les bourses à l’occasion de manifestations culturelles.

A les amener sur les rings, on distinguerait les poids mouches, les poids coqs, les poids plumes, les poids légers, les Welters, les moyens et les lourds qui trôneraient au-dessus. A Cotonou, où cette pratique est devenue une discipline homologuée par le silence admiratif des pouvoirs publics, on connaît un  champion. Un grand prêtre vaudoun, proche des pratiques de la divinité Mamiwata. Son nom est sur les lèvres de plusieurs  artistes. Mécène d’un  nombre incalculable  d’artistes qui réduisent parfois leur morceau à un hymne à son honneur.

Dimanche dernier, comme ce fut le cas il y a un an, à l’occasion d’un festival annuel de musique, il s’est encore illustré. Des billets de banque allant du plus petit de 500 F Cfa au plus grand de 10.000 F Cfa, il en a fait tomber sur l’organisateur du festival à l’essouffler. Presqu’une pluie de billets de banque conclurait-on. C’était sans compter avec la détermination d’autres invités qui, décidément s’étaient préparés à lui damer le pion.  Ceux-ci ont carrément provoqué un ouragan de billets de banque. Et tellement, cette scène que les brouteurs ivoiriens appelleraient « le travaillement » durait, que du public, se retiraient des personnes irritées de voir que cela prenait le pas sur le spectacle de musique. « Sommes-nous venus voir ce spectacle là où bien les artistes ?»  a murmuré un des spectateurs avant de se retirer.

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De quoi fouiner ?

Que des personnes qui sont pleins aux as en distribuent comme bon leur semble n’est pas condamnable. Tant mieux pour les heureux bénéficiaires. Mais, même si dans la conception populaire on dit que « l’argent n’a pas d’odeur », l’argent doit avoir  une source. Et face à ces scènes de distributions grossières de billets de banque, digne de vrais  «m’as-tu vu? », les institutions compétentes devraient s’autosaisir pour savoir quelle est la source de revenus de ces « tontons gentils ». Ces personnes devraient pouvoir s’expliquer, donner des éléments probants de leur source apparemment  intarissable de fric. C’est un devoir, une obligation.

A quelle fin ?

En Côte d’Ivoire où cette  pratique dite du «travaillement» a trouvé du terreau, ce sont des cybercriminels, astucieusement appelés les «brouteurs »,  qui se sont multipliés. Et quand on parle de cybercriminalité le Bénin n’en est pas épargné avec en appui, des pratiques occultes sous la bénédiction de vicieux charlatans  tapis dans l’ombre.  Si tant est que ces nantis veulent contribuer à l’essor de la culture, appuyer les artistes, cette manière de faire est-elle  la bonne ? Toujours est-il que le bien ne fait pas du bruit et le bruit ne fait pas du bien.

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