Bénin : comment Yayi veut utiliser les routes pour négocier 2016

Le Bénin est en chantier. Le chef de l’Etat, Boni Yayi a, entre autres, placé l’année 2014 sous le sceau du renforcement des infrastructures routières du pays. Il multiplie les cérémonies de lancement officiel de projet de construction de routes. Ces chantiers ont une portée politique. Ils se retrouveront au cœur du débat à mener en 2016 sur le bilan du régime Yayi.

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Après le voyage, le lancement officiel de chantier est visiblement le second sport favori du chef d’Etat béninois, le Président Boni Yayi. Après huit ans de gouvernance au sommet de l’Etat, Boni Yayi s’est, entre autres, illustré de deux manières. La multiplicité des voyages. Le président Boni Yayi a effectué un nombre impressionnant de déplacement à l’extérieur. C’est surtout en 2012 que le Chef de l’Etat a le plus fait parler de lui sur ce registre. Il a profité de son manteau de Président en exercice de l’Union Africaine (Ua) pour sillonner plusieurs capitales africaines et mondiales. Le second sport favori du premier des Béninois est le lancement officiel des projets de construction d’infrastructures routières et de pose de première pierre. Boni Yayi a, entre autres, placé l’année 2014 sous le sceau de la rénovation du réseau routier béninois. Et ainsi, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, plusieurs projets de réhabilitation et ou de bitumage de routes ont été initiés. Comme l’a indiqué le ministre des Travaux Publics à Lokossa le samedi 06 septembre dernier, le Président Boni Yayi a voulu que le Bénin soit en chantier, et il l’est. Il ne se passe plus un mois sans que Boni Yayi ne se rende dans une localité pour lancer officiellement un projet de construction d’infrastructure ou pour poser une première pierre. Ce regain de lancements de projets intervient alors que Boni Yayi est en fin de mandat. On a assisté au même bataclan en 2010-2011 lorsqu’il manœuvrait pour se faire réélire pour un second quinquennat.  Mais cette fois -di, il est à la fin de son séjour constitutionnel à la tête du pays. On pourrait donc se demander quel intérêt un Président en fin de mandat a à multiplier les chantiers de route alors qu’il est conscient de ne pas pouvoir les achever avant de quitter le navire.

« Après nous, c’est nous »

Dans le cas de Boni Yayi, cela appelle à deux pistes d’analyse. En effet, ces travaux lancés tous azimuts sont en rapport avec les enjeux politiques de 2016. Primo, ils pourront permettre à Boni Yayi de sauver le triste bilan de ces deux quinquennats. Secundo, ils pourraient constituer un fonds de commerce pour la négociation d’un troisième mandat ou une rallonge à la tête du pays au-delà du 06 avril 2016, date de la fin de son dernier mandat constitutionnel. Arrivé au pouvoir en 2006 avec son slogan de changement, devenu refondation à sa réélection en 2011, le Président Boni Yayi a promis de mettre le Bénin sur les rails de l’émergence. Il a promis faire du Bénin le Singapour d’Afrique avec à la clé une croissance économique à deux chiffres. Mais à deux ans de la fin de l’ère Yayi, il est un secret de polichinelle que l’émergence promis à grand renfort médiatique a été un fiasco. La gouvernance Yayi s’est illustrée avec une gouvernance politique, économique et sociale à parfaire. Boni Yayi doit alors se sauver la face. Et le secteur de la construction d’infrastructures routières pourrait être pourvoyeur d’argument et d’éléments palpable de réussite. Ce qui permettrait à Boni Yayi de targuer du succès de son mandat pour imposer son dauphin et maintenir son système à la tête du pays.  Ce n’est pas anodin si malgré l’échec de son régime, ses partisans martèlent de plus en plus « qu’après Yayi, c’est Yayi » et « Après nous, c’est nous ».

Attention au cas Tandja

Les rumeurs sur l’existence de manœuvres en cours pour le maintien de Boni Yayi au pouvoir au-delà de 2016 se font de plus en plus persistantes dans l’opinion béninoise. Après l’échec (pour le moment) du projet de révision constitutionnelle, les thuriféraires du régime auraient doublé d’ardeur dans la recherche de voies et moyens pour le maintien de leur chef à la tête du pays au-delà de 2016. Tout comme le programme de microcrédit, les nombreux chantiers lancés pourraient servir cette cause. L’argument serait qu’il faudrait accorder plus de temps à Boni Yayi pour achever ces chantiers. Un peu comme l’a fait l’ancien président nigérien Mamadou Tandja en imposant son « Tazartché » avant d’être déposé par le commandant Salou Djibo en février 2010.  

La route du développement passe par le développement de la route, dit-on. Cet ambitieux projet de rénovation du réseau routier béninois revêt donc d’une importance capitale pour le développement du Bénin.  Seulement, il constitue une arme politique dont Boni Yayi pourrait se servir d’une manière ou d’une autre en 2016.

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