Bénin : le tandem Yayi- Boni Tessi veut bâillonner la presse

On pressentait la nouvelle HAAC dans une posture d’institution répressive de la liberté de presse. Au premier coup, ça n’a pas raté. Après avoir tenu des propos attentatoires à la démocratie et à l’état de droit à Boko, c’est la Haac qui vient au secours du Chef du l’Etat pour « sermonner » une presse qui a pris trop de liberté de ton ces jours-ci.

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Le 24 juin dernier, alors que le Chef de l’Etat venait à peine de prendre le décret N°20-14-370 pour nommer ses trois représentants à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication(Haac),  on prophétisait « une descente aux enfers programmée pour la presse ». L’inquiétude provenait du profil de certains nouveaux conseillers pêchés dans les eaux troubles de la nébuleuse Fcbe, la seule et l’unique coalition politique soutenant des actions du Chef de l’Etat depuis 2007. Il s’agit d’hommes politiques, connus comme tels, et qui dans le passé se sont affichés comme de véritables zélateurs du pouvoir. Cette inquiétude s’est accrue lorsqu’on a appris que c’est l’un de cette race de « conseillers politiciens » qui a été choisi par Boni Yayi comme président de l’institution. Il s’agit d’un autre Boni. Adam Boni Tessi, jusque là député Fcbe, réputé très froid mais un des fanatiques du régime. On a donc compris qu’on a affaire à une Haac politique qui sera très hostile à une presse critique contre le régime. Que Yayi, ayant souffert des attaques d’une presse courageuse, critique et libre lors de son premier quinquennat, la veut plus douce, plus « docile ». A la première offensive médiatique contre les propos inquiétants du Chef de l’Etat à Boko, la Haac agite le glaive. Au cours d’une séance de travail vendredi passé à la Haac, Adam Boni Tessi annonce les couleurs. La presse aurait un peu exagéré en relayant et en critiquant les propos Yayi.  Un travail pourtant habituel du journaliste mais qui devient hérétique sous nos cieux.  Vendredi dernier, le président appelle les responsables des journaux de la place  à respecter les « textes ». Selon lui, la presse a violé des articles du code de déontologie et désormais il entend passer en même temps à la sanction. La fatwa est ainsi lancée contre une presse jugée manipulée, virulente, pas professionnelle.  Elle exclut curieusement l’Ortb qui a pourtant lancé cette bourde médiatique. Ici, c’est la mauvaise presse qui est recherchée pour des sanctions extrêmes. Le président ne s’en est pas caché. « La personne est déjà plus forte que vous avec son arsenal. Si elle doit encore avoir raison sur vous, vaut mieux disparaître. Elle va vous couper la tête, les pieds… », affirme le président qui dit paraphrase un dicton bariba. Il parlait ainsi de Yayi qui peut nous couper la tête et les membres s’il a raison sur nous. On comprend le dégré d’engagement du président Adam Boni Tessi pour Yayi. La preuve, il a pris la décision de  convoquer seul cette séance au nom de l’institution. Le conseiller Félix Adimi a fustigé la manière dont il a été convoqué lors de son intervention. Ceci est la preuve évidente que Boni Tessi a reçu de consigne extérieure qui ne peut  provenir que de son mentor, celui- là même qui a fait de lui député et aujourd’hui président d’institution.  Le mandat est lancé. A chaque fois donc que la presse va reprendre et critiquer les propos de Yayi, la Haac convoquera donc des séances pour intimider  la presse. Qu’elle a du boulot !!!

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