Boni Yayi ou l’art de divertir

Un conseil  extraordinairedes ministres s’est tenu dans la journée d’hier mardi. En lieu et place du communiqué traditionnel, les Béninois ont eu droit à deux déclarations pour le moins curieuses  du ministre des Finances  et du secrétaire général du gouvernement. Déclarations suivies d’une  traduction dans toutes les langues nationales par quelques ministres commis à cet effet. 

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Une grande première, de mémoire de journaliste ! Tout se passe comme si Boni Yayi et son gouvernement conscients de l’effet catastrophique produit par les propos du chef de l’Etat à Ndali voulaient se rattraper et donner la preuve de leur bonne foi .D’où le ton d’apaisement adopté par le collège des ministres et la volonté affichée de disculper le chef du  gouvernement. Mais le mal est fait !

La vérité est que les propos calamiteux prononcéspar le chef de l’Etat à Ndali lundi dernier ont provoqué une levée de bouclier sans précédent sur les réseaux sociaux et les médias classiques en général toute la journée d’hier mardi. Les citoyens dans leur majorité ont eu la dent dure  contre un gouvernement dont le chef avoue publiquement n’avoir pas les moyens d’organiser les élections qui , de son point de vue reviennent trop chères à l’Etat. Plus d’un an après le report sine die des municipales, et à moins de six mois des législatives , les déclarations de Ndali apparaissent comme une provocation de plus de la part d’un gouvernement qui  ne montre aucun empressement à mettre à la disposition du Cos-Lépi, les  moyens qu’il réclame pour achever ce que tout le monde  appelle la « correction de la Lépi ». La convocation expresse de ce conseil des ministres et toutes les gesticulations des ministres d’hier soir sur les plateaux de  latélévision de service publicsont les signes patents  de la panique qui s’est emparée des tenants du pouvoir. Qui ne veulent pas apparaître aux yeux de la communauté internationale comme les fossoyeurs de la démocratie béninoise conquise de haute lutte .

Cependant il y a fort à parier que toute cette débauchede moyens de communication ne soit qu’une simple opération de charme d’un gouvernement aux abois qui a pris la mesure de la détermination des citoyens de ce pays  de voir les élections s’organiser  à bonne date .Il ne fait l’ombre d’aucun doute en effet  que la sortie médiatique tapageuse d’hier n’a qu’un seul objectif : désamorcer la bombe  de la fronde généralisée qu’a provoquée la déclaration de Ndali diffusée en boucle sur la télévision  de service public lundi dernier .Sinon comment comprendre qu’un chef de l’Etat déclare publiquement un jour qu’il n’a pas d’argent pour organiser les élections pour se dédire le lendemain, en   annonçant des décaissements de fonds assortis d’un calendrier de rencontres tous azimuts ? C’est une constante de la méthode Yayi en effet de dire une chose un jour et son contraire le lendemain, voire le même jour, sans rien lâcher sur le fond .Les journalistes se souviennent très bien de l’annonce jamais suivie d’effet à ce jour de suppression de peine d’emprisonnement faite au lendemain de la sortie calamiteuse de Me Lionel Agbo, alors porte parole éphémère du chef de l’Etat. Aujourd’hui,  l’ annonce de décaissements de fonds dont le montant réel reste flou(Komi Koutché doit corriger le lapsus sur la sommation de l’ensemble des fonds à décaisser) doivent être mises en parallèle avec les déclarations inopportunes sur la cherté des élections au Bénin .Il n’est pas certain que le jeu de ping- pong entre le Cos- lepi,  la Cena le gouvernement  et la Cour prenne fin , comme par enchantement de si tôt. Car, la volonté de ne pas organiser les élections ou de les faire organiser dans la précipitation pour aboutir à un autre K.O. n’a jamais cessé d’habiter le locataire du palais de la Marina .Cela apparaît de plus en plus clair dans les déclarations et les actes que posent Boni Yayi et ses séides» .Yayi n’organisera pas les élections tant qu’il n’est pas certain d’en contrôler  l’issue .Le slogan proclamé à cor et cri  ces derniers jours «  après nous, c’est nous » rappelle celui des partisans de Gbagbo avant les élections fatidiques de 2011 en Côte d’Ivoire : « on gagne ou on gagne » !  C’est dire que les scènes de divertissement d’hier ne changent rien -tant s’en faut !- au climat délétère qui règne dans le pays et Il y a toujours péril en la demeure !

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