Qui succédera à l’Angolais Dr Luis Gomès Sambo au poste de Directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour l’Afrique? Difficile de répondre à l’étape actuelle tant la bataille qui aura lieu en novembre prochain à la 64ème session du Comité régional Oms pour l’Afrique à Cotonou s’annonce rude entre les différents candidats en lice. Au nombre de cinq, les candidatures enregistrées sont celles du professeur Dorothée Akoko Kindé-Gazard, du professeur Thérèse N’Dri Yoman, du Dr Fatoumata Nafo Traoré, du Dr Jean-Marie Okwo-Bele et celle d’une Botswanaise.
Engagés dans la course avec la bénédiction de leur pays respectif, le Bénin, la Côte d’ivoire, le Mali, la Rdc et le Botswana, chacun des prétendants, s’appuyant sur son parcours et ses ambitions, se présente comme l’espoir pour le système sanitaire en Afrique.
Dorothée Akoko Kindé-Gazard : le concret pour une meilleure santé de la population africaine
Actuel ministre de la santé au Bénin, Dorothée Akoko Kindé Gazard est, comme annoncée supra, candidate au poste de Directeur régional de l’Oms pour l’Afrique. Calme et discrète mais méthodique, la Béninoise laisse très souvent son parcours et ses compétences internationalement reconnues parler en son nom. Professeur titulaire de parasitologie-mycologie, la ministre Kindé Gazard est chevalier de la Légion d’honneur de la République française.
Elle est la lauréate du Prix Harvard 2014des Leaders de la Santé. Elle est une véritable mobilisatrice éprouvée de fonds et d’équipements pour le secteur de la santé. Tenez ! En tant que Présidente du Mécanisme de Coordination Nationale (Country Coordination Mecanism) du Fonds Mondial de lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose, la ministre-candidate a réussi à réunir quelques cent cinquante millions (150 000 000) d’euros au profit du paludisme, du Vih/Sida et de la tuberculose. Elle est depuis 2009 membre du Technical Evaluation Reference Group (Terg), une instance mondiale composée de neuf (09) experts indépendants du Fonds Mondial. Membres de plusieurs autres structures surtout internationales, elle entend mettre son expérience de près de 30 ans au profit de tout le continent africain. Et ce, rassure-t-elle, pour assurer une meilleure santé à la population africaine par des actions concrètes. « Pour une meilleure santé de la population africaine, privilégions le concret ! » affirme-t-elle. Très rigoureuse sur la qualité de soins, elle veut aussi mettre l’accent sur la ressource humaine avec des agents «formés, responsabilisés, fidélisés à leur poste de travail»
Dr Jean-Marie Okwo-Bele : Fléchir les indicateurs de morbidité et mortalité
Seul homme en lice, Dr Jean-Marie Okwo-Bele est un homme du système Oms. Il est actuellement responsable du Programme mondial des vaccins et vaccinations au siège de l’Oms à Genève. L’homme que ses compatriotes de la République démocratique du Congo qualifient de visionnaire et stratège totalise plus de 33 ans d’expérience en santé publique en Afrique et dans le monde. Sa vision, c’est « Que l’Oms impulse une nouvelle dynamique pour améliorer les prestations sanitaires, ainsi que la santé et le bien-être des populations africaines ». Au cours de son mandat, s’il est élu, il entend «centrer l’action du bureau régional sur le fléchissement des indicateurs de morbidité et mortalité en Afrique.»
Thérèse N’Dri Yoman : l’émergence de l’Afrique par la santé
Protégée de la Côte d’ivoire, Thérèse N’Dri Yoman est professeur agrégé d’Hépato-gastro-entérologie. Titulaire de chaire de médecine, ancienne doyenne de la faculté de médecine, Thérèse N’Dri Yoman a été également ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida. Elle est conseillère spéciale auprès de la Présidence de la République chargé de la santé de son pays depuis décembre 2012. Très confiante, elle se dit avoir tiré leçon de l’échec des candidats ivoiriens lors des précédentes élections à ce poste et compte capitaliser pour décrocher la victoire pour son pays cette fois-ci. Thérèse N’Dri Yoman est visiblement proche de l’Oms pour avoir piloter trois instances de l’organisation. Du haut de ses trente (30) années d’expérience, elle pense en tant que directrice Afrique de l’Oms rattraper le grand retard de l’Afrique en ce qui concerne l’accès à un meilleur état de santé des populations. Elle rêve d’«une région africaine libérée des barrières, en vue d’une accessibilité à des soins de qualité pour tous, dans un esprit d’équité et de solidarité».
Dr Fatoumata Nafo Traoré : ‘’Démocratiser la santé en Afrique’’
Dr Fatoumata Nafo Traoré est la candidate que les femmes médecins maliennes jugent être la meilleure capable de bien s’occuper de la santé des Africains. Pour la candidate, son champ de bataille sera d’assurer la couverture sanitaire universelle pour tous en Afrique. Ses collègues la considèrent comme modèle des femmes africaines et se disent impressionnées par son parcours et par son engagement pour le développement durable de la Santé, de la femme en particulier. Ce parcours, c’est plus de 25 ans au plan international avec des actions de mobilisation et d’utilisation des ressources, ainsi qu’une riche expérience en matière de développement de politiques, de gestion des changements institutionnels et de santé publique. L’Oms est une maison bien connue de cette ancienne Ministre de la Santé et Ministre du Développement Social du Mali. Pour avoir été déjà représentante de l’Oms, la Malienne qui occupe actuellement le poste de Directrice exécutive du Partenariat mondial public privé Roll Back Malaria (Rbm) va également avec un petit avantage : la connaissance de la maison.
Quant à la 5ème candidature, celle de la botswanaise, nous ne pouvons rien vous dire. Même pas son nom. Tant toutes nos recherches à son propos ont été vaines.
Le Bénin doit se réveiller pour pousser sa candidate
C’est une évidence désormais. Le combat pour le poste de Directeur régional de l’Oms pour l’Afrique sera titanesque vu le parcours de chacun des candidats, aussi intéressant les uns que les autres. Les lobbys diplomatiques vont visiblement donc jouer pour faire pencher la balance d’un côté ou comme de l’autre. C’est apparemment ce qu’ont les pays de l’Afrique centrale. Leurs ministres de la santé ont opté pour une candidature unique. Celle du Dr Jean-Marie Okwo-Bele. Ils ont même décidé de la mise en place d’une commission multinationale chargée de la promotion de sa candidature auprès des autres blocs de l’Afrique. L’enjeu est aussi perçu dans la zone Ouest-Africaine où les voix pour l’instant sont partagées entre le Bénin, la Côte d’ivoire et le Mali. «Notre souhait le plus ardent est que les chefs d’Etat de la Cedeao arrivent à un consensus pour présenter un seul candidat» a indiqué à l’Apa le Professeur N’dri Yoman lors de l’une de ses multiples tournés-campagnes dans d’autres pays de la sous-région. Mais jusque-là ce n’est que rêve qui, s’il arrivait à se concrétiser, pourrait profiter à l’Ivoirienne qui se positionne déjà comme chef de file.
Et bien alors que les tractations et les jeux de coulisse vont bon train dans les autres pays, le Bénin semble inactif. Mieux, les comportements des autorités de Cotonou laissent à croire que le Professeur Gazard est la seule candidate, du moins la seule de taille en lice. Ce qui est, comme on peut désormais s’en rendre compte, loin d’être une réalité. Et il faudra que les autorités béninoises mettent les bouchées-doubles et travaillent davantage en faisant jouer leurs influences et leurs atouts. Cela, afin que le Bénin, à travers son ministre de la santé, puisse une nouvelle fois occuper la Direction régionale de l’Oms pour l’Afrique. Ce poste, à n’en point douter, sera mieux que le poste de Président de l’Union Africaine, profitable aux Béninois. Dans tous les cas, que le meilleur gagne, c’est-à-dire celui qui va sauter les barrières qui résistent encore à l’émergence du système de santé publique sur le continent.
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