Suppression des postes de contrôle : le rançonnement s’organise davantage sur les routes

Depuis la décision politique de suspendre temporairement les postes de contrôle sur les routes au Bénin, même si c’est un secret de polichinelle que de dire que le rançonnement continue, il est à noter que les forces de l’ordre multiplient les astuces pour ne pas être sevrés de leurs « 200 fcfa » quotidiens.

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Vendredi 31 octobre aux environs de 11heures du matin ; alors que le chauffard du taxi qui nous transportait en direction de Sè (situé dans le mono) se débattait contre les nids de poules et la poussière qui caractérisent la déviation à quelques mètres du poste de péage et de pesage d’Ahozon(Ouidah), deux individus mal habillés surgissent d’une cabane, l’air décontracté. Celle-ci installée au bord de la voie leur servait d’abri. L’un des individus sorti de la cabane tendit sa main au chauffard qui,  à leur vue, s’est arrêté systématiquement. Il se dépêcha de lui remettre deux pièces de cent francs et continua sa route. « Je ne veux pas perdre mon temps pour 200 fcfa. Il s’agit de policiers, un jour, on viendra les surprendre… » Fulmina le chauffard visiblement mécontent face à notre préoccupation de connaître l’identité de ceux qui viennent de prendre une partie de ses recettes. Mais il n’est pas au bout de sa peine. Quelques kilomètres après le péage, un dispositif de contrôle de sécurité contraint, une fois encore, le taxi à s’immobiliser. Après contrôle, le chauffeur déposa encore une pièce de 200 fcfa sur l’un des colis dans la malle arrière du véhicule et l’agent contrôleur qui faisait semblant de fouiller les sacs ne perdit point de temps pour la ramasser. Seulement, il n’est pas encore au bout de sa saignée financière. Car, arrivé au poste de contrôle, cette fois-ci officiel de Comè, il a encore mis la main à la poche, à peine le contrôle fait. Mais il ne remettra pas l’argent directement à l’officier. Face à l’indiscrétion poussée des passagers du taxi, c’est finalement par l’intermédiaire d’une vendeuse de l’eau à la sauvette que le policier recevra ses « 200 fcfa ».

Même en pleine ville…

Si sur les routes inter- Etat où les postes de contrôle sont supposés réduits, les stratégies de rançonnement ont changé, il en est de même pour la ville. C’est le cas du carrefour « le Bélier ». Ici, la stratégie est très originale. Il sonnait 10heures 25 minutes quand l’un des agents en poste au niveau dudit carrefour interpella par un coup de sifflet le conducteur d’un gros porteur qui s’exécuta. Il courut vers  le policier sous son parasol sans même les pièces du véhicule. A peine sur les lieux, sourire aux lèvres, il jeta des pièces d’argent dans un pot de fleur implanté non loin des agents de police et rejoint aussitôt son véhicule pour continuer sa route. Ces différents gestes, selon les conducteurs de taxi, se répètent au quotidien sur les différentes routes du Bénin. Sauf que les stratégies changent au rythme des reformes. Ainsi, le rançonnement a encore de beaux jours devant lui

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