Constitution : Nago confirme le plan secret de Yayi qui l’a fait reculer

Le président de l’Assemblée nationale était hier, dimanche sur le plateau de l’émission Zone franche de la chaîne de télévision Canal3. Gouvernance du régime Yayi, la révision de la Constitution, sa part de responsabilité dans le bilan du régime, son arrivée à la présidence du parti Upd-Gamesu, les législatives du 26 avril prochain, 2016… aucun sujet n’a été occulté par le Professeur Mathurin Nago.

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Un gros morceau ! Ce dimanche sur le plateau de l’émission Zone Franche de la chaîne de télévision privée Canal3 Bénin, se trouvait un invité très peu ordinaire, le président de l’Assemblée nationale. Deuxième personnalité de l’Etat et sérieux prétendant à la présidentielle en 2016, le Professeur Mathurin Nago, est venu donner réponses à bon nombre de préoccupations et questions sur lesquelles il était attendu.

Révision de la Constitution

Sujet de préoccupation nationale, la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 était, principalement les positions « opposées » du président de l’Assemblée nationale sur le débat étaient au cœur de l’émission. Sur cette préoccupation, le Professeur, après avoir reconnu qu’il était « d’accord et convaincu par un certain nombre de points », a indiqué avoir reculé du fait des velléités cachées derrière ce qui est fait officiellement depuis 2013. « J’ai pris du recul, car il m’a été démontré par les personnes les plus insoupçonnées que c’est une révision opportuniste et qu’à tout moment on pourrait prendre une autre direction et une autre orientation », s’est justifié le président Nago. Le Professeur ajoutera que sa position a été confortée par l’installation d’une deuxième commission en 2011, la commission Gnonlonfoun qui a introduit un certain nombre de choses, notamment l’initiative législative populaire, la démocratie participative. « Ce sont autant  d’éléments, a précisé le président Nago, qui ont conforté les soupçons d’un certain nombre de gens, y compris les gens les plus proches qui me disaient que ce qui se prépare est plus grave ». Quant à la présence encore dans le circuit parlementaire du projet de révision, Mathurin Nago a expliqué que seul l’initiateur a la possibilité de le retirer et que le travail se poursuit actuellement à la commission des lois de l’Assemblée nationale.

Gouvernance Yayi

Après avoir dressé un bilan élogieux de la 5ème et de la 6ème législature qu’il a eu à présider non pas sans difficulté mais avec brio quand- même, l’invité des confrères de Canal3, a dressé avec amertume le bilan du régime Yayi en lequel il s’est beaucoup investi au péril même de sa santé. Cela du fait de l’idéal d’un lendemain meilleur prôné par le chef de l’Etat. Ce bilan est loin d’être éloquent. En effet, si les premiers années de gestion étaient formidables, la qualité de la gouvernance s’est au fil des années détériorée a apprécié le président Mathurin Nago qui dit avoir attiré l’attention du chef de l’Etat à plusieurs reprises. La mal gouvernance à l’en croire, s’est instauré en mode de gouvernance avec des « faits probants de corruption avérée », des scandales et éléphants blancs ça et là. L’invité de zone franche a également critiqué les nominations, notamment la qualité des hommes choisis. Parlant toujours de ces déceptions dans la gouvernance du pouvoir Yayi, le président Nago a évoqué le divisionnisme, l’instrumentalisation des uns et des autres, le régionalisme. Sur ce dernier mal, après avoir dénoncé les propos du chef de l’Etat à Banikoara, ce qui n’est pas une première,  le coordonateur de l’Alliance Forces démocratiques unies a appelé à la retenue et à travailler à l’union. 

« J’assume mon engagement »

Sa part de responsabilité dans ce piètre bilan qu’il a dressé du régime Yayi, Mathurin Coffi Nago l’assume. « J’assume mon engagement », a déclaré la 2ème personnalité qui ne regrette pas de s’être engagé aux côtés du chef de l’Etat sur la base de ses déclarations et de ses proclamations de conduire le Bénin à l’émergence. « Je dois avouer que les premières années, ont été des années de passion, de conviction. Mais il y a eu des dégradations au fur et à mesure », a-t-il souligné avant de rectifier que contrairement aux rumeurs qui ont été répandues pendant longtemps qu’il ne s’est jamais opposé à la nomination de qui que ce soit. « Je n’ai jamais été associé à la formation d’un gouvernement », s’est défendu le président de l’Assemblée.

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Prise de la tête de l’Upd-Gamesu

En bon enseignant, le Professeur Nago est revenu hier en long et en large sur son avènement à la présidence du parti Upd-Gamesu en allant dans les détails de ce qui s’est réellement passé. Selon Mathurin Nago qui a appelé à la fin des rumeurs,  tout est parti d’une crise au sein du parti dont il aurait pu être le premier président s’il l’avait voulu. « Si j’ai accepté exceptionnellement d’être président…, c’est parce que dans le temps, nous avons eu un conflit lié aux élections législatives. Nous avons eu un conflit au point où quand je suis devenu président de l’Assemblée nationale, l’on voulait utiliser mon propre parti contre moi », a-t-il justifié tout en expliquant que sa candidature contre le président du parti d’alors avait été suscitée par des hommes et femmes qui ne partageaient plus la vision de ce dernier. Laquelle vision était de se faire élire et de faire basculer le parti dans l’opposition en dépit du fait que lui le président de l’Assemblée et membre fondateur du parti se trouvait dans la mouvance présidentielle.

Talon, son départ des Fcbe et le challenge de la députation

Figure de proue de l’alliance au pouvoir depuis 2006, le président Nago a claqué la porte des Fcbe il y a quelques mois. Ce départ serait selon nombre de Béninois lié à ses relations avec l’homme d’affaires Patrice Talon, ennemi n°1 du régime. C’est archi faux a laissé entendre le président de l’Assemblée. C’est plutôt les manœuvres machiavéliques de son partenaire d’hier qui l’ont poussé à la démission. « Je ne suis parti que maintenant car je suis convaincu que tout est perfectible. Mais en même temps que nous nous disons d’être des partenaires sincères en même temps je constate sur le terrain qu’il y a une stratégie savamment organisée pour me fragiliser », a clarifié Nago qui donne pour preuves les actions du pouvoir qui a retourné un maire qu’il a contribué à faire élire, les meetings de son ancienne famille politique contre lui. Il poursuit en disant que la volonté affichée était de l’isoler et de montrer aux cadres qui sont proches de lui ou de sa région qu’il est incapable de faire leur promotion.

Evoquant toujours les manœuvres contre lui, le président Nago s’est dit offusqué de la campagne qui se mène actuellement par le pouvoir qui distribuerait des photos de lui avec l’opérateur économique qu’est Talon qui l’avait rencontré afin d’essayer de réconcilier le président de la République et son « grand ami ». Cela, encore que sa rencontre avec l’homme d’affaires qu’il a connu dans le bureau du chef de l’Etat a eu lieu à la fin 2014 alors que le chef de l’Etat lors d’une adresse à la nation avait demandé de tourner la page dans les affaires de tentatives d’empoisonnement et coup d’Etat qui ont tenu en haleine le pays pendant deux années. « Je ne sais pas pourquoi on utilise cet élément comme un élément de propagande, de campagne contre moi », s’est indigné le président Nago qui, en dépit de toutes les manœuvres en cours pour l’empêcher de se faire réélire, croit en ses chances. Dans la même ligne de sa participation à une élection, le Professeur Nago n’écarte guère la possibilité d’une candidature à la présidentielle de 2016. « Je suis un citoyen béninois et j’ai le droit comme tout le monde », a répondu l’invité de Canal3 qui n’exclut pas non plus la possibilité d’un soutien à un candidat.

Défenseur des acquis démocratiques et cadavres dans placard

Sur le plateau de la Zone franche hier, le président de l’Assemblée nationale qui s’est révélé être un défenseur des acquis démocratiques est revenu sur le rôle qui a été le sien dans le non vote de la loi scélérate de retrait de droit de grève aux magistrats. Après avoir précisé que ce ne fut pas sa seule volonté, le président Nago a expliqué le contexte et le contenu n’étant pas favorables qu’il avait demandé aux initiateurs de la retirer mais que ces derniers n’ont pas voulu et mal leur en a pris.

Tout au long de l’émission, le Professeur Mathurin Nago qui n’a pas nié son accointance avec le chef de l’Etat, laquelle accointance  était interprétée comme une servitude, s’est défendu en expliquant qu’en tant que facilitateur il peut paraître qu’il soit d’un côté ou d’un autre.

Sur la question des cadavres dans son placard, le président a expliqué que c’est juste une expression pour dire qu’il n’a rien à se reprocher.

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