Corruption : 79% des béninois désapprouvent le gouvernement Yayi

La lutte contre la corruption au Bénin est-elle un espoir perdu ? En tout cas, les Béninois sont de plus en plus sceptiques par rapport à l’efficacité de cette lutte menée par le gouvernement. C’est ce que révèle une dernière enquête d’opinion menée par l’Institut de recherche empirique en économie politique (Ireep) pour le compte des enquêtes du round 6 d’Afrobaromètre. Les résultats de cette enquête ont été présentés hier au Chant d’oiseau.

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La lutte contre la corruption s’est détériorée au Bénin pendant ces quatre dernières années. « La majorité des citoyens au Bénin désapprouvent la performance du gouvernement dans la lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. Mieux, la proportion des citoyens qui trouvent que le gouvernement gère « plutôt mal » ou « très mal » la lutte contre la corruption est passée de 19% en 2008 à 38% en 2014 », précise cette enquête. 2014 a été l’année où le fléau a atteint son point culminant. 74% des Béninois trouvent que le niveau de corruption a augmenté dans le pays pendant l’année écoulée. Comparée à certains pays de la sous -région, la performance du gouvernement est en deca de celles des pays comme le Ghana (avec 71 % de désapprobation), le Togo (61%) et la Côte d’Ivoire (53%).

L’enquête va plus loin et situe sur les corporations qui paraissent les plus corrompues pour les Béninois. Pour 64% de Béninois, les hommes d’affaires sont « tous » ou « la plupart » impliqués dans les affaires de corruption. Mais dans les institutions étatiques, la police bat le record de la plus corrompue, selon 54% des Béninois. Parmi les Béninois qui ont recherché certains services publics ces douze derniers mois, la majorité, soit 73% disent qu’il est « difficile » ou « très difficile »d’obtenir les services d’adduction d’eau, d’assainissement ou d’électricité. De même, pour l’obtention  des pièces importante comme la pièce d’identité, l’acte de naissance, le passeport, le permis de conduire, la carte d’électeur ou une autorisation officielle, 58% d’eux pensent que c’est autant difficile.  Pour surmonter ces difficultés, 20% des Béninois déclarent avoir versé une fois pendant ces douze derniers mois des « pot-de-vin » pour obtenir le service qu’ils demandaient. Seul regret, les Béninois victimes de la corruption n’aiment pas trop  signaler cela aux autorités compétentes. Seulement 5% parmi eux ont pu faire cela. Les raisons de cette réticence sont la crainte des représailles des corrompus et corrupteurs, la non connaissance de la manière et du lieu des plaintes et le manque d’espoir par rapport à une action engagée pour cela par les autorités. Cette enquête révèle paradoxalement l’échec du gouvernement dans la lutte contre la corruption. Pourtant, c’est ce gouvernement qui a organisé une marche verte contre le fléau, a fait voter la loi N° 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en république du Bénin et érigé l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Malgré tous ces instruments, la lutte a toujours du plomb dans l’aile. C’est la preuve que les instruments en place ne sont pas efficaces et que les nombreux programmes lancés pour la fourniture en eau potable et en électricité fortement médiatisés ne comblent guère les besoins et les attentes des populations.

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