Législatives 2015 : un bien inquiétant et suspicieux projet de Yayi

Débauchages de militants de l’opposition, intrigues politiciennes, recrutements massifs à la fonction publique, nominations à la pelle de « militants Fcbe » aux postes de responsabilité, propagande outrancière…le président Boni Yayi ne semble rien négliger pour avoir cette majorité. Le forcing et la violence des actes amènent à se poser mille questions sur les intentions réelles du Chef de l’Etat pour une telle majorité.

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«  Boni Yayi, c’est fini ». Cette boutade de Sacca Lafia, président de l’alliance Soleil à Kandi le dimanche 08 mars passé lors de la journée internationale de la femme(Jif) n’a rien d’anodin. En bon politicien, Sacca Lafia a voulu habilement montrer à son ancien patron, la voie de la sortie. Plus on se rapproche des élections législatives, le président Boni Yayi multiplie les actions qui ravivent la suspicion auprès des militants. On le voit à droite et à gauche. Il suffit de l’inauguration d’une petite infrastructure pour voir Boni Yayi bouger avec tout son staff. A chaque jour suffit sa part de propagande. Partout où le Chef de l’Etat passe, il promet ciel et terre. D’Athiémè à Porto Novo, de Biro à Zè, des promesses et des promesses. Tout ceci semble être fait juste pour l’obtention des 50 députés. La propagande ne s’arrête pas là. Le Chef de l’Etat utilise ses autres armes. Il s’agit des recrutements à la fonction publique et les nominations au poste de responsabilité dans l’administration publique. En deux semaines, près de 180 nominations ont été faites au poste de responsabilité de l’administration. Mais il suffit de faire un peu attention à cette liste pour se rendre compte que ce sont majoritairement des militants Fcbe cooptés ainsi pour battre campagne. Il faut ajouter à tous ceux-ci, les 20 ministres candidats aux élections législatives, les Dc et Dg de sociétés et offices de l’Etat et les nombreux cadres engagés aux côtés de leurs chefs hiérarchiques. En un mot, c’est toute l’administration d’Etat que le Chef de l’Etat a réussi à engager dans les campagnes pour les législatives. En dehors des Fcbe, on retrouve quelques transfuges.  On y retrouve quelques ténors de l’alliance Soleil qui fait objet d’une attention particulière. C’est ainsi que Adrien Dèlidji, Dénis Oba Chabi et Félicien Chabi Zacharie ont mordu à l’appât. Tous étaient naguère des membres de l’alliance Soleil. Pour les ramener à l’écurie Fcbe avec laquelle ils étaient en froid, Yayi a utilisé l’arme de la nomination. Tous ont été promus à des postes de responsabilité et en retour, ils doivent démissionner et rejoindre la troupe à Yayi. Pour y parvenir, de grosses pressions sur les intéressés. C’est le cas de Patrice Hounsou- Guèdè, le maire d’Abomey -Calavi qui  a rejoint discrètement  l’alliance And de Valentin Houdé.

Bénin: Patrice Hounsou-Guèdè confirme en catimini sa démission des Fcbe

Des législatives sur fond de référendum

Pourquoi et  au nom de quoi un chef de l’Etat qui finit son mandat dans 12 mois cherche une majorité aussi importante ? Selon des indiscrétions, Yayi veut transformer les législatives en une sorte de référendum. S’il a la majorité tant souhaitée, il pourra l’utiliser à bon escient pour réviser la Constitution. Depuis plusieurs semaines, ces députés font campagne avec ce thème avec des financements colossaux. Jadis, on parlait des professions de foi devant le pape Bénoît XVI et le président Obama. Aujourd’hui, elles se raréfient et on entend plus grand-chose sur la ferme volonté de Yayi de quitter le pouvoir en 2016. Ce qui retient l’attention, c’est la liquidation politique en douceur de tous ceux à qui on prêté des intentions de convoiter le fauteuil présidentiel. Soumanou Toléba, Pascal Irénée Koupaki, Mathurin Nago et même le Général Gbian –si proche du Chef de l’Etat – tous ont été déstabilisés par le président Boni Yayi. Certains ont dû renoncer à leurs ambitions, d’autres tentent de lui tenir tête avec les conséquences que cela comporte. Ces signes, ajoutés aux mauvaises fréquentations du Chef de l’Etat en Afrique Centrale avec Idriss Déby, Théodoro Obiang N’guema et Denis Sassou N’guesso ravivent ici les suspicions sur son réel départ du pouvoir. A moins d’un an de la fin de son dernier mandat, Yayi agit et se comporte comme s’il venait de prendre le pouvoir. Une véritable énigme que l’intelligence politique doit chercher à comprendre.  

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