Procès pro-Gbagbo : Cynique outil de propagande pour Ouattara

Toutes les attentions sont de plus en plus focalisées sur la Côte d’Ivoire avec le procès des proches de l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo. Procès dit des « Pro-Gbagbo » dans lequel les accusés les plus en vue sont l’épouse Simone Gbagbo et le fils Michel Gbagbo de l’ancien président détenu à la Haye avec son ancien général de la rue, Charles Blé Goudé.

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Sans ces deux personnes clés du régime, le procès à priori déchaînerait moins de passion comme on le constate actuellement.  Ces deux accusés vedettes sont d’ailleurs les plus médiatisés de tout le lot des 83 co-accusés. Et c’est à leur sujet que les passions s’expriment. 

Ouattara à la manœuvre

Les passions qui se déchainent ne sont que la face cachée de l’Iceberg. La tenue de ce procès actuellement, à quelques 07 mois de la présidentielle de 2015, fait les affaires du président Alassane Ouattara dont le seul souci en ce moment est de se faire plébisciter à cette élection. Un premier tour K.O retentissant pour légitimer un pouvoir qu’il a gagné dans une confusion totale avec l’aide des armes et le soutien de la communauté internationale. Quoi qu’on dise, Alassane Ouattara n’est pas encore fier de la façon dont il a conquis le pouvoir. « Président de la France et de la communauté internationale», l’appelle-t-on. Il lui faut donc à coup sûr réussir à se faire réélire avec un score qui sera  à jamais gravé dans les anales du pays des éléphants pour pouvoir voiler l’historique page sombre que l’histoire lui garde à son accession à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire. Pour parvenir à cette fin, il y a une stratégie à deux temps minutieusement échafaudée qui est mise en exécution. Dans un premier temps, cela consiste à chasser de l’esprit de Bédié, l’idée de se présenter contre lui-même s’il ne représente plus en un potentiel danger. Ce qui est déjà chose acquise. Par un coup de baguette magique, Bédié et son Pdci se sont alignés derrière sa candidature à 98,84 -sensiblement égal à 99%- comme des moutons de panurges.

En effet, si Bédié se présentait, il croquerait une partie des suffrages et amoindrirait donc le score « historique » que recherche Ouattara. Le second niveau du plan, c’est de fragiliser le Fpi de Laurent Gbagbo tout en ridiculisant tous ses proches. Le Fpi de Gbagbo, ce n’est qu’un secret de polichinelle est fracturé de l’intérieur avec la crise de leadership qui le secoue. C’est donc aujourd’hui, une armée sans commandement, ce Front populaire ivoirien (Fpi). Quant à Simone Gbagbo,  la dame de fer, elle est présentée comme « la méchante sorcière »  semblable à celle du dessin-animé « Kirikou ».  Comprenons donc que si la myope justice ivoirienne s’est débattue comme un fauve pour arracher Simone Gbagbo des mailles de la Cpi, c’est pour ce dessein cynique.  

Le cynisme ne tue pas

Le cynisme en politique ne tue pas. Ouattara l’a compris. Il a probablement lu ou a des conseillers qui ont lu Machiavel. Tous les moyens sont bons pour arriver à conquérir, exercer et garder le pouvoir. Le tableau qu’offre ce procès à tout de cynique. D’abord, c’est un acharnement sans merci contre un des deux camps qui se sont livrés bataille et ont donc tous tués des civils, victimes collatérales. Les vaincus sont livrés à une sorte de vindicte populaire officielle. Sur tous les écrans on les voit dans le box des accusés comme les auteurs de la crise poste-électorale qui a provoqué quelques 3000 morts selon les chiffres officiels.  Ceci dans le but de s’attirer les bains de foule comme des héros. Et faut-il le rappeler, le président Ouattara, avec un air de miséricordieux, a évoqué en janvier la possibilité d’accorder une grâce présidentielle à ceux qui seront reconnus coupables d’atteinte à la sûreté de l’Etat. C’est à croire qu’il attend la fin des juridismes en cours pour venir comme le grand barbu, dire, « tout est pardonné ».  De quoi s’offrir peut-être, une retraite politique apaisée après 2020 si le virus africain de la révision opportuniste de la constitution à des fins autocratiques ne l’infectait pas. Le temps nous en dira plus.

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