Propos régionalistes : Yayi récidive à Banikoara

Subjugué  par la recherche d’une majorité parlementaire pour les Fcbe, le Chef de l’Etat mène depuis plusieurs semaines une campagne électorale précoce. Partout où il passe, ses adversaires politiques n’ont pas grâce à ses yeux. Contre eux, il utilise toutes les armes à sa disposition. Dimanche dernier à Banikoara, dans un exercice similaire, il est retombé dans les flancs du régionalisme. Comme le 1er août 2012, Boni Yayi a distingué « les siens » des « gens du Sud ».

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Si ses partisans se vantent, sans convaincre grand-monde, de son record du meilleur président béninois depuis 1960, en construction d’infrastructures, Boni Yayi semble bien exceller dans un autre domaine. Sans trop de contestation, il pourra battre le record du président le plus régionaliste que le Bénin ait connu depuis 1960. Depuis 2006 qu’il est au pouvoir, on a vu le Chef de l’Etat s’emporter souvent et verser aussi facilement dans la profération de menaces et diatribes bien teintés de régionalisme. Dans les hameaux et les campagnes, souvent emporté lors de ses adresses aux villageois, on l’entend parfois dire des choses ignobles et indignes d’un président de la république. Dimanche dernier, alors qu’il était à Banikoara, le président Yayi s’en est pris vertement à Bio Gounou Sina, ancien ministre de la réforme administrative et institutionnelle et ancien Dg Sonapra. Lui, un des siens, Bariba, a commis le péché d’être candidat aux élections législatives mais pas sur la bonne liste mais un de ces nombreux partis et coalitions politiques de gens originaires de la partie méridionale du pays, en l’occurrence l’And de Valentin Houdé. La fatwa décrétée contre lui est sans pitié : « Ce sont des traitres vendus aux Fons, aux gens du Sud. Ceux qui ont tenté de m’empoisonner et de me faire un coup d’Etat. Voter pour ceux- là, c’est voter pour ceux qui veulent de ma mort et m’arracher le pouvoir. Tenez-vous bien mes frères(…) ». Ainsi donc, Bio Gounou, reconnu comme un homme flegmatique devient un paria une fois qu’il flirte avec « ces Fons » du Sud. Il est un traitre, un complice des empoisonneurs et putschistes du Sud et Yayi le livre comme tel.

Bis repetita

 Chassez le naturel il revient au galop. Le 1er août 2012, le Chef de l’Etat avait livré à la face du monde ses relents régionalistes en affirmant devant les caméras de trois chaînes de télévision : « …Ils sont trop petits…je vais leur prouver que moi aussi j’ai du monde derrière dans le Bénin profond…Je vais soulever les miens… ». Venant d’un Chef de l’Etat qui a prêté serment pour être le garant de l’unité nationale et de la paix, cela pose un problème. Sous d’autres cieux, on pourrait parler de parjure.  Quelques mois après, la Cour constitutionnelle a reconnu la gravité des propos en  rendant une décision, dans laquelle, elle affirme que le Chef de l’Etat a méconnu la Constitution. Pourtant, ceci n’a pas semblé inspirer le président Boni Yayi. Ivre du pouvoir, il est prêt à tout dire pour sauver sa face. « Moi je suis fini, ils se trompent, Boni Yayi est là… », avait-il répondu à Saca Lafia qui pérorait sur sa fin politique. En donnant une telle réponse, il ravive tous les soupçons qui pèsent sur lui quant à ses velléités à peine voilées de tenter un coup à l’horizon 2016.

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