Incendie de l’ambassade du Bénin : lettre à mon frère gabonais

J’ai  appris avec consternation en même temps que tous mes compatriotes l’incendie de notre ambassade à Libreville .Incendie provoqué-nous a-t-on dit- par des militants de l’Union  nationale, parti que dirigeait l’opposant André Mba Obame, une fois la nouvelle de la  mort de ce dernier rendue publique dans la journée de dimanche dernier.

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Les  Béninois ont été d’autant plus surpris par la tournure des évènements qu’ils savent qu’il n’y avait aucun nuage dans le ciel des relations entre nos deux pays .De mémoire de Béninois en effet, aucun  président béninois n’a autant visité le Gabon et les pays d’Afrique centrale  que le président Boni Yayi   ces neufs dernières années .Ici, plus personne n’est surpris de le voir sur le petit écran de votre pays au journal de 20h de chez vous, alors qu’il a procédé à plusieurs lancements de routes dans la matinée  chez nous, dans une lointaine contrée. Rien d’étonnant en effet à cela puisqu’il ne voyage plus dans le pays en voiture mais toujours en hélicoptère, la plupart de nos routes sont dégradées ou/et en pleine réfection .

L’incendie d’avant-hier de notre ambassade  réveille en chacun des Béninois  les vieux souvenirs du milieu des années 70, quand des milliers de nos compatriotes vivant au Gabon ont été contraints de rentrer précipitamment au pays dans des conditions infra humaines …. pour des raisons politiques. Nous n’en sommes pas encore là, heureusement, à en croire les dernières dépêches des agences d’information .Mais sait-on jamais ! Nous osons espérer que les uns et les autres feront preuve de retenue pour ne pas franchir le Rubicon Car nos peuples, quoi qu’on dise sont aujourd’hui les mêmes – les relations remontant bien loin au fin fond de la période coloniale .Et plus encore depuis les années 60, tous nos villages côtiers de Grand Popo  à Cotonou  (Apoutagbo ,AVLO agonninkanmè, Docloboé, Djègbadji  ,Ekpè etc) se sont littéralement vidés année après  année au profit des côtes gabonaises, congolaises  et camerounaises  notamment. Résultat :Les noms de vos villes Port Gentil,  Libreville de même que ceux de Douala, Brazzaville sont aussi familiers chez nous .Ceci étant,  nos eaux ensablées par la construction des ports de Cotonou et de Lomé ne produisent plus les poissons qu’on trouve abondamment chez  vous. Depuis plus de 50 ans tous ces Béninois vivant chez vous ont fait des enfants entre eux et aussi avec des Gabonais qui vont et viennent allègrement depuis lors entre les deux pays .A ces populations de pêcheurs s’ajoutent la grande masse des ouvriers maçons, électriciens, plombiers , pour ne rien dire des enseignants de tous ordres contraints au chômage et à l’exil volontaire par le régime du Prpb et ont contribué à l’essor de l’éducation dans votre pays .Au point qu’il n’y a pas un seul Gabonais âgé de 30 à 50 ans qui n’ait pas été formé au cours de son cursus scolaire par un enseignant  béninois.

Lire : Incendie de l’Ambassade du Bénin au Gabon : le gouvernement proteste

C’st pour toutes ces raisons et bien d’autres qu’il faudrait cesser de figer l’ensemble des Béninois dans les mythes et préjugés qui ne correspondent plus à grand-chose .La réputation du Dahoméen fort en pratiques occultes qui colle à la peau de nos compatriotes à l’étranger est largement surfaite. Le Bénin est certes le pays du Vodoun et nous ne sommes pas peu fiers d’avoir sauvé ce pan de notre culture et de l’avoir exporté au-delà des mers mais tous les Béninois ne sont pas des vodouisants, comme tous les Français ne sont pas chrétiens ou athées. Nous sommes un pays qui aspire  à la modernité comme les autres pays africains, sans rien renier de nos traditions .Après tout, Le Japon, la Chine et les pays d’Asie ne se sont pas construits autrement. Il faut cesser de confondre les individus de nationalité béninoise qui utilisent  leurs connaissances du vodoun et des sciences occultes  en général à des fins autres que religieuses pour leur épanouissement et bonheur personnels avec la grande masse des populations originaires du Bénin qui travaillent au quotidien pour sortir leurs familles de la précarité, source de pauvreté intellectuelle et morale.

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Ton frère du Bénin

Vincent FOLY

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