Burundi : «ça passe ou ça casse», le pays saigne gravement

Le Burundi est au bord du gouffre. Le calme semble s’éloigner du pays. Pour preuve, la trêve décidée par les manifestants contre un troisième mandat au président Pierre Nkurunziza n’a pu faire long feu après l’assassinat samedi soir, de l’opposant Zedi Feruzi. Déjà les rues de Bujumbura grondent aux cris de slogans hostiles à l’imperturbable président Nkurunziza.

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L’homme qui a visiblement choisi de faire dans du «ça passe ou ça casse».Insensible alors aux gémissements des Burundais, il se permet de dire laconiquement que ce ne sont que quelques quartiers qui manifestent et qu’a plus de 99%, ses compatriotes sont avec lui. Affligeant ! Contrairement à ces explications empreintes d’un cynisme déconcertant, la situation du pays vire au désastre. Le rêve despotique de Nkurunziza a déjà coûté la vie à des dizaines de Burundais. Des milliers d’autres ont été contraints à trouver refuge dans les pays voisins. Ceux d’entres eux réfugiés en Tanzanie, sont confrontés à une épidémie de choléra, conséquence des mauvaises conditions dans lesquelles ils vivent désormais. Entre policiers et militaires burundais, le courant ne passe plus. Les premiers, très forts d’être dans les bonnes grâces de l’homme fort du Burundi, se donnent le vilain plaisir d’abattre des militaires. C’est dans ce chao que l’opposant Zedi Feruzi a été froidement abattu par un commando armé dans la soirée de samedi. Avec cet assassinat qui illustre l’esprit impitoyable du président Nkuruniza qui ne veut pas faire volte-face, on s’accorde bien avec l’ancien président Domitien Ndayiziye quand il appelle la communauté internationale a constaté que « la sécurité reste une chimère dans le Burundi d’aujourd’hui ». Bien que les preuves n’existent pas encore sur les liens du régime en place avec cet assassinat, on ne peut s’empêcher de penser que c’est de ce côté que pourrait arriver le malheur. Le président Domitien Ndayiziye en est presque convaincu quand il fait remarquer qu’au Burundi, les contestataires ne sont pas armés. A l’opposée de l’hétéroclite opposition constituée d’hommes politiques et d’acteurs de la société civile, le régime a dressé une armée de policiers et de militaires mais aussi de jeunes rebelles, les Imborenakure. Ce crime a priori devrait servir à faire peur aux manifestants contre le troisième mandat auquel Pierre Nkurunziza tient tant. Cela semble ne pas avoir produit l’effet escompté. Paradoxalement, cela paraît être un acte dopant pour les Burundais qui veulent mourir en martyr face à Pierre Nkurunziza et ses ouvriers engagés pour de salles besognes. Et on se demande à qui le tour après Zedi Feruzi.

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