Contrôle du parlement par l’opposition : gagner ou oublier 2016

Sauf ajournement de la doyenne d’âge Rosine Soglo, l’Assemblée nationale devrait élire demain mardi 19 mai son bureau. Les tractations qui ont commencé depuis se montrent interminables avec une majorité parlementaire qui semble bien insaisissable. Dans cette opération, l’opposition joue gros. Si elle perd le contrôle du perchoir, elle devrait mettre entre parenthèses ses ambitions de diriger le pays en 2016.

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Tantôt avec la mouvance, tantôt avec l’opposition, la majorité parlementaire des 42 députés requise pour contrôler le bureau de l’Assemblée nationale semble bien volatile. Depuis une semaine, les tabloïds béninois annoncent les différents schémas possibles et les tractations actuellement en cours pour le contrôle du perchoir. Pour certains c’est la mouvance qui a le contrôle de la situation après avoir réussi à unir à sa cause les députés des alliances Ub et Eclaireur et à débauché cinq autres de l’opposition. Pour d’autres, c’est l’opposition plurielle qui a réussi à se remettre ensemble avec 43 députés. C’est selon la ligne éditoriale et les intérêts immédiats du journal. Pourtant si on s’en tient aux résultats sortis des urnes, l’opposition plurielle avec les listes Un, Prd, Rb,And, Fdu, Soleil, Abt et le Reso Atao devrait s’en sortir avec 46 députés contre 37 pour la mouvance si on suppose que l’Ub et l’alliance Eclaireur s’ajoutent aux Fcbe pour former la majorité.  Mais au Bénin, le jeu politique obéit à des normes d’une excentricité inouïe. Des alliances contre nature entre partis de l’opposition et de la majorité présidentielle peuvent rapidement se réaliser pour le seul intérêt des acteurs en présence. De même, le vote des députés peut bien trahir leurs sensibilités politiques. C’est dans un tel contexte que l’opposition qui peut se targuer, avec tous les partis et alliances de partis qui se sont réclamés comme tels pendant les campagnes d’avoir une majorité stable et confortable de 46 députés se retrouve dans de beaux draps, obligée à courir dans tous les sens pour réunir 42 députés à sa cause. C’est qu’entre temps, certains ont rejoint la même mouvance contre laquelle ils ont bataillé rudement pour être élus députés. L’And de Valentin Houdé a perdu  trois de ses cinq députés. Ataou Hinnouho s’est rapproché des Fcbe, ainsi que d’autres.

Un combat de survie pour l’opposition

Le combat pour le contrôle du bureau de l’Assemblée nationale s’annonce rude, impitoyable et harassant pour l’opposition qui doit s’armer de subtilité et d’intelligence pour contrer la boulimie politique de Boni Yayi décidé de tout contrôler même à 10 mois de la fin de don mandat. Pourtant, l’opposition ne doit pas perdre la face dans ce combat. En effet, cette élection pour le contrôle de l’Assemblée nationale n’est que « la petite élection présidentielle ». Elle est la première élection du bureau de l’Assemblée la plus proche d’une élection présidentielle. Elle en donne d’ailleurs l’avant-goût. En dix mois, les grandes tendances ne devraient pas trop changer. Si la mouvance arrive habilement à contrôler le parlement, cela devrait contribuer à un déclin de l’opposition qui pourrait être affaiblie du fait qu’elle ne contrôle aucune institution. Ensuite, elle pourrait bien décourager les populations  qui ne trouveront plus en cette opposition, une  coalition capable de relever le défi de l’alternance en 2016. De ce découragement pourrait naître une évaporation sensible de son électorat. C’est pourquoi le combat du contrôle du perchoir est un combat de survie pour l’opposition qui doit surmonter ses querelles byzantines afin de dominer les relents autoritaristes du pouvoir.

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