Projet d’appui au secteur de l’eau : le gouvernement pris la main dans le sac

Une nouvelle affaire de prévarication vient d’éclabousser le gouvernement Yayi. Dans un communiqué publié hier sur son site, l’ambassade des Pays-Bas évoque le détournement des fonds destinés au programme d’appui au secteur de l’eau. Au total, une ardoise financière de 40 milliards part en fumée. Contrarié par le profil de l’accusateur, le gouvernement avec son chef, tente de prouver sa bonne foi mais plusieurs actes posés par le passé semblent bien l’accabler.

Publicité

«  Ils ont volé l’argent de l’eau ». Ainsi s’exprimait aujourd’hui un acteur de la société civile sous anonymat qui s’apprête d’ailleurs à faire une sortie médiatique pour appeler à sanctionner sévèrement ceux qui ont commis cette malversation. Son dépit est total face à la voracité des membres du gouvernement et des cadres qui n’ont plus de limite dans leur volonté de mettre le pays à genoux. En Afrique et surtout au Bénin, les traditions la reconnaissent comme une denrée sacrée. « L’eau c’est la vie », dit-on. Quiconque refuse de la donner, de la partager à une personne qui en a besoin est frappé de malédiction. On ne saurait donc voler l’argent qui doit servir à fournir de l’eau potable à des milliers de population. Et pourtant, des cadres béninois l’ont fait détournant l’argent qui devrait servir à donner de l’eau potable à des milliers de Béninois. Si c’était un opposant qui avait dénoncé cela, on aurait tôt fait de la ranger dans la catégorie de la méchanceté politique mais cette fois-ci c’est le bailleur de fonds lui-même qui dénonce la malversation. Ainsi directement accusé, le gouvernement n’a plus autre possibilité que de se défendre.

Lire Les Pays-Bas suspendent leur aide au Bénin pour cause de détournement

Pour faire bonne impression, le Chef de l’Etat se montre surpris par cette information et convoque illico presto un Conseil des ministres pour voir clair dans le dossier. Et en même temps, il confie le dossier à la Brigade économique et financière pour une investigation et pour situer les responsabilités. Mais cette volonté affichée de vouloir tirer au clair ce dossier et de punir les auteurs ne paraît pas trop sincère.

Publicité

Difficile de se cacher derrière son petit doigt

Pendant longtemps, le gouvernement a chanté sa volonté de lutter contre la corruption. La propagande l’a d’ailleurs fait passer comme le meilleur en matière de lutte contre la corruption depuis 1960. Paradoxalement, c’est au sein de ce gouvernement et pendant ces deux quinquennats qu’il y eut les cas les plus renversants de lutte contre la corruption. Souvent, le Chef de l’Etat n’est jamais au courant des cas jusqu’au jour où ils éclaboussent son visage. Seulement dans ce dossier-ci, il sera bien difficile pour le gouvernement et son chef de se cacher derrière cet argument. Et pour cause, l’affaire dont il s’agit n’a pas éclaté avec ce communiqué de l’ambassade des Pays- Bas. Bien avant cela, il y a environ un mois, la presse locale a fait part de cette malversation en citant nommément ce rapport d’audit que détiennent certains cadres du ministère et de la direction de l’eau. Elle, la presse est même allée loin en parlant de cet avertissement des Pays Bas et a même donné des informations sur l’entreprise qui aurait pris les marchés et ne les a jamais exécutés. Pendant tout ce temps, le gouvernement est resté sourd à toutes ces dénonciations.        Mais  il ne saurait se dédouaner en disant ne pas être au courant de cette affaire et de l’existence de ce rapport.  La deuxième raison c’est le conseil des ministres extraordinaire du mardi 07 avril dernier. Au cours de ce conseil des ministres, le gouvernement a décidé de mettre sur pied un Programme d’urgence 2015 pour l’alimentation en eau potable en zone rurale. Dans sa dénomination, son principe et ses objectifs, ce programme apparaît comme la « contrefaction » béate du projet néerlandais pour lequel la prévarication a été commise. Pour le financer, le gouvernement ordonne au ministre des finances, de mettre à la disposition de son homologue de l’énergie et de l’eau, la somme de 3 milliards qui sera mobilisée, tenez vous tranquilles, auprès des sociétés et offices d’état et des opérateurs de Gsm. Dans le même relevé du conseil des ministres, on peut voir la clé de répartition par sociétés et opérateurs Gsm des montants à donner. Alors, on se demande pourquoi et au nom de quelle logique de gouvernance, le gouvernement met sur pied un tel programme qui n’est ni budgétisé, ni inscrit dans l’agenda d’activités du gouvernement. On pourrait bien penser, à juste titre d’ailleurs, que ce programme a été conçu à la hâte pour remplacer le programme néerlandais pour lequel les fonds sont partis en fumée. Une manière de dire : «  oubliez cet argent puisque nous avons déjà fait le travail avec d’autres sous ». Alors donc, le gouvernement devrait adopter le profil bas en parlant de ce dossier. Surtout que Barthelemy Kassa, le ministre en cause est celui là même qui gère les dossiers obscurs du gouvernement et semble avoir la grande confiance de son chef. On se rappelle bien que c’est lui qui a géré la scabreuse affaire de l’hélicoptère présidentiel et de beaucoup d’autres dossiers. Il a acquis une solide réputation de ministre manipulateur qui séduit et amuse Yayi. Aux dernières nouvelles, il a été convoqué hier soir à la Bef ou plusieurs cadres de la direction de l’eau ont aussi été écoutés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité