FIFA : Blatter, un géant du football sort par la petite porte

Quelques jours après sa réélection, Sepp Blatter président de la Fifa s’est fendu d’une conférence de presse, hier à Zurich, pour annoncer sa démission de la tête de l’institution qu’il dirige depuis 1998. Une démission empreint de cynisme et de théâtre

Publicité

Contre toute attente, le maestro du football mondial a annoncé sa démission. Réélu le vendredi 29 mai 2015 pour un cinquième mandat, Sepp Blatter dépose le tablier. «Je me suis représenté car j’estimais que c’était la meilleure option pour l’organisation, a déclaré le Suisse. Cette élection est terminée mais les défis auxquels doit faire face la Fifa sont encore nombreux. […] Bien que j’aie un mandat de membre de la Fifa, je ne ressens pas le soutien de la planète football dans sa totalité – les fans, les joueurs, les clubs, les gens qui vivent, respirent et aiment le football autant que nous l’aimons à la Fifa.»  A la tête de l’instance depuis 17 ans, le Suisse se rend compte, seulement maintenant qu’il est un mal aimé. Un congrès extraordinaire sera convoqué pour l’élection de son successeur. Les statuts de la Fifa prévoient un délai minimum de trois mois.

‘’Démission présence’’ et hypocrisie

A 79 ans, Sepp Blatter annonce qu’il démissionne de la tête de la Fifa. Mais sa démission n’en est vraiment pas une. Car, il reste en fonction. «Je vais continuer à exercer mes fonctions d’ici là», a-t-il précisé. C’est dire qu’il reste le président de l’institution. Et même s’il entend convoquer un congrès extraordinaire entre décembre 2015 et mars 2016, il va continuer à gérer le football mondial.

Outre cette ‘’démission-présence’’, le Suisse fait du théâtre. C’est en effet maintenant qu’il pense aux réformes. «Je vais me concentrer pour engager des réformes ambitieuses ». Après quatre mandats, on a la confirmation qu’il est à la tête d’une sorte de mafia. Laquelle mafia qu’il entretient copieusement pour se maintenir à la tête de l’instance faîtière du football après avoir écarté toute concurrence comme c’est du cas de l’homme d’affaires qatari Mohamed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique (Afc)  en 2011 et du prince Ali vendredi dernier. Depuis 17 ans donc, l’homme fort du foot mondial s’est évertué à s’assurer à chaque instant d’un nouveau mandat. « Je suis désormais libre des contraintes d’une élection». On comprend mieux pourquoi l’institution est dans cet état de déchéance morale avec des scandales à n’en point finir. Venu à la Fifa en 1975 comme directeur des programmes de développement, il a, jusque- là survécu à toutes les tempêtes.

Sortie forcée

Cette démission est une contrainte. Car, au fond, le Suisse n’a plus le choix. Tout son règne n’a été qu’une suite de scandales qu’ il a toujours su éviter. Cette démission survient après une longue liste d’affaires qui ont émaillé l’instance. En 2006, l’affaire Mastercard et ISL éclate. Dans cette affaire, la justice suisse démontre que Joao Havelange, ex-président la Fifa (1974-1998), et Ricardo Teixeira, patron de la puissante fédération brésilienne (1989-2012), ont perçu des pots-de-vin en échange de contrats exclusifs de droits TV pour la Coupe du monde. Autre scandale, l’affaire qatari Mohamed Bin Hammam. La commission d’éthique de la Fifa, qui le soupçonne d’avoir acheté des voix au sein de la Concacaf (confédération nord-américaine), ouvre peu avant une procédure contre lui et Jack Warner, président de la Concacaf et à ce titre vice-président de la Fifa. Les deux seront déclarés coupables et le qatari sera banni à vie du football. Bref, à chaque fois Blatter est sorti indemne. Mais, il n’aura pas résisté aux affaires d’attribution des coupes du monde Russie 2018 et Qatar 2022. Dix membres et anciens membres de la Fifa sont inculpés par la justice américaine. Le coup de grâce est porté dans la matinée d’hier où le New York Times met en cause le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa et bras droit de la Fifa. Le quotidien américain accuse le bras droit de Joseph Blatter d’avoir effectué un virement de 10 millions de dollars sur le compte de Jack Warner, l’ancien président de la Concacaf. Le Trinidadien est impliqué dans plusieurs scandales financiers et de corruption. Le quotidien précise qu’il a les preuves. Cela a donc fragilisé le tout puissant patron de la Fifa qui sort par une toute petite porte après avoir refusé la grande à plusieurs reprises. Et d’ores et déjà la course à sa succession est ouverte. Michel Platini, qui a renoncé à se porter candidat contre Blatter reviendra à coup sûr en scelle même si certaines acteurs estiment que tous ceux qui ont déjà ouvertement nourri l’ambition de briguer la présidence n’ont pas le bon profil. 

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité