Cotonou-Niamey : l’expropriation illégale du Groupe Petrolin

L’affaire Petrolin est loin de livrer ses secrets. Il a suffi que la presse locale parle du parrainage avorté de la signature de la convention de concession et d’exploitation du chemin de fer Cotonou-Niamey pour voir le gouvernement sortir de ses gonds. Dans un communiqué, il tente vainement de se défendre mais sans grand succès

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A l’instar d’une partie de la presse béninoise, votre journal s’est fait l’écho au lendemain de la visite au Bénin du Président français François Hollande de la tentative avortée de faire parrainer par le Premier des français la convention de concession et d’exploitation du chemin de fer Cotonou-Niamey sans la participation du Groupe Petrolin de notre compatriote Samuel Dossou Aworet qui avait pourtant gagné l’appel d’offres international lancé dans ce cadre par les deux Etats. Depuis, le gouvernement béninois, par le biais du Secrétariat général de la Présidence de la République est monté au créneau. Dans un communiqué en date du 3 juillet 2015, la Secrétaire Générale conteste le fait que la signature de la convention de concession ait été envisagée à l’occasion de la visite du Président Hollande. De même, elle affirme que l’opérateur économique Samuel Dossou

Aworet est bel et bien associé au projet.

La Secrétaire générale ne peut pourtant pas nier l’existence de négociations clandestines entre le Groupe Bolloré, l’Etat nigérien et l’Etat béninois sans qu’à aucun moment, le nom de l’adjudicataire du projet, le Groupe Petrolin, ait été évoqué. Aucun document, aucune invitation, aucun projet d’accord n’a jamais été transmis à Monsieur Samuel Dossou Aworet, ni à l’un quelconque de ses représentants dans ce cadre. Ces négociations ont abouti à des projets d’accord sur la Convention de concession, les Statuts de la société qui devrait prendre le relais de l’exploitation de la ligne Cotonou-Niamey en remplacement de l’Ocbn préalablement dissoute, et enfin le Pacte d’actionnaires de ladite société (voir ci- joint photos des pages de garde). Chacun de ces documents a été clairement parafé par les représentants du Groupe Bolloré, de l’Etat nigérien et de l’Etat béninois, preuve évidente que le Groupe Petrolin a bel et bien été déchu de son droit dans ce dossier.

En procédant de la sorte, le Gouvernement béninois et ses deux partenaires ont en effet violé l’accord obtenu le 13 novembre 2013 avec le Groupe Petrolin, accord aux termes duquel l’adjudicataire consentait à laisser le Groupe Bolloré prendre une part de 40% au projet en tant que «partenaire stratégique». Bien que ne conservant que 20% de parts, le Groupe Petrolin demeure le concepteur et l’adjudicataire du projet de réhabilitation et d’extension du Chemin de fer Cotonou-Niamey qui, en dépit du changement de dénomination reste la pierre angulaire de la «boucle ferroviaire». C’est sans doute par souci de patriotisme que M. Dossou, avait consenti à cette répartition (40% pour le Groupe Bolloré, 20% pour le Groupe Petrolin, 20% pour des privés nigériens (non encore identifiés) et 10% pour chacun des deux Etats). Mais hélas, la fourberie de ceux qui auraient dû être des partenaires et non des adversaires, tend désormais à le priver de ses droits. Le communiqué du Secrétariat général du gouvernement ne peut donc pas camoufler la réalité. L’affaire « Boucle ferroviaire » est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Extraits du communiqué du conseil des ministres des 15 et 17 juillet 2014

(…) Le Conseil des Ministres s’est réuni en séances extraordinaires le mardi 15 et le jeudi 17 juillet 2014 sous la présidence du Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.

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Le Conseil des Ministres a autorisé une communication du Ministre du Développement, de l’Analyse Economique et de la Prospective relative à la participation du comité interministériel chargé des négociations relatives au projet de liaison ferroviaire Bénin Niger auxdites négociations du 21 au 26 juillet 2014 à Paris.

La boucle ferroviaire est un vaste projet d’intégration économique sous-régionale destinée à pallier les difficultés actuelles à relier Cotonou, Niamey, Ouagadougou et Abidjan par la voie ferrée. L’application du mémorandum d’entente impose d’examiner et de négocier Parakou-Niamey aux plans juridique, institutionnel et financier. A cet effet, la première série de discussions s’est tenue effectivement à Paris du 15 au 17 mai 2014 entre la partie béninoise, la partie nigérienne et le Groupe Bolloré, avec l’assistance du cabinet d’études international Hogan Lovells pour les intérêts du Bénin et du Niger.

Dans le cadre de la poursuite desdites négociations, il est prévu d’une part, des concertations entre les parties nigérienne et béninoise appuyées par le cabinet Hogan Lovells et le Groupe Bollore sur les points d’achoppement apparus au cours de négociations antérieures et d’autre part, la délégation béninoise qui se rend à Paris s’emploie à obtenir de nos partenaires l’installation dans notre pays des rails répondant aux normes standards.

Il est à rappeler que le coût du projet porte sur un montant de mille deux cent milliards (1 200 000 000) de francs Cfa. La mobilisation de cet important financement se fera par une société au capital de soixante dix milliards (70 000 000 000) de francs Cfa avec pour actionnaires principaux :

1. l’Etat nigérien à hauteur de 10%.

2. l’Etat béninois à hauteur de 10% :

3. le partenaire privé béninois représenté par le Groupe Petrolin de Monsieur Samuel A. Dossou à hauteur de 20% ;

4. le partenaire privé nigérien : 20% ;

5. le Groupe Bollore à hauteur de 40%.

Le Conseil des Ministres saisit cette occasion pour faire constater que ce projet qui au départ était bi-étatique entre le Bénin et le Niger, a pris une dimension régionale intégrant la Côte d’Ivoire, le Burkina- Faso et le Togo. Le Bénin ne peut pas ignorer cette nouvelle réalité qui crée des engagements internationaux auxquels il ne saurait se soustraire. Nous ne pouvons pas également perdre de vue que le Niger copropriétaire de l’Ocbn a porté son choix sur le Groupe Bolloré comme partenaire stratégique à l’instar des autres Chefs d’Etat. Ainsi le Groupe Bolloré qui a fait l’unanimité s’est mis à l’œuvre et a déjà réalisé plus d’une centaine de kilomètres de rail au Niger. Les rails devraient relier Niamey à Cotonou fin septembre 2015. Il est à prendre en compte aussi que les discussions parallèles avec les autres Chefs d’Etat ont abouti au démarrage des travaux du Groupe Bolloré dans tous les pays concernés par le projet à l’exception du nôtre où l’on ne constate pas encore son envol.

Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que les négociations avec notre compatriote n’ont pas abouti à des contrats vraiment précis et surtout ne se sont pas traduits par un début de réalisation sur le terrain, suscitant une grande inquiétude au niveau du Gouvernement. Ainsi, si rien n’est entrepris rapidement, le Bénin serait isolé dans ce mouvement général, se caractérisant par son inertie. Il s’en suit qu’il n’est pas raisonnable de toute évidence, de souhaiter que le Gouvernement s’astreigne à la clause de quarante (40) ans au risque d’hypothéquer durablement le développement de notre pays. Aussi s’avère-t-il urgent et nécessaire que notre compatriote Samuel A. Dossou, demeure dans le projet et coopère avec le Groupe Bolloré afin de mobiliser les ressources et contribuer à boucler le capital de la société en libérant les 20% qu’il a librement décidé de souscrire. Le Gouvernement souhaite sa présence active dans le projet et s’engage à sauvegarder ses intérêts tout en respectant les engagements régionaux et internationaux souscrits. Il s’agit pour les uns et les autres d’un engagement patriotique, car nous devons tous avoir la conscience claire que l’avenir de notre port sera gravement hypothéqué si le Bénin ne travaille pas en synergie avec tous ses partenaires regroupés autour du partenaire de référence Bolloré.

En effet, ce projet structurant est vital pour toute la région et particulièrement pour notre population. Il signifie la résurrection des rails mais aussi un regain d’activités économiques des villes et villages desservis. Il préfigure également une énorme augmentation des activités du port de Cotonou. De ce point de vue, il est essentiel que ce projet prenne corps rapidement dans notre pays pour permettre au Port Autonome de Cotonou de capter l’important trafic que ne manquera pas de générer l’exploitation en cours des énormes richesses minières des pays frères et parties prenantes du projet. Il est évident qu’aucun opérateur économique ne pourra seul faire face aux importants investissements à consentir. Aussi, nos secteurs privés nationaux sont appelés à s’associer au secteur privé international pour mutualiser les ressources financières. C’est pourquoi le projet doit compter aux côtés du partenaire de référence Bolloré, les secteurs privés nigérien et béninois en l’occurrence notre compatriote Samuel A. Dossou du Groupe Petrolin.

Le Conseil des Ministres saisit l’opportunité pour réaffirmer que la pierre angulaire de la politique économique gouvernementale repose sur le partenariat Public-Privé. L’association du secteur privé au développement de notre pays est une constance. Il est donc important que notre secteur privé renforce ses capacités techniques et financières pour relever ce défi majeur. Pour ce faire, il est utile que notre secteur privé accepte de travailler en synergie avec le secteur privé international pour s’appuyer éventuellement sur sa surface financière et bénéficier de son expérience.

Le Gouvernement, tient à rassurer notre compatriote Samuel A. Dossou qu’il est, sans aucun doute, partie prenante du projet et il lui revient à l’instar du partenaire de référence de se mettre avec confiance et détermination au travail pour que le train et les rails deviennent de nouveau une réalité quotidienne dans notre pays. (…)

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