Pour des activités de vacances propres

Oubliées les contraintes de l’année scolaire. Vive les vacances. La nature, dit-on, a horreur du vide. C’est bien normal que de nouveaux centres d’intérêt éveillent et mobilisent désormais l’attention de nos jeunes gens et de nos jeunes filles.

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Les devoirs et autres examens blancs ont tôt fait de céder le pas aux colonies de vacances. Plutôt l’espace libre et moins contraignant des cours de vacances que celui plus rigoureux et plus rugueux des travaux dirigés. Les stages de vacances viennent boucler la boucle, tout doucement et à petites foulées.

Colonies de vacances. Cours de vacances. Stages de vacances. Hors le folklore dont nous les entourons, vu la manière dont nous les organisons, que pèsent-elles ces activités-là ? Prenons-nous la peine de les évaluer ? Que gagnent-ils ou que perdent-ils nos jeunes compatriotes supposés en être, chaque année, les destinataires-bénéficiaires ?

On reconnaîtra, sans peine, que des colonies de vacances, à fort relent de business, n’ont d’éducatif et de pédagogique que le nom. Nous sommes, en vérité, dans le négoce. Peut-il en être autrement ? Des cours de vacances improvisés, non encadrés ou mal encadrés, au contenu non homologué n’ont pas beaucoup valeur. C’est un saut dans le vide. Un saut sans parachute. Des stages de vacances qui prennent les allures d’une promenade de santé de quelques semaines dans une entreprise, c’est de la blague.

Arrêtons-là la comédie. Procédons à une relecture de la pièce. Efforçons-nous, au-delà de la lettre, d’en pénétrer l’esprit. Est absolument nécessaire un nouveau casting, appelant une nouvelle mise en scène, avec une nouvelle distribution des rôles. Il faut revoir de fond en comble nos colonies de vacances, nos cours de vacances et nos stages de vacances, dans l’esprit où s’entend et où se comprend l’expression « nettoyer les écuries d’Augias ».

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Préoccupons-nous du cadre institutionnel de ces activités de vacances. Bénéficient-elles d’une base légale et juridique ? Y-a-t-il des lois de la République qui les encadrent ? De quelle garantie, de quelle assurance, de quelle protection, sous l’angle de la loi, bénéficie-t-il ce gamin livré, devrait-on dire, par ses parents à des tiers dont ils ne savent pas grand-chose ? Ces tiers sont-ils qualifiés pour organiser et pour encadrer des colonies de vacances ? Quelle part de responsabilité engagent-ils ou prennent-ils dans une telle activité ?

Si on ne peut répondre clairement à ces questions, autant reconnaître que nos colonies de vacances, nos cours de vacances et nos stages de vacances ne valent pas plus que tous ces produits de l’informel. Il s’agit de tous ceux contrefaits, piratés, frelatés…qui s’échangent au coin des rues et au gré des va-et-vient des vendeurs à la sauvette.  

Préoccupons-nous du contenu, du profil des encadreurs de ces activités de vacances. Il faut rendre explicites les objectifs de formation des colonies, cours et stages de vacances que nous organisons. « Il n’est point de vent favorable pour qui ne sait où il va ». Il faut se faire du souci pour ce qui touche à la qualification et la qualité de ceux qui encadrent ces activités. Si le bijou est beau, c’est à la qualité du moule qu’on le doit. Le contraire est tout aussi vrai.

Préoccupons-nous de la responsabilité de l’Etat dans les activités de vacances. En termes de droit de regard. Sous l’angle du contrôle. Dans l’esprit d’une nécessaire et indispensable régulation. Il ne s’agit pas, ce disant, de « d’étatiser » les activités de vacances, d’en exclure l’initiative privée. Mais il s’agit plutôt de fixer la part que doit y prendre l’Etat à travers l’un de ses ministères,   celui de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs notamment. Ici, la responsabilité du gouvernement n’est pas loin de celle d’un arbitre de football. Il a sa place dans le jeu. Il joue le rôle du 23è acteur.

Préoccupons-nous, enfin, du suivi/évaluation de ces activités de vacances. Quel est donc ce travail dont le résultat ni n’oblige ni n’engage   personne ?  Quelle est donc cette action sociale dont on ne se soucie de rien apprendre, dont on ne se préoccupe de rien retenir ? Quelle est donc cette activité de vacances qui passe et qui reste sans laisser de trace ? Sauvons de la dérive nos colonies de vacances, nos cours de vacances et nos stages de vacances. Pour mériter, à la fin, de pousser un puissant et vibrant : vive les vacances !

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