PPEA II : comment Boni Yayi et sa mouvance ont mené le peuple en bateau

Dans l’affaire PPEA II, le président de la république et sa mouvance à l’Assemblée nationale se sont bien moqués du peuple béninois et du contribuable néerlandais. Et ce, à travers leur jeu trouble quant à la levée d’immunité de Barthélémy Kassa. Analyse.

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Dans le dossier PPEA II relatif à la prévarication de plusieurs milliards des contribuables néerlandais et béninois, le député Barthélémy Kassa, ministre chargé de l’Eau au moment des faits, ne sera point écouté. En tout cas, pas maintenant. Les députés béninois, lors de la session extraordinaire du jeudi 20 août dernier par une majorité de 45 voix se sont opposés à la demande de levée d’immunité parlementaire de l’ex-ministre du « ciel et de la terre » du gouvernement du président Boni Yayi. La requête de levée d’immunité étant introduite par le chef de l’Etat béninois via le procureur général près la cour d’appel de Cotonou, on est tenté à première vue de conclure que ce sont les députés béninois qui sont contre l’élucidation de cette affaire de détournement de 2,6 milliards FCFA de l’aide néerlandaise et de 5 milliards FCFA du budget national dans la mise en œuvre de la phase 2 du programme pluriannuel d’appui au secteur eau et assainissement (PPEA II). Mais avec du recul, on se rend compte que le rejet de la demande d’immunité est une machination politique émanant du pouvoir lui-même et de son chef en l’occurrence.

Le jeu trouble des députés FCBE

La demande de levée d’immunité du député Barthélémy Kassa accusé par l’Etat béninois de détournement et/ou complicité de détournement de deniers publics a certes été rejetée par une majorité de 45 députés. Mais il convient de relever que parmi ces 45, 41 sont issus de l’alliance Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), l’alliance ayant porté le président Yayi à la magistrature suprême et des alliances ‘’satellites’’. Mieux, le comportement de ces élus laisse clairement transparaître le vilain jeu. On se rappelle en effet que le lundi 17 août, jour initialement retenue pour l’examen en plénière de la demande de levée d’immunité, les élus de l’alliance FCBE et leurs alliés, bien qu’étant présents à l’Assemblée nationale ce jour-là, ne s’étaient pas présentés dans la salle. Ce qui a  contraint après plusieurs d’attente (de 10 heures à 15 heures), le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, à reporter la séance pour le jeudi 20 août dernier.

Et quand ils se sont enfin présentés à la séance plénière du 20 août 2015, les députés Fcbe et leurs alliés, dans leurs différentes interventions, n’ont pas caché leur jeu : la défense d’un camp, notamment le camp présidentiel. Lors des débats jeudi dernier, les élus membres de la mouvance, en l’occurrence les honorables Jean-Michel Abimbola et André Okounlola, ont, sans ambages, justifié leur refus de voter la levée d’immunité par leur « attachement politique » et leur volonté de ne « pas affaiblir le système » du président Yayi. Par la voix du député André Okounlola, les députés de la mouvance ont également expliqué leur opposition à la demande de levée d’immunité par leur volonté de « ne pas donner une très belle occasion en or … à la majorité parlementaire » de les présenter comme « les voleurs » de la république. Les députés proches du pouvoir ont, contre toute attente, évoqué une question de procédure sous prétexte qu’on ne peut poursuivre une personne sur la base d’un rapport administratif. Si cet argument est vrai, il ne demeure pas moins surprenant émanant des députés proches du président. Car, sur la base de simple rapport de commission, ils avaient voté la poursuite devant la Haute cour de justice des anciens ministres Soulé Mana Lawani, Kamarou Fassassi et autres.   

Le Double-jeu du gouvernement

Dans la gestion du dossier, il n’y a pas que les députés Fcbe qui ont joué un mauvais rôle. Il y a aussi le gouvernement. Alors que pressé par les partenaires néerlandais, le gouvernement a donné l’impression de vouloir mettre fin à l’impunité notamment à travers la traduction devant la Haute cour de justice, il mène des actions pour entraver cette demande introduite par lui-même. En effet, pendant qu’il a saisi la justice, par le biais du Garde des sceaux, aux fins d’élucider cette affaire de détournement dans laquelle son ancien ministre est impliqué, le gouvernement a parallèlement mis sur pied un comité. Lequel comité installé pour constater, contrairement aux rapports du premier cabinet d’audit et du cabinet Kroll, l’effectivité des puits et donc montrer qu’il n’y a pas eu de détournement dans cette lugubre affaire. Le conseil des ministres réuni en session extraordinaire lundi 17 août dernier a fait savoir que 56 puits sur 60 ont été réalisés. Cette immixtion de l’Exécutif à la fois dans les domaines judiciaire et parlementaire dénoncé par le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin, Michel Adjaka, a d’ailleurs été hypocritement exploitée par les députés lors des débats à l’Assemblée nationale jeudi dernier. Toutes choses qui laissent penser que le gouvernement a sciemment « vidé le dossier » et des arguments offerts aux députés du camp présidentiel pour rejeter la demande d’immunité de Barthélémy Kassa. Cela, en vue d’entraver l’éclatement de la vérité dans cette affaire au grand dam du peuple béninois, du contribuable néerlandais dont l’argent a été dissous dans les eaux troubles du PPEA II

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