L’allégorie du ver de terre et du dragon

Retour à la sagesse ancestrale. Juste un de ces petits contes qui ont égayé nos tendres enfances Le ver de terre était cet animal fragile là. Il pouvait être piétiné par tous les autres animaux de la forêt.

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Mais aussi par tous les hommes qui passaient. Sa fragilité était aggravée par sa lente locomotion. Il ne pouvait pas vite s’échapper quand il voit le danger venir. Il était donc doublement handicapé et était la proie la plus facile de tous. Exaspéré par cette vulnérabilité, il va se plaindre un jour à Dada Sègbo, le Dieu suprême. « Oh Dieu suprême, je suis le plus faible de tous les animaux de la jungle. Quand la saison est bonne et que je sors, tout le monde me piétine et je meurs. Même une petite tige peut m’écraser ». Alors Dada Sègbo lui demande ce qu’il voulait qu’il lui donne. Et il répond : « je veux compter parmi les animaux forts de la jungle, je veux aussi qu’on me craint ». Alors demain je vais te transformer en dragon. Le lendemain, la mue se produit. Le ver de terre est devenu un grand dragon conformément à la promesse du grand Dieu. Mais ayant souffert pendant longtemps de la force des autres animaux, il devint un dragon dangereux pour la jungle. Très agressif, le voilà griffer à droite, cracher du feu à gauche, étrangler parfois et toujours menaçant. Dada Sègbo reçoit les premières plaintes des autres animaux. Toujours le même dragon agressif qui laisse les stigmates de sa méchanceté sur la peau des autres animaux. Le Dieu suprême convoque le dragon et lui fit annoncer la mauvaise nouvelle.

« Demain, tu redeviendras ver de terre ». Les jérémiades et les pardons du dragon n’ont pu calmer la colère de Dada Sègbo. Il pleura toute la nuit et le lendemain il devient à nouveau ver de terre. Ainsi finissent les plus grosses terreurs. L’usage de la force est toujours éphémère. Et toute position sociale qui confère la force a une fin. Quand on est parti d’une situation de faible et qu’on a connu une position de force, il est souvent difficile de revenir à sa situation initiale. Cette allégorie colle bien à la situation que vit Boni Yayi. Il est ce dragon qui pleure car dans quelques mois, il deviendra ver de terre. Lui aussi était un ver de terre. Simple citoyen, Boni Yayi le deviendra le 06 avril 2016. Il retrouvera son statut d’avant 05 avril 2006. C’était l’homme que Yacouba Fassassi a présenté, alors en meeting pour le candidat Houngbédji en mars 2006, comme un subalterne à lui. Oui, ce fut cet obséquieux fonctionnaire de la Bcb et de la Bceao, cet ancien président de la Boad qui aimait faire les détours dans les bistrots.

Puis il devient dragon agressif en 2006 qui cracha partout du feu et agressa tout sur son passage. C’est sous lui que des fonctionnaires comme Simon- Pierre Adovèlandé, Georges Constant Amoussou ont été jetés en prison. Il a aussi réussi à affaiblir les mêmes partis qui l’ont aidé à gagner le pouvoir. Il a même fait emprisonner sa nièce et son médecin personnel, Moudjaïdou Soumanou, le commandant Pamphile Zomahoun et l’expert comptable Johannes Dagnon. C’est sous lui qu’il y a eu les scandales Cen Sad, machines agricoles et Icc qui dépouilla les Béninois de leurs épargnes. Il a aussi créé des difficultés aux opérateurs économiques les plus prospères comme Patrice Talon, Sébastien Ajavon, Martin Rodriguez et Samuel Dossou dont certains ont été obligés de fuir pour avoir la paix. Pendant près de dix ans, il exerça le pouvoir avec zèle, extravagance et prestige.

Il volait sans cesse dans les airs avec son hélicoptère. C’était un dragon impitoyable qui aura du mal à redevenir ver de terre c’est-à-dire, le simple citoyen qu’il était avant. C’est pourquoi à cinq mois environ de la fin de son mandat, il se comporte comme un président qui vient à peine de prendre le pouvoir. Il vient d’acquérir un second hélicoptère, lance tous azimuts les projets de développement et ouvre des chantiers. Sur le plan politique, il rallie à sa cause tous ceux qui ne l’ont pas soutenu lors des dernières élections et travaille à la consolidation de sa majorité. Il travaille pour un troisième mandat par procuration. Pas pour lui-même mais pour un de ses lieutenants afin de passer tout au moins une retraite paisible. Quand on a passé le temps au pouvoir à persécuter tant, on a vraiment peur de redevenir ver de terre et d’être piétiné plus violemment par ceux à qui il a fait du mal hier. La mue sera difficile à vivre pour Boni Yayi et ceux qui parlent de son accompagnement psychologique n’ont peut-être pas tort.

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