Le vice refugié chez la vertu

Depuis bientôt douze lunes les hommes intègres ont balayé le beau Blaise. Il a précipitamment rejoint le hameau des éléphants avec une petite partie de sa clique de Corrompus de Paresseux et de Jouisseurs (Cpj). Il n’a dû son salut qu’à Flansoi fils et homonyme de l’autre Mitoran en repos éternel où tu sais.

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Après l’enfouissement in extremis des petits envoyés ad patres par les Jabi de Djeng le diable incarné, les choses ont commencé par rentrer petit à petit dans l’ordre.  L’installation de Michel, à ne pas confondre avec celui du cœur de Afrika l’islamiste caché sous le nom des adeptes du Fils de Dieu, et son équipe des sankaristes les révolutionnaires impénitents à la tête du hameau des hommes intègres a permis de remettre les choses en ordre.

Et la vie a repris son cour, a continué avec son train-train habituel avec son lot de soucis de tous les jours. Le peuple à la recherche de l’improbable pitance quotidienne.

Une nouvelle forme de commandement plus apaisée s’est installée. Le droit, la justice et la parole furent libérés. Chacun vaquait paisiblement à ces occupations. Bien sûr, nul ne doutait que les Cpj du beau Blaise étaient toujours aux aguets, car on leur a enlevé le biberon de la bouche.

On en était là il y a quinze jours quand soudain le ciel du hameau des hommes intègres s’assombrit par un après-midi étincelant de soleil saharien. Et les humains, et les animaux étant assoupis à l’ombre des baobabs, tellement la chaleur était étouffante. Même le granit éclatait. Point n’est besoin d’explosif avant de travailler. Le clairon sonna. Les Jabi de Djeng le diable sont rentrés en action en prenant en otage Michel avec tous ses hommes et toutes ces femmes.

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Un analphabète apparu sur le petit écran. Avec sa tête de cauchemar on dirait un croque-mort à la veille d’une liquidation judiciaire. Il avait toutes les peines du monde à déchiffrer un texte pompeusement baptisé Communiqué N°1 en y promenant son index pour ne pas perdre le fil des lignes comme le faisait l’autre généralissime de l’ouest qui légua son minuscule hameau en héritage à son fils bien aimé. Et voilà ! Le cirque qui recommence.

Djeng interdit à tout le monde de sortir de la maison du coucher du soleil jusqu’à son lever et même après. La saison de la chasse à court est ouverte. Les Jabi de Djeng tiraient sur tout ce qui bougeait et principalement sur les petites sœurs et les petits frères de Colibri comme de petits lapins. Nul ne sera de trop. Même mon octogénaire de maman a essuyé quelques rafales de mitraillette à son retour du champ. La résistance des hommes et femmes intègres s’organisa. Les maquis du jeune ancêtre Sankara rentrèrent en action et tous les villages en ébullition.

Le chef de paix de Afrika condamna avec la plus grande fermeté Djeng et ses Jabi. Flansoi et les siens n’en furent point de reste. Il en était de même de Mbarak chef du peuple de jaunisse. Seulement un silence assourdissant venait du hameau des éléphants dont apparemment certains contenaient mal leur joie. Probablement le beau Blaise et son hôte ancien frère même père même mère.

Comme de coutume ,le machin du groupe des hameaux de l’ouest envoya Kiki du pays de la Teranga flanqué de celui de notre hameau qu’on ne présente plus pour soit disant éteindre le feu. Ils firent un tour éclair au hameau des hommes intègres et en revinrent avec une feuille de route qu’on dirait rédigée par Djeng. Ils accordaient illico presto à Djeng et à ses Jabi l’amnistie et remettaient en selle les Cpj du beau Blaise.

Le sang de tout le hameau ne fit qu’un tour. Beaucoup de voix s’élevèrent contre cette fumeuse feuille de route. Notamment les chefs du serpent du désert et des confins de la bande d’Aouzou. Le meeting des chefs du machin de l’ouest ne fut point un ruisseau tranquille. Les chefs décidèrent de remettre Michel et son groupe en selle et supplièrent Djeng le diable et ses Jabi de garder les armes au pied. Ils envoyèrent un groupe voir Djeng le diable pour ce faire. Cette fois-ci Kiki du hameau de la Teranga a été bien inspiré de s’éclipser subrepticement car nul ne pourrait prévoir l’intensité de la foudre qui lui tomberait dessus dans le hameau des hommes intègres.

Devant l’entêtement de Djeng le diable à obéir, les gens d’armes, les teneurs du bâton et autres gabelous se levèrent comme un seul homme et avancèrent sur leur foyer, avec naturellement les hommes et femmes intègres en première ligne. Alors c’est en ce moment et seulement en ce moment que Djeng du haut de ses deux mètres, plus long qu’une flèche mossi a commencé par prendre la vraie mesure de la situation. Et il se mit à baragouiner quelque chose du genre : j’ai commis une erreur, ce coup d’état était de trop, je croyais que le peuple me suivrait. Comment cela aurait pu l’être puisqu’il n’avait point demandé son avis auparavant. Et comble d’ineptie il dit regretter les morts qu’il y a eu et la peine qu’il a causée au peuple.

Au premier rendez-vous de travail, Michel demanda avec fermeté la fermeture définitive du foyer des Jabi. Le patron des porteurs de robe noire mit la main sur l’argent de Djeng le fou et des Cpj du beau Blaise.

Et un nouveau rebondissement : Djeng qui semblait se repentir interdit aux siens de remettre les armes. C’est la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Le chef suprême des gens d’arme demanda à tout le monde de vider les environs immédiats du foyer des Jabi et à tout le peuple de se terrer chez lui. Après quelques coups de semonce tous les Jabi se rendirent comme des chiens apeurés, leurs queues entre les jambes. Savez-vous ce qui arriva ? Djeng un pauvre singe habillé en peau de léopard abandonna ses troupes. Djeng le vice se refugia chez la vertu, le récardaire du Pape au pays des hommes intègres. Ce dernier n’aura de cesse de prier en tout lieu et en tout temps le Saint Esprit qu’il lui réserve une place chez Saint Pierre. Car la dernière fois que Djeng se réfugia chez Belzébuth, il prit le pouvoir en enfer et son hôte alla demander asile à Saint Pierre. Ouf ! Et tout ceci pour cela !

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