Mai 1968, histoire d’une élection jamais élucidée !!

Ce soir du mercredi 07 octobre 2015, le grand amphithéâtre de la faculté des sciences de la santé était presque plein à craquer. A la place des étudiants en médecine étaient assis des personnalités du microcosme politique et du monde universitaire béninois: Bruno Amoussou, Abraham Zinzindohoué, Rafiatou Karim, Marcel de Souza, Honorat Aguessy, Félix Iroko….

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En face d’eux, au présidium, on remarque la présence de Basile Adjou- Moumouni. Cacochyme, taciturne, les mains tremblotantes comme s’il souffrait d’alzeimer, des lunettes sombres pour cacher apparemment une cécité sénile. C’est pourtant ce personnage qui a attiré ce grand monde. Il était entouré de quelques éminences grises du pays : le journaliste Jérôme Carlos, l’historien Pierre Goudjinou Mètinhoué et l’enseignant Gabriel Yandjou. Le sujet de cette rencontre était d’intérêt : l’élection présidentielle du 05 mai 1968. Une élection disparue des annales de l’histoire dahoméenne puisque annulée. Basile Adjou- Moumouni en fut le principal acteur. Ce vieillard aujourd’hui fatigué, fut le jeune homme vif et dynamique qui remporta l’élection présidentielle de mai 1968 organisé par les « Jeunes cadres de l’armée »,  la junte militaire au pouvoir à l’époque. Médecin en service alors au bureau régional de l’Oms à Brazzaville, il paraissait à l’époque comme l’homme neuf que l’on recherchait. Mais curieusement, ils annulèrent eux-mêmes cette élection à laquelle étaient exclus tous les anciens présidents et ministres des gouvernements successifs du Dahomey.

La raison, dirent-ils, le taux de participation était trop faible, 26% à cause de l’hostilité affichée par les partisans des partis traditionnels Prd, Rdd et Udd. Pas seulement ça, les militaires recevaient des pressions de toutes parts et il y a eu trop de tractations, nuance Bruno Amoussou, un des acteurs de cette période. Hier, dans l’amphi, le docteur Basile Adjou Moumouni tente de « rectifier » l’histoire avec en main un livre de témoignage au titre évocateur : « Ce que je sais, 1968 ». En dépit de son grand âge, il donne sa version des choses. Pas pour revendiquer un titre ronflant d’ancien président mais pour que le grand public en sait un peu sur cette période crucial de l’histoire de notre pays. Ce fut aussi une grande tribune de témoignages, de mises au point et de révélations. Au regard des clarifications de l’historien Pierre Goudjinou Mètinhoué, on ne peut plus continuer à dire que le départ du président Hubert Maga du pouvoir en 1963 est un putsch de l’armée. La vraie version fait dire que le président Maga essuyait une fronde des travailleurs du Dahomey rejoints par les populations civiles qui demandèrent unanimement la démission du président. L’armée n’est intervenue que pour mettre de l’ordre dans les choses et pour faire respecter la volonté des populations. Enfin, grosse révélation de Bruno Amoussou : « Bidouzo Barnabé est l’architecte, l’inspirateur et l’organisation du coup d’Etat de 1972 ». Dans un pays où il n’existe presque pas de mémoire, le livre du docteur Adjou- Moumouni est une contribution énorme à l’histoire

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