La jeunesse : entre démagogie et engagement

C‘est nouveau pour mériter d’être signalé : un établissement privé de la place offre son cadre pour un débat hebdomadaire. Les questions qui agitent notre société, les sujets qui préoccupent notre pays passeront au tamis de la réflexion et de l’échange.

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Ce jeudi 19 novembre 2015, le « Mojito« , sis au marché Ganhi, vibre d’un thème fort :  » La jeunesse béninoise : de la démagogie des slogans à l’audace des engagements. »

Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, il n’est aucun régime politique au monde qui ne se préoccupe des jeunes. Tout au moins dans les discours, dans les déclarations d’intention. Cela se comprend aisément. La jeunesse est incontestablement une force. Tout régime politique cherche à la contrôler, à se la concilier. Il vaut mieux, estime-ton, avoir les jeunes avec soi que contre soi.

La jeunesse, une force ? Une force démographique, d’une part. Au Bénin, plus de 60% de la population ont moins de 30 ans. Une force sociale, d’autre part. Les jeunes, de par leur nombre, sont des producteurs, des consommateurs, des contributeurs de tout premier plan. Une force politique, enfin. Les jeunes représentent la part la plus significative de l’électorat. Ils pèsent, par leurs suffrages, d’un poids certain dans les urnes.

Mais, attention : la jeunesse d’un pays n’est pas une entité monolithique. Ici, diversité et différence sont reines. Parce que les jeunes ne vivent pas les mêmes situations et réalités, n’ont pas une vision uniforme de leur présent et de leur avenir, n’ont pas les mêmes aspirations. Jeunesse urbaine et jeunesse rurale,   jeunesse nantie et jeunesse déshéritée, jeunesse vertueuse et   jeunesse délinquante, jeunesse au travail et jeunesse au chômage, jeunesse laborieuse et jeunesse paresseuse, jeunesse engagée et jeunesse indifférente…

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Les politiciens ont l’habitude d’enfermer les jeunes dans les trois grandes prisons de la démagogie. La massification : les jeunes n’étant plus que du bétail électoral à faire balader de faux pâturage en faux pâturage. La généralisation : les jeunes n’étant plus qu’une foule de citoyens indifférenciés qu’on couvre du voile impudique du mensonge. La mystification : les jeunes n’étant plus que l’ombre d’eux-mêmes, abrutis qu’ils sont par l’idéologie de l’aumône, enivrés par la philosophie de la main tendue. Voilà le piège de la dépendance absolue. On refuse de s’assumer. On met tout au compte d’autrui. On croit que sa vie ne dépend pas de soi, mais du bon vouloir des autres.

Il faut appeler les jeunes au sursaut, à un réveil salutaire. Ils ont des droits qu’ils doivent légitimement revendiquer. Ils ont des devoirs auxquels ils ne sauraient se dérober. Ce sont dans ces deux dimensions majeures, celles des droits et des devoirs, qu’il faudrait saisir la jeunesse dans sa réalité et dans sa vérité. C’est seulement ainsi qu’on peut mieux la situer face à ses responsabilités historiques.

Les droits des jeunes sont ceux dévolus à tous les citoyens dans une société de progrès. Ils sont assez bien connus pour ne pas être repris ici. Mais il est nécessaire d’y mettre un accent particulier, de le ponctuer d’un accent grave, de le marquer d’une tonalité forte. Cela ne fait pas pour autant de la jeunesse une catégorie sociale à part, une catégorie au-dessus des lois de la République. Mais le souci ici, c’est que qui perd la bataille de la jeunesse a perdu la bataille de l’avenir. Quels sont les devoirs d’une jeunesse que nous voulons toujours plus consciente, toujours plus responsable ?

C’est, d’abord, qu’elle s’engage à croire en elle-même. La jeunesse doit se convaincre, en effet, que tout lui est déjà donné. Parce que les forces, toutes les forces pour son auto-édification sont en elle. Qu’il lui suffise de les activer et elle libérera, tout aussitôt, le génie qui sommeille en elle.

C’est, ensuite, qu’elle s’engage à se réaliser par elle-même. Il lui faudra, prioritairement, compter sur ses propres forces, sur ses propres capacités. Dans cette vision, la jeunesse doit s’illustrer victorieusement sur trois fronts : le front du savoir et de l’apprentissage, le front de son insertion dans sa société, dans la société de ses semblables, le front de la défense et de l’illustration des principes et des valeurs qui doivent gouverner sa vie, lui servir de boussole sur les chemins de la vie.

C’est, enfin, qu’elle s’engage à servir les autres. Et c’est ici que l’engagement politique, l’engagement pour la construction de la cité, prend tout son sens. Le service avant l’argent. L’utilité aux autres avant tout bien matériel. C’est la voie de la vraie richesse. Pour dire que, face à leurs problèmes, les jeunes ont la solution, les jeunes sont la solution

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