26è Sommet de l’Union africaine: La déception

Le 26è sommet de l’Union africaine qui s’est achevé hier dimanche 31 janvier 2016 à Addis Abeba en Ethiopie, s’est achevé sur une note de déception. Démontrant par là même que cette institution, malgré quelques signaux d’espoir qu’on a cru percevoir en elle, demeure une organisation décevante et inopérante.La principale résolution de ce 26è sommet, portait sur la gestion de la situation sociopolitique au Burundi et notamment sur l’envoi de 5000 soldats dans ce pays annoncé depuis décembre 2015, par le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour des opérations de sécurité, de contrôle et de surveillance du respect des droits de l’homme dans le pays.

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C’est donc sur cette question que tout le monde attendait la fin des travaux de l’institution panafricaine. C’est plutôt la déception qui résume le sentiment exprimé par l’opinion à la fin du sommet de l’auguste institution. Les voix s’élèvent de partout pour dénoncer l’impuissance voire la désinvolture de l’Union africaine face aux questions préoccupantes du continent.

Tout le monde attendait que les Chefs d’Etats se prononcent sur l’envoi des 5000 soldats au Burundi. Mais l’attente de l’opinion africaine a rapidement connu  un désenchantement. Puisque le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui a siégé le 29 janvier 2016, en présence de douze Chefs d’Etats, n’est pas parvenu à harmoniser les points de vue sur l’attitude à adopter. Les Chefs d’Etats qui y prenaient part ne se sont pas accordés sur la décision à prendre à l’endroit du régime de Bujumbura. Les Chefs d’Etats opposés à l’envoi des soldats dans ce pays, qui étaient d’ailleurs en grand nombre, ont soutenu que cette option de l’Union africaine constituerait une atteinte à la souveraineté de l’Etat du Burundi. Et que même s’il fallait y envoyer des soldats, cela devrait se faire avec l’accord du régime de Bujumbura. Même les propos flatteurs du Secrétaire général de l’Onu dès son arrivée à Addis Abeba, n’ont pas pu influencer la fermeté des Chefs d’Etats opposés à une quelconque action de l’Union africaine dans ce pays. Ban Ki Moon trouvait pourtant que l’envoi des soldats au Burundi par l’Union était une décision à encourager.

Cette déception de l’Union africaine suscite des réflexions de part et d’autre. Comme celles sur la portée et l’utilité de cette organisation panafricaine. En décidant de remplacer l’organisation de l’Unité africaine, Oua par l’Union africaine, il y avait l’espoir de voir arriver une nouvelle institution qui viendrait corriger les manquements de la précédente. Connue à l’époque sous l’appellation caricaturale de : «syndicats de Chefs d’Etats» qui se retrouvaient beaucoup plus pour défendre leurs intérêts voir pérenniser leur pouvoir plutôt que de réfléchir sur les problèmes du continent ou plus concrètement des populations. Malheureusement, l’Union africaine prouve encore après ce sommet que les problèmes que connaissent les populations ne préoccupent pas assez les dirigeants. Surtout lorsque le responsable du mal-être de ces populations se trouve être un autre Chef d’Etat. C’est donc beaucoup plus une attitude de solidarité à un homologue qu’adoptent les Chefs d’Etats plutôt que de se préoccuper des soucis et des difficultés des populations.

C’est pour cela qu’il nous paraît opportun et réaliste d’envisager une réflexion sur des réformes éventuelles de cette institution. Question de voir s’il ne serait pas judicieux pour des soucis d’efficacité de l’Union africaine, de repenser son fonctionnement. De retirer l’initiative des décisions aux Chefs d’Etats pour la confier à un autre organe. Qui pourra être un groupe de personnalités issues de la société civile et provenant des différents Etats. Ces personnalités décideront au nom des Etats sans interférence des dirigeants. De telles suggestions peuvent paraitre aux yeux de certains comme relevant de l’utopie. Mais la situation actuelle de l’Afrique  commande de faire de telles rêves et projections. Puisque l’Afrique ne peut pas rester infiniment, le continent incapable de gérer ses problèmes. Les Etats africains connaissent ces dernières années, le développement des organisations de la société civile, qui semblent plus efficaces que les partis politiques. Ces organisations de la société civile ont déjà été à l’origine des changements politiques dans les Etats. Ces mêmes organisations de la société civiles devraient se mobiliser à l’échelle continentale pour remplacer le syndicat moribond des Chefs d’Etats qui sont incapables de prendre des positions décisives à des moments critiques

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