Afrique : Demeurer au pouvoir, un obstacle à la transparence des élections

On croyait avoir fait un pas en Afrique en vivant ces dernières années des élections où les Chefs d’Etats sont candidats, sans que cela n’entache la régularité et la transparence du scrutin.

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C’est ce qu’on a vécu au Sénégal lors des dernières élections présidentielles de 2012. Et plus récemment encore au Nigéria en 2015, où le Président sortant Goodluck Jonathan a eu le mérite d’organiser les élections en toute transparence et de reconnaître sa défaite. Ce sentiment d’avancée démocratique sur le continent s’est rapidement évanoui, à partir des élections présidentielles qui ont eu lieu vers la fin d’année 2015. C’est avec regret qu’on a  observé la résurgence du désir des Chefs d’Etats candidats à ces élections, de rester absolument au pouvoir en créant de sérieuses entorses à la transparence et la régularité des élections. Ces dirigeants mettent sur pied toutes les stratégies pour faire tenir des élections aux résultats préparées d’avance : la victoire du Présidant sortant. Les élections présidentielles  qui se sont tenues en Côte d’ivoire et en Guinée Conakry en fin d’année 2015, constituent de meilleures illustrations.

Dans ces deux pays, le déroulement de la campagne électorale des candidats de l’opposition a été tumultueux. Avec des intimidations des candidats et de leurs militants. Le déroulement des élections autant que les opérations de dépouillement et de décompte des voix ont été les plus contestées en Guinée comme en Côte d’Ivoire. La réélection des Présidents Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et d’Alpha Condé en Guinée, ne se sont pas faits sans grincement de dents. Des critiques pertinentes ont été soulevées par les partis de l’opposition, pour dénoncer des élections taillées sur mesures. Bien avant, c’est le Président Faure Gnassigbé du Togo qui a usé de tous les stratagèmes, d’abord pour se porter candidat, ensuite pour se faire réélire. Dans ces trois pays, les présidents sortants, candidats, ont conservé le pouvoir, mais avec des manœuvres très discutables. Cette logique contagieuse de conservation de pouvoir a gagné d’autres Etats du continent où le scrutin présidentiel a été organisé en 2016.

La volonté de conserver le pouvoir a aussi visité les Présidents ougandais Yowéri Musseveni et nigérien Mahamadou Issoufou. Dans  chacun des pays, le processus électoral, a été vicié. Au Niger de nombreux militants des partis de l’opposition ont subi des arrestations arbitraires. Une affaire de tentative de coup d’Etat a vu le jour de façon rocambolesque pendant la précampagne, et a servi de prétexte pour procéder  à des arrestations judicaires, mais qui avaient des visées politiques. La plus grande incompréhension venait de la détention d’un des candidats de l’opposition Hama Amadou, l’ancien Président de l’Assemblée nationale, qui est resté en détention, alors que la Cour constitutionnelle a validé sa candidature. Le Tribunal de première instance de Niamey et la Cour d’appel de la même ville ayant tour à tour opposé une fin de non recevoir aux  demandes de mises en liberté  provisoire formulées par sa défense, pour lui permettre de battre campagne en toute liberté. L’organisation des élections présidentielles qui s’y sont déroulées le dimanche 21 février 2016, ont fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Ce qui a entraîné la reprise du vote dans certaines localités du pays le lendemain (lundi). Les candidats de l’opposition ont aussi critiqué la méthode de recueil et de traitement des données par la commission électorale qui publie déjà des résultats partiels qui placent en tête le Président sortant le président Mahamadou Issoufou. En Ouganda, la commission électorale a donné avec une rapidité déconcertante les résultats des élections présidentielles qui ont fait le Président sortant Yowéri Musseveni vainqueur. Les irrégularités qui ont entouré le déroulement du scrutin en Ouganda démontraient presqu’ostensiblement, le vœu du régime d’organiser  des élections qui devraient consacrer sans obstacle ni pudeur la réélection du Président sortant. En dehors du Nigéria où le Président sortant, n’a pas été réélu,  partout ailleurs, les Présidents qui ont pris part aux élections jusqu’ici, ont tout fait de les remporter. De tels scénarii sont aussi à prévoir pour les élections présidentielles à venir au Tchad, au Congo et en République démocratique du Congo où les Chefs d’’Etats en fonction seront candidats. Les candidats qui espèrent la transparence du scrutin n’auront que leurs yeux pour pleurer

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