Afrique du Sud : Jacob Zuma sur la voie de la destitution

La Cour constitutionnelle de l’Etat de l’Afrique du Sud a examiné hier mardi 9 février 2016, la plainte déposée par les deux principales formations politiques portant sur l’utilisation indue des fonds publics pour la rénovation de la villa privée du Président Jacob Zuma à Kandla.

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En ouvrant ce dossier hier, la Cour constitutionnelle a donné la parole aux deux parties pour comprendre les différents points de vue. Les avocats de la partie civile ont expliqué que le Président Jacob Zuma a accepté que l’argent du trésor public soit indûment utilisé pour rénover sa villa. En plus, lorsque la médiatrice de la République a rendu public son rapport, elle avait recommandé que le celui-ci rembourse cet argent. Les avocats relèvent que non seulement le Président n’a pas reconnu les faits, mais il a aussi refusé de se soumettre à cette injonction de la médiatrice de la République qui lui demandait de rembourser cet argent.

C’est pour cette raison que les avocats de la partie civile ont demandé à la Cour non seulement de contraindre le Président de rembourser l’argent, mais aussi qu’il soit sanctionné pour n’avoir pas exécuté la recommandation de la médiatrice de la République, qui est constitutionnellement une injonction. Cette plaidoirie incisive des avocats  la partie civile a contraint les avocats de la défense à se montrer dociles. Puisque ces derniers ont rassuré la Cour que le Président Zuma est disposé à rembourser les sommes dépensées. Et qu’il n avait pas refusé de reconnaitre et d’exécuter les recommandations de la médiatrice de la République. La Cour qui a écouté les deux parties s’est donnée quelques semaines pour mieux apprécier lesdites accusations. Mais l’avenir du Président Zuma est à plaindre. D’abord parce que la Cour a accepté d’examiner la plainte déposée par l’opposition. Un scénario auquel ne croyait pas beaucoup le camp de Jacob Zuma.

Ensuite, les arguments avancés par les avocats de la partie civile, sont tellement fondées sur la réalité qu’il serait difficile au Président Zuma d’échapper à la sanction. Et en de telles circonstances, s’il est établi que le Président a refusé de se soumettre aux recommandations de la médiatrice de la République, qui correspond à  un manquement à la Constitution, la voie de la destitution de ce dernier serait alors clairement tracée. Puisque la Cour en  acceptant d’examiner ladite plainte, ouvre aussi par là,  l’éventualité que le Président Zuma soit rendu coupable des faits qui lui sont reprochés. Et si jamais cela arrivait, le président Zuma ne devrait s’en prendre qu’à lui-même. Puisque la revendication de l’ensemble de la classe politique au moment où l’affaire a été révélée en 2014, était que le Président rembourse. C’est d’ailleurs ce que ne cessaient de clamer les députés chaque fois que le Président le Président se rendait à l’hémicycle. Il avait préféré écouter les cadres de l’Anc qui laissaient entendre que le Président n’a rien à rembourser.

Le Président lui-même n’avait pas considéré comme cela se doit, les recommandations de la médiatrice de la République. Il a laissé passer des années jusqu’à ce que les leaders de l’opposition décident de la saisine de la Cour constitutionnelle, pour que par voie de communiqué rendu public la semaine dernière, Président Zuma annonce sa disposition à rembourser cet argent. On est là devant un cas de gestion hasardeuse des fonds publics qui n’est pas  nouveau en Afrique. Mais qui démontre combien l’argent du contribuable peut donner lieu à des usages fantaisistes et extravagants. Heureusement que les pays africains de culture anglo-saxonne, ont toujours  ce quelque chose qui les distingue des autres pays du continent : c’est l’indépendance du pouvoir judiciaire. C’est sur cette justice libre que repose désormais le sort du Président Zuma. C’est elle qui décidera dans les semaines à venir, du devenir politique de Jacob Zuma. Lui qui risque de connaitre le même sort que son prédécesseur Tabo Mbeki qui avait été destitué en son temps par son parti l’Anc. A la différence de Zuma qui risque plutôt  de la subir, à travers le verdict de la  haute juridiction.  

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