Afrique du Sud : Le scandale qui menace d’emporter Zuma

Dans un communiqué de la Présidence de la République Sud africaine, rendu public hier mercredi 3 février 2016, le Président Jacob Zuma s’engage à rembourser la totalité ou une partie des 20 millions d’euros puisés des caisses de l’Etat pour la rénovation de sa villa privée qui se trouve à Kandla.

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Il a demandé que soit créée une commission indépendante chargée de déterminer de façon impartiale la somme à rembourser. Mais cette disposition du Président Zuma à rembourser pour mettre fin à la polémique, ne rencontre pas l’assentiment de tous. Si pour les députés, ce remboursement pourra être considéré comme le résultat de leur incessante interpellation du Président sur la question, les leaders des deux principales formations politiques estiment qu’il ne faudra pas s’arrêter à ce niveau : « il doit non seulement rembourser, mais ensuite démissionner. Cette position de la classe politique sud-africaine est compréhensible. Car en décidant de rembourser maintenant, Jacob Zuma fait du rétropédalage.

Lui qui avait estimé lorsque l’affaire éclatait en juillet 2014, qu’il ne rembourserait rien. Prétextant qu’il n’avait pas commandé de travaux. En plus il a tourné en dérision le rapport de la médiatrice de la république qui a révélé ce scandale. Même les marches de protestations organisées à l’occasion, n’avaient pas  réussi à convaincre le Président Zuma de rembourser. Il a fallu que les leaders des deux formations de l’opposition décident de la saisine de la Cour constitutionnelle sur la question,  pour que le Président Zuma revienne à de meilleurs sentiments. C’est trop tard pensent les dirigeants des partis de l’opposition qui estiment que le Président doit démissionner pour avoir indûment bénéficié des frais de rénovation de sa villa dont le coût des travaux est vraisemblablement faramineux. Soit 20 millions d’euros, rien que pour rénover une villa, cela semble exagéré. La classe politique est aussi remontée par les élans de gaspillage qui ont caractérisé la réalisation de ces travaux.

Comment comprendre que les techniciens aient réalisé dans la villa du Président, des travaux qui ne faisaient pas partie du cahier de charge. Sous le prétexte de l’installation de l’arsenal de sécurité, les techniciens y ont aussi construit : une piscine, des enclos à bétail et un amphithéâtre. Tout ceci au frais du contribuable sud-africain. On est donc là en situation de flagrant délit de gaspillage d’argent public. D’abord au  niveau du coût, 20 millions d’euros  et au niveau des réalisations additionnelles, extravagantes et fantaisistes. Devrait-on rénover la villa privée d’un Président de la République à un tel montant pendant que les citoyens sud-africains crient le mal être et la pauvreté ? Le Président Zuma peut-il se permettre de telles sorties d’argent dans un pays où les mineurs demandent l’augmentation des salaires ? Dans un pays où certains des habitants de certains townships vivent encore dans sans électricité et sans eau potable, malgré les apparences d’un pays en voie de développement ?

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Il reste que le Président Zuma est allé loin, loin dans le gaspillage, loin dans la désinvolture. Ce ne devrait pas être maintenant qu’il devrait décider de rembourser. Il devrait le faire lorsque tout le peuple s’est levé pour dénoncer ces travaux. Si appeler à sa démission semble excessif, Jacob Zuma doit au moins au peuple sud-africain des excuses publiques en plus du remboursement intégral. L’attitude du Président Zuma constitue une déception non seulement pour ses concitoyens, mais aussi pour les autres Africains qui croyaient voir en Afrique du Sud un modèle de gouvernance pour le reste du continent. Le Président Zuma semble un habitué des scandales. Comme celui des rapports sexuels qu’il a entretenus avec une séropositive. Le scandale  de ses mariages polygamiques. Celui de la police qui a tiré a bout portant sur les mineurs grévistes ou le plus récemment encore, celui du traitement xénophobe des africains étrangers avec destruction et pillage de leurs biens. Ce deuxième successeur de Nelson Mandela à la tête de l’Etat arc-en-ciel, aura été le Président le plus décevant pour son pays et pour toute l’Afrique

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