Il s’appelait Pierre Boutros Boutros Ghali

L’Afrique a perdu hier mardi 16 février 2016, une de ses personnalités politiques de renom du 20è siècle et même du 21è siècle débutant. C’est le docteur Pierre Boutros Ghali. Ce grand citoyen africain, de nationalité égyptienne est mort à l’âge de 93 ans. Sa mort a été annoncée par le Conseil de sécurité de l’Onu en milieu d’après-midi.

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L’Afrique pleure donc depuis hier, la perte d’un de ses vaillants représentants aux seins des institutions internationales. D’une part,  l’ancien  Secrétaire général de l’Onu du 1er janvier 1992 au 31 décembre 1996 et d’autre part,  l’ancien Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, (OIF), de 1997 à 2002. A travers ces deux hautes fonctions, Boutros Ghali s’est inscrit dans la postérité. Puisqu’il a été en 1992, le tout premier Africain de l’histoire, à être désigné, Secrétaire  général de l’Organisation des Nations-Unies. Le sixième à occuper ce poste dans l’histoire de cette institution. Tout comme il avait été investi en 1997, comme le tout premier Secrétaire général de l’OIF. Cet organe venait juste d’être  créé lors du septième sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Hanoï au Viêt-Nam en 1997.

Boutros Ghali a connu à travers ces désignations, la consécration  d’une longue carrière universitaire et diplomatique. Après la soutenance d’un doctorat en droit international en 1949,  il devient  enseignant de droit international à l’université du Caire et directeur de plusieurs centres de recherche dans le pays. Il est  élu président égyptien du droit international en 1965. Puis, il  entame une longue carrière politique et diplomatique de 1977 à 1991 comme ministre des Affaires étrangères. Lorsque Boutros Ghali est désigné Secrétaire général de l’Onu le 1er janvier 1992, c’est un homme pétri d’expérience diplomatique, à travers son implication dans le règlement des conflits. Il avait ainsi pris une part active dans les négociations de paix entre Israël et la Palestine qui ont connu une étape décisive en 1991. Mais le passage de ce diplomate égyptien à la tête du Secrétariat général de l’Onu, n’a pas été des plus heureux. Des évènements malheureux et de grande envergure se sont produits, sans que l’Onu ne soit en mesure d’apporter des réponses efficaces.

Le cas de la guerre qui a éclaté en Yougoslavie en 1992, juste l’année où Boutros Ghali prend fonction. Le déploiement des Casques bleus de l’Onu dans le pays, n’a pas pu arrêter les tueries de masse en Serbie comme en Bosnie. Deux ans plus tard, c’est un génocide mémorable qui se produit au Rwanda en 1994. Des milliers de personnes sont tuées avec barbarie et les soldats de l’Onu sont accusés d’avoir laissé faire cette horrible hécatombe.  Est-ce la raison pour laquelle les Etats-Unis s’étaient opposés à sa reconduction en décembre 1996 ? Toujours est-il qu’au cours du sommet de l’Organisation de l’unité africaine qui s’est tenu, à Yaoundé en 1996, les Chefs d’Etats avaient décidé de reconduire Pierre Boutros Ghali à cette fonction. Puisque l’Assemblée générale de l’Onu avait accordé encore le poste à l’Afrique. Mais le véto américain avait fini par imposer le Ghanéen Koffi Atah Annan qui heureusement a assuré la fonction avec compétence et honneur pour l’Afrique.

C’est Boutros Ghali qui inaugure le poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, OIF, de 1997 à 2002. C’est lui qui organise et structure  cet organe qui est devenu aujourd’hui le bras séculier de la Francophonie. Avant de passer le témoin à Abdou Diouf en 2002, Boutros Ghali a reversé au Secrétariat général de l’OIF, l’expérience de la grande institution qu’est l’Onu. C’est son chantier que le Président Abdou Diouf parachève de 2002 à 2015, année de son départ de ce poste. L’Afrique perd ainsi un de ses premiers universitaires de la période précoloniale, un diplomate émérite et un représentant honorable au sein des institutions internationales. Malheureusement, au moment où il quitte la terre, il laisse derrière  lui une Egypte déchirée par les séquelles des soulèvements populaires de 2011. Des soulèvements qui ont plongé son pays dans une spirale d’attentats terroristes et d’insécurité, plombant ainsi le tourisme qui constitue pourtant une des principales sources de devises de l’Egypte.  

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