Après la visite du Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon dans le pays mardi 23 février 2016, c’est une importante délégation de l’Union africaine qui s’est rendue hier jeudi 25 février à Bujumbura, soit deux jours seulement après.
Le déplacement de cette délégation fait suite aux résolutions prises lors du dernier sommet de l’Union africaine des 30 et 31 janvier 2016 à Addis Abeba. Le Président en exercice de l’Union africaine, Idriss Déby Itno, a constitué un groupe de quatre Chefs d’Etats et de Chef de gouvernement pour aller rencontrer les autorités de Bujumbura afin d’initier le dialogue avec l’opposition et les organisations de la société civile. Les présidents de la Mauritanie, de l’Afrique du Sud, du Sénégal et du Gabon en plus du Premier ministre éthiopien qui composaient cette délégation, n’ont pas confié aux médias, le but véritable de leur déplacement à leur arrivée à Bujumbura. C’est sur le terrain que les médias les ont vu s’entretenir avec quelques responsables des partis de l’opposition et les dirigeants des organisations de la société civile.
Toutefois la majorité de ces leaders est en exil par peur des représailles. La délégation de l’Union africaine a aussi échangé avec les chefs religieux avant d’achever cette journée de visite par le banquet offert par le Chef d’Etat burundais. Il ressort de tous ces entretiens que la délégation de l’Union africaine est venue, à la suite du Secrétaire général, inviter les autorités du pays à ouvrir le dialogue avec les différentes composantes politiques du pays. Dialogue qui doit permettre au pays de mettre fin au climat de violence, d’insécurité et d’annihiler les risques pour le pays de sombrer dans la guerre civile. Mais ce que cette mission de la délégation de l’Union africaine offrait d’intrigant, c’est la question de la programmation de cette mission, c’est-à-dire du temps choisi pour l’effectuer. C’est étonnant de remarquer que cette mission est intervenue deux jours après celle du Secrétaire général de l’Onu. C’est quand-même curieux que c’est cette délégation qui arrive après le Secrétaire général de l’Onu dans le pays et sur la même préoccupation. On a été là en face d’un vice de préséance qui porte préjudice au poids et à l’efficacité des deux missions et partant du niveau d’influence sur le Président Nkurunziza.
En considérant l’Union africaine comme une composante de la communauté internationale et l’Onu comme l’ensemble qui intègre l’Union africaine, il devient logiquement impensable que ce soit l’entité inférieure, c’est-à-dire l’Union africaine qui succède à la structure supérieure qu’est l’Onu. L’idéal serait que la délégation de l’Union africaine se rende au Burundi en premier. Puis quelques jours ou une semaine après, que le Secrétaire général de l’Onu arrive aussi pour renforcer avec plus d’influence, l’action entamée par l’Union africaine. Une autre approche aurait été celle de la descente simultanée et concertée des deux délégations dans le pays. Une telle mission étendue aurait suffisamment impacté sur les autorités du pays. Etant donné qu’une délégation qui intègre les Chefs d’Etats du continent en plus du Secrétaire général de l’Onu, pèserait davantage sur le régime que des actions disparates menées par l’une et l’autre délégation.
C’est peut être pour cette raison que le Président Nkurunziza qui a perçu cette disparité, s’est empressé de faire des promesses et de prendre des engagements populistes en annonçant lors de la visite du Secrétaire général de l’Onu, la libération prochaine de 2000 détenus politiques. Alors que les véritables réalisations sont ailleurs. Elles portent sur la rationalisation des interventions de l’armée et de la police, l’arrêt des arrestations arbitraires, des détentions abusives et des exécutions extra judiciaires. Elles concernent la programmation et la présentation des garanties du retour des leaders politiques en exil et des populations déplacées qui ont trouvé refuge auprès des pays voisins. Les dirigeants politiques ont aussi perçu la fébrilité de ces délégations. C’est pour cette raison qu’ils ont déclaré ne pas croire aux promesses et engagements du Président Nkurunziza. Puisqu’il en a toujours faits sans les concrétiser.
Ce scepticisme des opposants au régime, trouve aussi son fondement dans l’incapacité manifeste de ces deux délégations à contraindre le pouvoir de Bujumbura à changer de fusil d’épaule
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