Le Niger et la présidentielle de tous les suspenses

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle au Niger ont produit des résultats doublement surprenants.  D’une part parce que le Président sortant Mahamadou Issoufou qui est arrivé premier, a obtenu 48,41% des suffrages.

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Juste à quelques pas de 50,01 % requis pour la majorité absolue, nécessaire pour gagner au premier tour. C’est ce que les candidats à la présidentielle désignent depuis quelques années en Afrique de l’Ouest : le ko de l’anglais «Knock out». Cette expression  qui est née au Bénin au lendemain de la présidentielle de 2011 qui s’est arrêtée au premier tour avec la victoire du Président sortant, désigne des élections présidentielles au cours desquelles le Président sortant, candidat, gagne au premier tour en obtenant la majorité absolue. C’est ce qu’ont su faire avec plus ou moins de critiques : les Présidents Faure Gnassigbé du Togo, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Alpha Condé de la Guinée Conakry.

D’autre part, parce que le candidat déclaré second à ce premier tour de  la présidentielle au Niger, Hama Amadou avec 17% de suffrages, est toujours en détention. Il n’a pas pu battre campagne, c’est-à-dire parler directement aux électeurs. Ce sont ses amis et ses camarades du parti qui l’ont fait à sa place. C’est pour cela que son score impressionne et étonne toute personne qui a suivi l’actualité politique du Niger depuis quelques mois. La grande interrogation au sujet de cet adversaire du Président sortant au second tour porte sur l’attitude que le pouvoir adoptera  à son sujet. La préoccupation ici est de savoir si le pouvoir politique qui  caporalise le pouvoir judiciaire, ne lui accordera toujours pas une remise en liberté provisoire, maintenant qu’il passe au second tour et qu’il n’est pas encore condamné par une décision de justice. Les Anglais nous diront certainement «Wait and see» comme pour dire que nous ne perdons rien à attendre de la conduite des autorités politiques par rapport à ce dossier embarrassant dans les prochains jours.

Le second tour qui doit opposer dans deux semaines ces deux ‘’amis-ennemis’’, sera celui de tous les suspenses. Ce, d’autant plus qu’il pourra constituer soit la confirmation de la popularité du Président Mahamadou Issoufou au vu de son score du premier tour ; soit qu’il consacrera la montée au pouvoir de Hama Amadou, synonyme de sa sortie de la détention. Un scénario probable, mais qui rencontrera la résistance de son adversaire le Président sortant. Connaissant la possibilité que tous les partis de l’opposition se rallient derrière Hama Amadou, il y aura à plaindre le Président sortant qui risquerait de subir la loi du second tour pour les candidats au pouvoir et pour ceux qui arrivent en tête au premier tour.  Cela s’est vérifié au Sénégal en 2012 et plus récemment encore en République Centrafricaine. L’avenir politique et même civile de Mahamadou Issoufou sera à plaindre si l’ancien Président de l’Assemblée nationale venait à remporter ce second tour. Et cela n’est pas impossible, puisque terminer second dans un scrutin de quatorze candidats alors qu’on est en détention, suppose quand-même que le peuple porte à cœur un tel candidat.

Et dans le cadre du second tour où le nombre de candidats est réduit à deux, le choix des électeurs devient plus facile. Le Président sortant jouera son avenir politique dans ce duel. C’est que soit ça passe à travers la victoire et le numéro un (N°1) du régime reprend le bâton de  commandement ou ça casse avec la défaite et Mahamadou Issoufou pourra attendre le retour de la guillotine, qu’il a fait subir à ses adversaires politiques. A travers des actes d’intimidation, des arrestations arbitraires, des détentions et des emprisonnements politiques. Et ce n’est pas Hama Amadou à qui il doit son élection au second tour en 2011, mais à qui il a fait subir toutes les misères qui lui déroulera le tapis. La défaite de l’actuel homme fort de Niamey sera synonyme de sa descente aux enfers. Le second tour de la présidentielle au Niger plus que par le passé, déterminera d’abord l’avenir de deux hommes. L’un pour son maintien au pouvoir et l’autre d’abord pour recouvrer la liberté. Pas de pronostic à faire, car tout peut arriver lors de ce face à face

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