ORTB: Michel Adjaka critique la déclaration de Lionel Zinsou

Lionel Zinsou, le premier ministre et candidat à l’élection présidentielle du Bénin était hier sur le plateau de la télévision nationale et d’autres chaînes de télévisions privées de la place pour défendre son bilan. Il s’est également prononcé sur les défis à relever pour aller au développement du Bénin. Suite à cette sortie médiatique, le président de l’Unamab a réagit à chaud sur sa page facebook.

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LE BÉNIN EST-IL UNE TERRE DE NON DROIT?

Chers amis, je ne sais pas si vous avez suivi sur la télévision nationale le Premier Ministre Lionel ZINSOU. Sur la justice, le Premier Ministre a déclaré que le Président de la République est garant des institutions de la République, y compris la justice, même si les pouvoirs sont séparés. Cette vision vassalique des institutions de la République prônée par le Premier Ministre est contraire à la constitution du 11 décembre 1990. En effet, le Chef de l’Etat, parce qu’il est détenteur de la force publique, est garant de l’exécution des décisions de justice et non des institutions de la République. Il ne peut juger de l’opportunité de l’exécution des décisions de justice, pas plus qu’il ne peut en commenter publiquement la qualité ou livrer leurs auteurs à la vindicte populaire.
La nuance est très importante; la confusion ou l’amalgame est nuisible à la démocratie et à l’Etat de droit.
La vision tropicalisée de la séparation des pouvoirs que porte le Premier Ministre est handicapante pour le développement du Bénin qu’il appelle de toutes ses forces. La démocratie béninoise obéit aux mêmes exigences conceptuelles que les vieilles démocraties occidentales.
Selon le Premier Ministre, le Chef de l’Etat peut s’opposer à l’exécution des « décisions de justice politiquement sensibles ». Quelle décision qualifie t-il de « politiquement sensible »? Quand dit-on qu’une décision de justice « politiquement sensible »?
Pour faciliter la tâche à ses concitoyens et surtout aux acteurs de la justice, le Premier Ministre a grand intérêt a fait voter une loi pour préciser les contours de ce concept nuisible à la sécurité juridique et à la paix.
Enfin, lorsqu’il a été demandé au Premier Ministre si, devenu Président de la République, il fera faire un audit sur la gestion de son prédécesseur. Monsieur le Premier Ministre a déclaré qu’il faut éviter de faire la chasse aux sorcières. Pourtant, le Chef de l’Etat Boni YAYI ne rate aucune occasion pour nous inviter à nous soumettre à l’obligation de compte rendu. Maintenant que l’heure est arrivée de sacrifier à cette obligation, tous les dirigeants actuellement aux affaires sont des sorciers qu’il faut éviter de perturber. Autrement dit, le Premier Ministre autorise le pillage sans crainte des deniers publics, puisque tous les pilleurs sont des sorciers. J’ai le souffle coupé. Mon pays est malade de ses intellectuels, notamment de ses acteurs politiques.

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