Présidentielle 2016 : L’élection la plus incertaine de l’histoire du Bénin

C’est avec une boule de cristal qu’il faudra désormais rechercher le nom du successeur de Boni Yayi. Face à une classe politique lunatique, un jeu politique fait d’incongruités et de marchandages, un électorat berné et désorienté, il est bien difficile d’avancer le nom du gagnant.

Publicité

Tant il est laborieux de sortir du lot les noms des deux qui iront au second tour (si second tour il y a), tant il est  difficile de prédire celui qui gagnera le sprint final. Dans l’un ou  dans l’autre cas, les analyses et les pronostics semblent être bien interdits.

« Qui sera le prochain président de la république ? ». C’est une question récurrente dans la discussion des Béninois ces derniers jours.  Dans la plupart des discussions, au bord des rues, dans les gargotes, les bars et sur les lieux de cérémonie, il se dégage ce souci constant  sur l’incertitude qui plane sur notre pays quant au choix de celui qui va le diriger dans les jours à venir. L’incertitude naît du fait de l’indécision de l’électeur béninois. Très exigeant, il n’arrive pas souvent à trouver celui pour qui il va voter dans le lot des candidats qu’on lui présente. A chaque candidat ,son défaut. Au point où il lui arrive de ne plus trouver pour qui voter. Aux uns, on dénie la possibilité de diriger un pays parce qu’ils sont opérateurs économiques.  À un autre, on lui reproche la longue collaboration avec Boni Yayi.  Un quatrième serait de la région septentrionale, pas la bonne région après deux décennies de pouvoir par des hommes de sa région. A un cinquième, on trouve que sa peau est trop claire et son accent est trop gaulois pour diriger le Bénin. Cette extrême exigence dans le choix mêlée à une certaine indécision est l’une des causes de cette incertitude. Quant à cela, il faut ajouter l’instabilité et la malice des hommes politiques qui vont à droite et à gauche, font et défont les accords politiques et le manque de sondages d’opinion fiables sur les intentions de vote, il y a de quoi aggraver l’incertitude sur l’issue du scrutin. L’incertitude naît aussi du fait que c’est pour la première fois depuis 1990 que nous allons à une élection présidentielle sans Mathieu Kérékou, Nicéhpore Soglo, Adrien Hounbédji, Bruno Amoussou, Boni Yayi. Ces dinosaures politiques  ont marqué l’histoire politique de notre pays ces vingt cinq dernières années. On assiste donc à un renouvellement de la classe politique avec l’avènement sur le marché politique béninois de nouveaux leaders comme Abdoulaye Bio Tchané, Pascal  Irénée Koupaki,  Eric Houndété, le Gal Fernand Amoussou, les hommes  Sébastien Ajavon et Patrice Talon (qui a déjà  dit qu’il devient désormais un homme politique) puis Lionel Zinsou.

Pas d’éclaircie

L’arrivée des deux hommes d’affaires et surtout de Lionel Zinsou, candidat du pouvoir et de la nébuleuse Fcbe n’a pas permis de voir plus clair dans la situation. On croyait surtout que la candidature de Lionel Zinsou portée par une forte coalition politique Fcbe-Prd-Rb allait la propulser au devant de la scène mais les défections de quelques leaders des Fcbe surtout dans le septentrion, la multiplicité des candidatures d’anciens faucons de la coalition, les contestations dans les fiefs du Prd et de la Rb ne rassurent pas sur l’effectivité d’un K.o qui théoriquement est déjà réalisé avec cette coalition forte d’une cinquantaine de députés. Beaucoup d’analyses tablent sur l’incertitude du vote du Béninois, la rébellion plausible des militants de ces partis qui, se sentant trahis par leurs leaders, pourraient choisir de les désobéir. D’ailleurs, deux sondages émis par des institutions plus ou moins crédibles n’annoncent Bio Tchané et Ajavon au second tour, et Lionel Zinsou en troisième position. A ce jour, il est malaisé de dire si Lionel Zinsou pourra gagner au premier tour malgré tous les soutiens dont il bénéficie. D’autres aussi pensent que les deux hommes d’affaires pourraient ne pas avoir des suffrages proportionnels à la taille des soutiens politiques dont ils bénéficient sur le plan politique. Au finish, l’un des personnages du quinté Zinsou-Ajavon-Talon-Koupaki- Tchané pourrait se retrouver dans le fauteuil douillet de la Marina le 06 avril prochain. Le Fâ, science divinatoire du Bénin avait prédit que « le président sortira de nulle part au dernier moment dans la confusion totale ». Aura-t-il raison ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité