Le Président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno, doit obtenir des soutiens politiques et avoir de la vaine pour résister à la période de turbulence qui a débuté hier sur l’ensemble du territoire national.
Le collectif « ça suffit », un mouvement de la société civile majoritairement constitué de jeunes, a appelé avant-hier mardi 23 février 2016, l’ensemble des citoyens tchadiens à observer hier mercredi, une journée de désobéissance civile sur l’ensemble du territoire national. Ce débrayage tel que rapporté par les médias, a connu des fortunes diverses selon les localités. Il a été plus suivi à Ndjamena. Et a connu sur le reste du pays, une d’adhésion relative des populations. Cet appel à la désobéissance civile lancé par le collectif « ça suffit » constitue l’expression même de la désapprobation par ce mouvement, de l’éventualité de la candidature du Président Idriss Déby aux prochaines élections présidentielles qui se tiendront dans le pays le 10 avril 2016.
Au pouvoir depuis 1990, le Président tchadien totalise jusqu’alors, vingt et six ans de pouvoir. Et la révision constitutionnelle qui a été initiée par lui dans le pays en 2005, a levé le verrou de la limitation des mandats. Elle prévoit désormais que le Président en fonction puisse se représenter indéfiniment. Le collectif « ça suffit » est convaincu que le Chef de l’exécutif tchadien sera candidat. Lui qui a été désigné comme président en exercice de l’Union africaine, ne pourra pas assumer cette fonction, s’il n’est plus Président de la République. C’est bien avant la tenue du dernier sommet en fin janvier 2016, soit une semaine avant, ce mouvement faisait déjà circuler des pétitions et des messages sur internet, pour appeler les Chefs d’Etats du continent à ne pas désigner le Président Idriss Déby comme Président de l’Union africaine. Malheureusement leur cause n’a pas été entendue. Les Chefs d’Etats présents au sommet à Addis Abeba, qui ont la réputation d’ignorer les interpellations des populations, ont porté leur homologue Idriss Déby à la tête de l’Union africaine. Feignant d’ignorer les incidences politiques de cette désignation. A moins de faire fi des signaux lancés par la classe politique et les organisations de la société civile sur la longévité du pouvoir d’Idriss Déby, l’Union à travers son choix a donné une caution tacite au Président Tchadien, de se représenter aux prochaines élections présidentielles. S’il est vrai que la nouvelle Constitution le lui permet, il reste quand même que les Chefs d’Etats africains ont feint d’ignorer les mouvements d’aspiration des peuples africains au changement. Par lesquels les organisations de la société civile, de plus en plus actives sur le continent ces dernières années, initient des mouvements de contestations populaires pour barrer la voie au projet de pouvoir éternel des Chefs d’Etats. La candidature du président Déby est d’une part autorisée par la nouvelle constitution et motivée par son statut de Président en exercice de l’Union africaine, d’autre part. Une fonction qu’il a tant convoitée et qu’il ne saurait abandonner aussi brutalement.
Pourtant la détermination du collectif « ça suffit » tel qu’il a été suivi hier, prouve que l’homme fort de Ndjamena, aura du pain sur la planche. Sa candidature est devenue sujette à caution où personne ne peut prédire le dénouement. L’opposition des populations à la candidature du successeur d’Hissène Habré, embarrassera plus d’un Chef d’Etat. D’abord pour le rôle qu’il a joué ces dernières années sur le continent. Le cas du déploiement des soldats tchadiens sur les terrains de conflits : au Mali et au Cameroun contre les organisations djihadistes. Puis comme nouveau Président en exercice de l’Union africaine récemment désigné. Entre soutien à un homologue et écoute de l’aspiration du peuple au changement, les Chefs d’Etats risqueraient de recevoir sur leurs tables, un autre dossier brûlant sur lequel ils devront se prononcer. Si ces mouvements de contestation de la candidature du Président sortant du Tchad se prolongent, l’année 2016 risquera d’être pour lui, une année de rudes épreuves non plus des assauts des rebelles comme cela a souvent été le cas, mais celle des contestations populaires qui ont réussi ailleurs à pousser les dirigeants à la démission
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