1er tour de la présidentielle au Bénin : Les grandes leçons du scrutin

C’est au second tour  que se jouera la présidentielle de 2016.  Aux termes des grandes tendances annoncées par la Commission électorale nationale autonome(Cena), on note une soif du peuple pour une vraie alternance. Les partis comme le Prd et la Rb qui ont soutenu le candidat du pouvoir ont fait les frais de cette volonté de rupture et ont perdu des plumes dans cette bataille.

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Jamais une élection n’aura suscité autant d’interrogations et d’incertitude. Même ces résultats continuent d’inquiéter. Lionel Zinsou, le candidat du pouvoir arrive certes en tête mais le pourcentage obtenu est loin de combler les attentes de ses alliés politiques qui avaient prédit le KO. Avec ses 28%, il est loin du compte des 50% plus 1. Ce qui a joué contre la candidature du Premier ministre, c’est le fait qu’il est le candidat désigné par Boni Yayi et porté par son système que bon nombre de Béninois souhaitent voir disparaître. Le premier ministre a été aussi handicapé par le flou qu’il a entretenu sur les motivations réelles de sa candidature. Pendant toute la période des campagnes, il n’a pu apporter la moindre réponse aux nombreuses interpellations sur deux phrases choquantes faites en France. « Je suis un tout petit peu Béninois » et « L’Afrique n’appartient pas aux africains » avait-il dit. Ce mutisme a ravivé les soupçons de françafrique qui planent sur cette candidature. Il y a enfin sa nonchalance à impacter positivement les actions du gouvernement. Cette élection laisse percevoir la grande volonté de peuple pour la rupture avec le régime

Mauvais casting au Prd

Le choix fait par le Prd de soutenir Lionel Zinsou a suscité une forte désapprobation du côté des militants  et sympathisants du parti.  Aux lendemains du 12 janvier, son président Houngbédji a essuyé de vives insultes parfois même des jurons. On l’a aussitôt prise pour un traître qui a vendu ses frères pour des dividendes. Ce tollé était déjà un indice que le choix de Zinsou n’est pas trop accepté et qu’il fallait tenir un bon discours de campagne pour convaincre les militants. Mais il semble qu’on n’a pas tenu compte de cette réaction spontanée du peuple. Pour toute explication, le parti et son président affirmaient soutenir Lionel Zinsou pour pouvoir entrer au gouvernement. L’autre raison de cette débâcle c’est le fait que les responsables du parti ont sous-estimé l’ampleur de la contestation. Au cours des différentes réunions qu’il a faites avec ses lieutenants, personne n’a eu le courage de dire au président du parti que les populations ne se retrouvaient pas dans ce choix. Au contraire, pour faire plaisir à leur chef, plusieurs responsables le rassuraient du fait que ceux qui critiquent ne sont pas membres du parti. Bien que tapis dans les rangs des militants du parti, les contestataires ont conduit la fronde dans le silence jusqu’au jour de vote. Car, ce choix posait problème pour beaucoup. Comment un parti d’opposition s’organise pour ne pas avoir de candidat et ne trouve à soutenir que le candidat du système qu’il a combattu pendant ces dix dernières années ? Comment oublier tout ce qui s’est passé pendant cette décennie avec les affaires Icc, Cen Sad, machines agricoles et se compromettre en allant soutenir le candidat de ce système ? A ces différentes questions, les responsables du Prd n’ont pu trouver des réponses claires et convaincantes et ce n’est pas surprenant de voir une frange des militants jeter leur dévolu sur Sébastien Ajavon et Patrice Talon.   

La Rb siphonnée

Une plus grande débâcle est celle subie par la Rb. Patrice Talon, avec le soutien du leader charismatique et ancien président Nicéphore Soglo a réussi à prendre au parti tous ses fiefs du plateau d’Abomey, de l’Atlantique et du Littoral. Il a beaucoup surfé sur son bon programme mais aussi sur le fait qu’il est le simple candidat de l’ethnie fon, la langue la plus parlée dans ces départements. Lors du dernier festival de Danhomè, il a lancé la boutade, «  notre (nous les Fons) tour est arrivé de diriger aussi ce pays ». Pendant ce temps, Léhady et ses lieutenants dormaient sur leurs lauriers croyant sur la fidélité de leurs militants pour glaner quelques voix pour Lionel Zinsou pourtant peu apprécié par les populations

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