Bénin : Les diatribes de Lionel Zinsou contre Yayi, Koupaki, Ajavon, Talon dans l’Express

Le premier ministre Lionel Zinsou serait-il un homme ambivalent? Jusque là il a toujours été un doux agneau. Dans une récente interview à Vincent Hugeux du quotidien l’Express, il affiche le visage d’un félin agressif. Et son nouveau discours ne fait de cadeau ni à Boni Yayi son mentor, ni à ses adversaires politiques du moment : Koupaki, Ajavon, Talon. (Lire l’interview ici)

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Le premier ministre Lionel Zinsou fait progressivement sa mue politique. Le technocrate aux sourires narquois prend l’étoffe d’un homme politique. Et comme tel, il apprend à donner des coups et à prendre même des libertés en s’attaquant à Boni Yayi qu’il trouve d’impulsif. Morceau choisi : « en la matière, mon style s’apparente moins à celui de Thomas Boni Yayi, plutôt impulsif, qu’à celui du « Sphinx » Mathieu Kérékou ». Discours d’affranchissement de la tutelle de son maître ou excès de langage passager? Qualifier son chef d’impulsif dans une interview peut paraître très risqué. En 2011, Abdoulaye Bio Tchané avait utilisé le même adjectif pour qualifier Yayi. La suite on le sait, Yayi lui a rendu la vie difficile et continue d’ailleurs de le combattre.  

Quant à Pascal Irenée Koupaki, c’est carrément une aversion qu’il a pour lui. Il ne ménage ni sa « Nouvelle conscience », ni son octogénaire de soutien Albert Tévoédjrè. Morceau choisi : «en la matière, Albert Tévoédjrè fait preuve d’une incroyable mauvaise foi. Je ne pense pas que la « Nouvelle conscience » constitue un programme intelligent. Ses références aux « valeurs morales » renvoient à l’extrême-droite, à une forme de pétainisme, ou encore à l’idéologie du Tea Party américain ». Une lecture peu objective, bien loin de la réalité politique actuelle et de ce que pensent maints analystes politiques. Sa dureté de langage ne ménage pas non plus Sébastien Ajavon. Morceau choisi : « S’agissant d’Ajavon, je ne crois pas que le capitalisme sauvage conforme à la tradition de ce pays. De même, d’une manière générale, je ne considère pas la fraude douanière et l’évasion fiscale comme des modes d’enrichissements légitimes ».

Là, il s’agit ni plus, ni moins que d’un règlement de compte qui pourrait tourner à un différend si Ajavon décide de ne pas laisser passer. Le premier ministre profite pour donner son avis sur l’influence de l’argent dans la politique et son impact sur les résultats. Dans sa cible d’attaque, les deux hommes d’affaires Patrice Talon et Sébastien Ajavon. Il ne vend pas trop chères leurs peaux pour le scrutin du 06 mars. Morceau choisi : « ici, on n’achète pas vraiment les voix. On paye les gens, et ceux-ci votent comme ils l’entendent. C’est ce que disait Mathieu Kérékou : « Prenez l’argent, sans doute volé au contribuable, et choisissez qui bon vous semble« . La débauche de cash est donc vaine. Si Sébastien Ajavon ou Patrice Talon sort en tête, c’est que mon analyse est erronée. Ces deux hommes d’affaires n’ont pas trouvé de parti traditionnel prêt à porter leur candidature. Chacun en a donc créé un, éphémère, et s’emploie à acquérir la loyauté de corps intermédiaires ». A entendre Lionel Zinsou parler de ces deux c’est comme si au Bénin il n’existe comme partis que les Fcbe, le Prd et la Rb. Ce genre de discours est dénué de toute vérité. Concernant l’utilisation des biens de l’Etat pour usage de campagne, ce dont on l’accuse depuis, il déclare qu’aucune loi ne l’oblige à le faire mais qu’en plus que c’est l’Etat qui utilise ses moyens. Cette interview montre une autre personnalité volcanique, bien loin de l’homme souriant qui se présente aux Béninois.

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