Hama Amadou : De la maison d’arrêt au Palais présidentiel ?

La campagne électorale du second tour de la présidentielle nigérienne, a démarré hier mardi 08 mars 2016 sur l’ensemble du territoire national. Ce second tour met en compétition deux candidats : le Président sortant Mahamadou Issoufou qui a fait un score conséquent de 48,40%, face à Hama Amadou, l’ancien Président de l’Assemblée nationale, qui est poursuivi par la justice du pays pour une supposée implication dans un trafic international de bébés nigérians.

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Il a fait un score au premier tour de 17,17% qui n’était pas fameux, du moins comparé à celui de son adversaire, mais qui lui a permis quand même de passer au  second tour. Mais ce qui suscite l’admiration et même de la curiosité chez ce candidat, c’est le contexte dans lequel, il se retrouve dans le cadre  de cette présidentielle. Il a passé la période de précampagne et même de la campagne électorale du premier tour en détention. Il ne s’est jamais adressé directement à ses militants et même à l’ensemble des électeurs.

Ce sont ses amis et ses camarades du parti qui ont  fait le travail en son nom, lors de la campagne électorale du premier tour. C’était donc une surprise, mais aussi une satisfaction pour ses militants et supporters de le voir passer au second tour. C’est pratiquement dans les mêmes conditions qu’il vivra aussi le déroulement de la campagne et du scrutin qui l’oppose au Président sortant Mahamadou Issoufou, qui a été insensible aux récriminations des leaders de l’opposition.  Ces derniers ont exigé la libération ou la mise en liberté provisoire de Hama Amadou. Par conséquent c’est de sa cellule que ce candidat suivra le déroulement des différentes opérations. C’est une grande première d’entendre qu’un candidat qui postule pour la magistrature suprême soit maintenu en détention.  On ne comprend pas l’obstination du régime de Niamey à garder en détention, un candidat à une élection présidentielle alors que la loi électorale du pays, prévoit que chaque candidat puisse battre personnellement campagne.

Il est logiquement incompréhensible que les autorités nigériennes aient opté de garder embastillé, un candidat à un scrutin aussi crucial que celui de la présidentielle. Si cela l’a été pour le premier tour, le pouvoir de Niamey aurait pu se rattraper au second, en accordant la liberté provisoire à Hama Amadou. Manquer de saisir cette opportunité, c’est être borné dans l’assurance de la victoire du Président sortant Mahamadou Issoufou. Cette attitude du pouvoir ne semble pas envisager la possibilité de la victoire du candidat Hama Amadou. Le pouvoir n’a pas saisi le message de sa qualification au second tour. Son score et son rang suite au premier tour,  exprimaient certainement le désir d’une partie de la population qui peut aller grandissante, de sortir par la voie du suffrage, l’ancien Président de l’Assemblée nationale du bagne, pour le propulser à la gestion du pouvoir suprême. Ce sera un déshonneur pour le régime actuel de laisser que l’un des probables «Chef» d’Etat du pays, parte de la maison d’arrêt pour rejoindre le Palais présidentiel. Et cela est bien possible, étant donné que la majorité des partis de l’opposition, a promis de soutenir Hama Amadou.

Par ailleurs, le maintien en détention de l’adversaire du président sortant au second tour par le régime, peut susciter l’indignation de nombreux électeurs qui pourraient appliquer au candidat Mahamadou Issoufou, le vote-sanction. Lequel pourrait profiter au candidat-bagnard. Le pouvoir de Niamey doit faire gaffe, de subir la colère des électeurs qui pourraient sonner le glas de l’attitude d’indifférence des autorités face à un cas d’injustice ostentatoire. Il n’est pas question d’élargir Hama Amadou des faits qui lui sont reprochés, mais le contexte électoral actuel et l’absence jusqu’ici d’une décision de justice qui condamne expressément le candidat Amadou, devraient permettre de lui accorder des circonstances atténuantes. Mais  sa victoire au second tour de cette présidentielle peut  constituer pour lui,  un moyen de libération de du bagne et partant, une opportunité de réparation circonstancielle de l’injustice qu’il a subie de la part du régime de son adversaire, autrefois allié. Il y a donc lieu de se demander  ce que pourront devenir les membres du pouvoir actuel, si par la magie du scrutin, le candidat Amadou part de la maison d’arrêt  pour le palais présidentiel

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