Le Mouvement « Chrétiens pour changer le Monde » répond aux évêques

L’association « Chrétiens pour changer le monde » (CPCM), lors de sa réunion mensuelle du vendredi 26 février 2016, s’est penchée sur les incertitudes qui planent sur l’élection présidentielle prévue pour le 6 mars 2016, après un premier report pour cafouillages et défaillances dans l’organisation du scrutin.

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À l’occasion de cette rencontre, nous avons examiné la lettre pastorale de la conférence épiscopale du Bénin en date du 15 janvier 2016 et intitulée : « Sous le regard de Dieu _ Élection présidentielle 2016 ». En 4e de couverture, nous lisons ces mots « Miséricordieux comme le Père », en demi-cercle autour d’une image du bon pasteur qui ramène au bercail une brebis perdue. C’est dire que cette lettre pastorale porte le sceau du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde proclamé par notre ami le Pape François, et ne peut nous laisser indifférents, nous qui avons pour logo le retour du fils prodigue, un autre symbole de la Miséricorde qui nous est si chère.

La lettre épiscopale est une invitation à la conversion générale. En voici les rubriques qui en disent assez long sur le contenu : 1) Tout nous invite à la conversion  2) Se convertir, pourquoi ?  3) Qui doit se convertir ?  4) Comment se convertir ?  5) Dieu seul est Dieu !

Le point 2 énumère les maux qui nous minent : « c’est un certain état d’esprit pervers, générateur de pratiques et d’abord de conceptions sinon de convictions tout aussi pernicieuses. Une tradition du Mal ». Il y a « Le Mal culturel de l’égocentrisme », « Le Mal de l’argent », « Le Mal du pouvoir, perçu comme le pouvoir du mal », « Le Mal du mensonge public et privé » et enfin « Le Mal des retards administratifs et des défaillances dans l’organisation des élections ».

Au point 3, c’est tout le monde qui est appelé à la conversion, à commencer par « Nous aussi les Evêques » : « nous nous interrogeons sur nos prises de paroles publiques sur les questions sociopolitiques, nos relations avec les dirigeants de l’Etat, les partis et leaders politiques. Les réactions de nos fidèles laïcs tout comme celle de l’opinion publique constituent, chaque fois pour nous et tout le clergé, autant d’appels à plus de prudence, de réserve, d’impartialité, surtout en période électorale ».

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A la fin du point 4, nous avons à la page 20 la sous-rubrique « Pour qui voter ? » qui en 14 puces nous retrace le profil du bon présidentiable. Ces puces en disent long sur le point de vue auquel se placent nos évêques : « Avoir la crainte de Dieu et le respect du sacré », « Avoir le sens de responsabilité », … « Etre une personne de conviction, honnête, de bonne moralité, digne de confiance », etc.

Ceux qui viennent de nous gouverner pendant dix longues années étaient tous des gens qui proclamaient avoir la crainte de Dieu. Cela ne les a pas empêchés d’avoir la gestion scabreuse à laquelle nous avons eu droit. Avec l’argent sale, ils ont fragilisé les partis politiques, acheté la conscience des électeurs, discrédité les Autorités religieuses, divisé les familles (cf. la p. 6 de la lettre pastorale). Sans le droit et la possibilité de révoquer ceux que nous avons élus à des charges publiques, quand ils sont corrompus et disposent des biens publics comme bon leur semble, aucun espoir n’est permis.

On l’aura compris, pour nos évêques, tout le monde est responsable, tout le monde est coupable et tout le monde doit se convertir. Cela rappelle leur message de 1989. Surtout cela laisse le champ libre à l’impunité. C’est un tel discours qui protège les vrais responsables et les vrais coupables, une interprétation fallacieuse et partiale de la Miséricorde.

Il n’y a pas de miséricorde sans justice. La miséricorde, c’est l’option préférentielle pour les pauvres. La miséricorde, c’est la compassion avant tout pour les opprimés et les exploités, et non pour les puissants, les exploiteurs des petits et des faibles. Fondé sur l’impunité des crimes économiques et politiques, le système en place depuis 1990 et qu’on nomme « renouveau démocratique » a failli ! L’épouvantail du « regard de Dieu » et du jugement dernier  ne suffit pas pour empêcher les tenants du système en place de ruiner le pays en pillant sans retenue les biens publics. Pas de pardon sans sincère repentance ni réparation des torts. La miséricorde ne saurait être la porte ouverte à  l’impunité. « S’il se repent, pardonne-lui. » (Luc 17, v.3). A l’évidence, ne peut suffire le seul regret du mal qu’on a fait à autrui.

Ce qu’il faudrait ici et maintenant, c’est de prendre des fouets pour les chasser du Temple aux cris de : « 25 ans de corruption et de fraude, ça suffit ! », «A bas les institutions du renouveau démocratique qui ne jugent personne, qui sont conçues pour laisser impunis les pilleurs de l’économie nationale !». À défaut, c’est d’aller aux états généraux pour refonder la République sur des bases saines.

Cotonou, le 26 février 2016
Les participants au café-rencontre de CPCM

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